Comment peut-on tolérer que quelqu'un qui n'a commis aucun délit, si ce n'est de ne pas être en ordre de séjour, vive dans de telles conditions, au cachot, coupé de contacts sociaux[1] la plupart du temps depuis maintenant 14 jours. En quoi Youssef F. met-il en danger la sécurité? Le but n'est-il pas plutôt de casser la résistance morale d'un gréviste de la faim? D'éviter la contagion de la grève parmi d'autres personnes détenues?
Le Secrétaire d'Etat à la politique d'asile et d'immigration, Melchior Wathelet, est-il informé de telles pratiques? S'agit-il de nouvelles directives émanant de l'Office des Etrangers appliquées dans les différents centres fermés pour étrangers ? Rappelons, nous qu'en novembre 2006, des membres du personnel de Vottem avaient eux-mêmes dénoncé auprès des médias (article de Michel Bouffioux) cette pratique de l'isolement prolongé.
Lorsque nous avons posé des questions à propos de cet isolement prolongé, il nous a été répondu qu'il s'agissait d'exercer une surveillance médicale du gréviste de la faim, et qu'il ne s'agissait pas d'un isolement disciplinaire puisqu'il pouvait utiliser un téléphone et recevoir des visites, ce qui est effectivement le cas. Nous ne mettons d'ailleurs pas en cause le suivi médical, mais nous posons la question : pourquoi n'est-il pas dès lors dans l'aile médicale?
Nous considérons qu'il s'agit bien d'un régime de détention différencié et d'une sanction déguisée par rapport à la grève de la faim. Les recommandations du CPT, adressées au gouvernement fédéral, celui qui est toujours en place..., ne sont nullement suivies d'effet.
Par sa grève de la faim, Youssef F. a posé un choix, qui lui est personnel, lié à l'impossibilité du retour dans son pays d'origine. Il lui en coûte, une grève de la faim engendre beaucoup de souffrances; l'isolement ajoute encore beaucoup à ces souffrances.
Nous demandons l'avis du Secrétaire d'Etat et une discussion au Parlement sur de telles pratiques. Une question parlementaire sera posée à ce sujet par Eric Jadot, parlementaire Ecolo.
Nous voulons aussi faire savoir que l'état de santé de Youssef F. exclut toute tentative de rapatriement.
Enfin nous nous inquiétons des nombreuses opérations policières en cours, qui ressemblent fort à une traque des sans - papiers. Celle-ci s'intensifie au fil du temps, depuis l'automne 2010, après l'opération de régularisation concrétisée par le dépôt de dossiers entre le 15 septembre et le 15 décembre 2009.
Pour le CRACPE,
France Arets
COLLECTIF DE RESISTANCE AUX CENTRES POUR ETRANGERS (C.R.A.C.P.E.)
B.P.246 Liège 2 4020 Liège
Permanence téléphonique: 04. 232 01 04 de lundi à vendredi 17H- 18H30.