L'Ukraine. Il y a eu violation de la souveraineté territoriale de l'Ukraine mais également violation de l'intégrité territoriale ukrainienne. L'ingérence russe dans les affaires ukrainiennes (tout comme l'ingérence occidentale) est à condamner, mais dans ce cas-là, la Russie use de la contrainte et de la force armée : la Charte des Nations Unies prohibe l'usage de la force armée (article 2§4). Par ailleurs, il est intéressant de noter que le retournement de situation spectaculaire dans le Donbass au cours de l'été intervient après que la Russie ait déployé des troupes (et qu'on nous rapporte alors des enterrements discrets de soldats russes tués, sources russes) : avant cette ingérence physique dans le Donbass, l'armée ukrainienne avait repris Slaviansk, Marioupol et d'autres villes de la région, et commençait à libérer Donetsk et à la couper de la frontière russo-ukrainienne. C'en était presque fini des milices pro-russes qui étaient cantonnées dans les deux villes de Donetsk et Lougansk. Donc il y a sûrement eu une intervention militaire russe, certes plutôt discrète par rapport à la Géorgie, mais une intervention tout de même.
Le déploiement de troupes russes en Crimée et aussi dans le Donbass est donc tout aussi contraire au droit international.
Le référendum en Crimée est tout sauf démocratique : présence de militaires russes (les militaires ukrainiens étant consignés dans leurs casernes, il y a eu des morts côté ukrainien), présence de miliciens pro-russes (les Ukrainiens et les Tatars n'étaient pas constitués en milices et ont d'ailleurs boycottés le suffrage), limitation de la liberté de la presse et de la liberté d'expression (ne visant que les médias et populations pro-ukrainiennes), scrutin anti-démocratique, menaces contre les opposants, ... Je reste néanmoins persuadé que la majorité des Criméens être rattachés à la Russie (au moins 60%), mais qualifier le référendum de "démocratique" reste une vaste blague (même si démocratie et droit international, c'est très différent).
D'ailleurs, d'après l'affaire Activités militaires et paramilitaires au Nicaragua et contre celui-ci (27 juin 1986) entre les Etats Unis et le Nicaragua, le soutien à une insurrection est contraire au droit international - les Etats Unis étaient alors visées dans cette affaire. Cela a été rappelé en 2005 dans l'affaire Activités armés sur le territoire du Congo. Je ne vois pas en quoi la Russie échapperait à cette règle, d'autant qu'elle soutient physiquement l'insurrection pro-russe.
En résumé, la Russie a violé un paquet de règles internationales que ce soit en Crimée ou dans le Donbass. Comme beaucoup d'autres grandes puissances (mais également d'autres petits pays, l'Ouganda et le Rwanda étaient visés dans l'arrêt de 2005), mais cela ne justifie en rien le comportement de la Russie dans cette affaire. Amusant d'ailleurs de voir les pro-russes parler "d'impérialistes, d'extrême droite et de nazis" quand on voit les méthodes de la Russie impérialiste et du tsar Vladimir Poutine