confirmation
le succès d'Obama pourrait tourner au chemin de croix
L'accord signé doit maintenant être ratifié par le Congrès. Mais c'est loin d'être gagné. Les républicains sont vent debout et les démocrates, perplexes.
L'accord signé à Vienne entre l'Iran et les cinq membres permanents du Conseil de sécurité plus l'Allemagne sera, s'il est ratifié, le grand succès – et probablement le seul – des deux mandats sans grande consistance de Barack Obama. Le président démocrate y tenait tellement qu'il avait, dès son arrivée à la Maison-Blanche, en 2008, fixé cette perspective d'un retour de l'Iran dans la communauté des nations. Aussi, rien d'étonnant à ce que, après dix-sept jours d'une négociation finale marathon, Obama ait salué par deux fois le compromis intervenu. En prévision d'une bataille parlementaire difficile pour la ratification de l'accord.
La première de ses interventions, au ton triomphant, était destinée au peuple américain et au reste du monde. Elle a d'ailleurs été – geste inouï pour des mollahs qui, la veille encore, conspuaient l'Amérique – diffusée intégralement par la télévision iranienne.
« Ils tricheront »
La seconde, mercredi soir, était beaucoup plus pugnace et à destination des deux ennemis affichés – et d'ailleurs désignés par lui – de l'accord sur le nucléaire : les républicains du Congrès et le Premier ministre israélien, Netanyahu. Lors de ces 67 minutes de conférence de presse, le président américain a déroulé son argumentaire simple, sinon simpliste : pour empêcher l'Iran d'avoir l'arme nucléaire, a déclaré en substance le président, il n'y avait que deux solutions. Soit la voie de la diplomatie et donc d'un accord, soit celle de la guerre. Une affirmation immédiatement contredite par le représentant républicain de New York, Lee Zeldin : « Il y avait une alternative à la guerre et à l'accord tel qu'il a été signé, c'était un accord plus sûr. »
Dans le camp républicain, ils sont légion à être déjà partis en guerre contre la ratification du texte signé à Vienne qui doit intervenir 60 jours après sa transmission aux élus. Tel Marco Rubio, le sénateur de Floride candidat à la primaire républicaine qui a lancé une pétition sur Internet pour torpiller l'accord. Ou encore Rick Santorum, autre candidat à la Maison-Blanche. Pour lui, on ne peut faire confiance à un négociateur qui n'a jamais cessé de trahir les obligations auxquelles il s'était engagé. « Ils tricheront, renchérit Bob Corker, président de la commission des Affaires étrangères du Sénat. Un centimètre à la fois, ils tricheront, et au bout du compte, ils auront la bombe. »
Perplexité démocrate
Plus inquiétants pour Obama, les lobbies pro-israéliens, comme le AIPAC, capables de lever des millions de dollars pour une campagne de dénigrement, sont en train de se mobiliser. Et donc de poser un dilemme à bon nombre d'élus démocrates dont les électeurs se recrutent plutôt dans la communauté juive. À l'heure du choix, qui sait s'ils soutiendront Obama, un président en fin de course, qui ne peut guère les aider.
Si, dans soixante jours, les deux chambres du Congrès rejettent à la majorité simple l'accord signé si difficilement à Vienne, Obama a annoncé qu'il utiliserait le droit de veto que lui donne la Constitution. Mais cet acte d'autorité du président peut être annulé par une majorité des deux tiers du Congrès.
C'est peu probable, mais pas impossible compte tenu de la mobilisation des républicains et surtout de la perplexité de beaucoup d'élus démocrates.
Leur championne probable à l'élection présidentielle de 2016, Hillary Clinton, ancienne secrétaire d'État d'Obama et donc parfaitement au fait des dessous de la négociation sur le nucléaire, ne vient-elle pas, elle aussi, de porter un coup terrible à celui qu'elle a servi pendant quatre ans en déclarant au cours d'un meeting dans le New Hampshire : « Est-ce que je fais confiance à l'Iran ? Absolument pas. »
http://www.lepoint.fr/editos-du-poi...852#xtor=EPR-6-[Newsletter-Matinale]-20150721
mam