Salamun aleykum. Il est incorrect de parler de réforme. Adnan Ibrahim est un palestinien, et son engagement, légitime, est à lier avec sa propre conjoncture socio-politique.
D'avantage qu'une recherche de réforme, qui soutend l'idée que l'islam original serait caduque, il faudrait parler de tajdid ou de retours aux origines...
Cela peut sembler choquant, voire dangereux pour les personnes qui ignorent l'histoire de l'islam, et sans doute rebuter certaines personnes plus ou moins informées sur ce sujet : mais le souci avec l'islam ne vient pas des textes fondateurs, mais de son amalgame avec tout ce qui a été construit sur et autours des textes fondateurs.
En effet, quelle part de l'islam se fonde concrètement sur un verset explicite du Saint-Coran ou sur des hadiths incontestés par l'ensemble des spécialistes du hadith ? Combien d'entre les fidèles sait que presque l'entièreté des ijtihadat et fatawa qui sont qualifiés de charaiques sont danni ?
D'autres parts, il est incontestable qu'une contextualisation de la pratique de l'islam en fonction de notre époque et de nos sociétés est plus que nécessaire ! Rappelons-nous qu'à peine quelques décennies après le Messager (Paix sur lui) des fidèles s'étonnaient devant l'Imam Malik de sa divergence avec l'Imam Layth ibn Sa'd, le savant de Médine répliquait déjà qu'il ne connaissait pas la situation en gypte. Et que par conséquent, il ne pouvait pas juger des avis de l'Imam Layth !
Le fait de prendre en considération le contexte des sociétés dans la pratique de l'islam est l'une des particularités fondamentales de l'islam des origines.
Par exemple, lors du traité de Hudaybiya, le Messager a permis aux apostats de rejoindre la Mecque, au péril de les retrouver armés contre Médine après la trève. On rapporte qu'Umar ibn al Khattab a suspendu l'amputation de la main des voleurs, en raison d'une forte disette en justifiant cela par le fait qu'une fois les récoltes meilleures, on se retrouverait avec un grand nombre de personnes estropiées.
Par conséquent, d'avantage qu'à une réforme, il faudrait épurer l'islam originel et le relire depuis nos sociétés actuelles pour le pratiquer de la façon la plus juste. Car, cela fait partie de la souplesse originelle de l'islam d'avant la fitna et d'avant l'émergence du kharéjisme, du mutazalisme et des mouvements hétérodoxes qui ont conduit sous Harun al Rachid à figer l'islam, et à conduire celui-ci à ne plus intégrer et prendre en considération le contexte et les contraintes spécifiques aux conventions internationales, à la conjoncture économico-politique actuel.
Wallahu a'lam.