Des avis non négligeables militent pour qu'on ne fasse surtout rien en Syrie. Au contraire de l'opinion dominante en Occident. Explications.
Edward Luttwak est un des meilleurs experts stratégiques américains. Lui qui a travaillé avec Kissinger et conseillé Reagan reste, même sous la présidence d'Obama, un spécialiste que l'on ne néglige pas lorsqu'il s'exprime, ce qu'il fait rarement. Or il vient de publier dans un édtorial qui est appelé à faire grand bruit, au moment où toute la presse ne parle que d'intervention imminente et des options militaires que les généraux américains viennent de proposer à Obama pour la Syrie.
L'idée de Luttwak est simple : quel que soit le camp qui l'emportera dans la guerre civile syrienne, l'Amérique y perdra, et l'Occident tout entier avec elle. À ce stade du conflit, il vaut donc mieux ne pas s'en mêler. Certes, écrit-il, si Assad finit par l'emporter, ce sera désastreux. Pas seulement au regard des massacres qu'il aura dû commettre pour cela, y compris en ayant recours aux armes chimiques, mais parce que cela sera le triomphe de l'Iran, grâce à son argent, ses armes et ses troupes, par Hezbollah interposé. Et la présence massive au Liban de ces bataillons de fondamentalistes chiites inféodés à Téhéran, s'ils étaient victorieux en Syrie, deviendrait un réel danger pour les monarchies sunnites du Golfe et même pour Israël.
La seule position raisonnable...
Mais l'hypothèse inverse n'est guère plus encourageante : si les rebelles renversent le régime Assad, leurs troupes disparates et souvent affiliées à al_Qaida installeront leurs barbus à Damas. Et avec eux un pouvoir islamiste qui ne cache nullement sa vocation prosélyte par tous les moyens, y compris le terrorisme. On a déjà vu au Mali ce que pouvaient donner des djihadistes victorieux en Libye, rêvant de conquête sur des pays islamistes modérés. Avec tous les fanatiques décervelés par des prêcheurs qui ont accouru de partout, y compris de France, pour aider la rébellion syrienne, la menace terroriste contre ceux qu'ils appellent "les croisés" est garantie, s'ils l'emportent, lorsqu'ils reviendront au pays.
La seule position raisonnable, poursuit Luttwak, est donc de laisser les protagonistes régler leurs problèmes entre eux, en aidant discrètement la rébellion quand elle perd du terrain, et au contraire d'arrêter les livraisons et de freiner ses offensives quand elle reprend l'avantage. "Ceux qui reprochent aujourd'hui à Obama une passivité empreinte de cynisme doivent s'interroger sur la seule alternative à cette attitude que l'on peut juger attentiste : c'est une opération militaire massive pour neutraliser à la fois les troupes d'Assad et les rebelles qui le combattent. Suivie évidemment d'une occupation prolongée de la Syrie par des troupes étrangères." Mais cette hypothèse, conclut Luttwak, aucun Américain ne voudra jamais en entendre parler.
En dépit de l'horreur que suscite partout l'abominable utilisation, par Bachar el-Assad, d'armes de destruction massive contre des civils, il est douteux que, sur ce point, la position des Français et des autres Européens soit différente de celle des Américains.
http://www.lepoint.fr/editos-du-poi...tre-eux-27-08-2013-1718226_55.php#xtor=CS1-31
Edward Luttwak est un des meilleurs experts stratégiques américains. Lui qui a travaillé avec Kissinger et conseillé Reagan reste, même sous la présidence d'Obama, un spécialiste que l'on ne néglige pas lorsqu'il s'exprime, ce qu'il fait rarement. Or il vient de publier dans un édtorial qui est appelé à faire grand bruit, au moment où toute la presse ne parle que d'intervention imminente et des options militaires que les généraux américains viennent de proposer à Obama pour la Syrie.
L'idée de Luttwak est simple : quel que soit le camp qui l'emportera dans la guerre civile syrienne, l'Amérique y perdra, et l'Occident tout entier avec elle. À ce stade du conflit, il vaut donc mieux ne pas s'en mêler. Certes, écrit-il, si Assad finit par l'emporter, ce sera désastreux. Pas seulement au regard des massacres qu'il aura dû commettre pour cela, y compris en ayant recours aux armes chimiques, mais parce que cela sera le triomphe de l'Iran, grâce à son argent, ses armes et ses troupes, par Hezbollah interposé. Et la présence massive au Liban de ces bataillons de fondamentalistes chiites inféodés à Téhéran, s'ils étaient victorieux en Syrie, deviendrait un réel danger pour les monarchies sunnites du Golfe et même pour Israël.
La seule position raisonnable...
Mais l'hypothèse inverse n'est guère plus encourageante : si les rebelles renversent le régime Assad, leurs troupes disparates et souvent affiliées à al_Qaida installeront leurs barbus à Damas. Et avec eux un pouvoir islamiste qui ne cache nullement sa vocation prosélyte par tous les moyens, y compris le terrorisme. On a déjà vu au Mali ce que pouvaient donner des djihadistes victorieux en Libye, rêvant de conquête sur des pays islamistes modérés. Avec tous les fanatiques décervelés par des prêcheurs qui ont accouru de partout, y compris de France, pour aider la rébellion syrienne, la menace terroriste contre ceux qu'ils appellent "les croisés" est garantie, s'ils l'emportent, lorsqu'ils reviendront au pays.
La seule position raisonnable, poursuit Luttwak, est donc de laisser les protagonistes régler leurs problèmes entre eux, en aidant discrètement la rébellion quand elle perd du terrain, et au contraire d'arrêter les livraisons et de freiner ses offensives quand elle reprend l'avantage. "Ceux qui reprochent aujourd'hui à Obama une passivité empreinte de cynisme doivent s'interroger sur la seule alternative à cette attitude que l'on peut juger attentiste : c'est une opération militaire massive pour neutraliser à la fois les troupes d'Assad et les rebelles qui le combattent. Suivie évidemment d'une occupation prolongée de la Syrie par des troupes étrangères." Mais cette hypothèse, conclut Luttwak, aucun Américain ne voudra jamais en entendre parler.
En dépit de l'horreur que suscite partout l'abominable utilisation, par Bachar el-Assad, d'armes de destruction massive contre des civils, il est douteux que, sur ce point, la position des Français et des autres Européens soit différente de celle des Américains.
http://www.lepoint.fr/editos-du-poi...tre-eux-27-08-2013-1718226_55.php#xtor=CS1-31