Je m'excuse mais il n'y a pas plus urgent en Algérie que le tourisme?
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Ils sont une centaine à être contaminés et une dizaine à être condamnés à rester à lhôpital parce quaucune pouponnière ne veut deux, en dépit de ce que dit la loi. Une association dénonce.
Yanis a 5 ans. Cest un enfant gai et vif. Mais personne ne veut de lui. Né à Alger en 2007, il suit sa mère, séropositive, à lhôpital spécialisé en maladies infectieuses, Laâdi Flici (ex-El Kettar), quand sa santé se dégrade. Quelques jours plus tard, la maman décède. Son père décède à son tour. Depuis, Yanis vit au service pédiatrique du même hôpital. Personne ne veut de lui, ni ses oncles et tantes ni les pouponnières. Il a une chambre, un lit, la télévision, des jouets, une Playstation, des vêtements neufs
mais pas une famille. Ils sont 159 enfants à être nés en Algérie, comme lui, séropositifs, depuis 2003.
Ces enfants, dont les parents sont décédés suite au VIH, se battent seuls aujourdhui contre leur maladie et surtout contre lindifférence de la société. Ils sont, en effet, une dizaine à léchelle nationale, abandonnés dans des hôpitaux et que des pouponnières refusent dadmettre parce quils sont séropositifs. Médicalement, Yanis a besoin dun contrôle une fois par trimestre. Cest un enfant normal dans la mesure où il nest pas alité. «Il est impossible de répondre dabord aux exigences du dossier, comme le certificat de résidence ou la poursuite de sa scolarité et ses déplacements quotidiens», affirme-t-on auprès de lassociation. Sa présence à lhôpital na pas lieu dêtre, mais aucune pouponnière ne la accepté. Léquipe médicale prend alors la décision de porter laffaire devant le procureur de la République. Voilà trois ans que le dossier est en justice, sans aucune suite. Lassociation cherche également, sans succès, une famille daccueil.
Pas contagieux
«Dans la mesure où ces enfants ne nécessitent pas une hospitalisation et sont sans famille, les pouponnières doivent ouvrir leurs portes sans condition, souligne maître Fatma Zohra Benbraham. Privés de famille, ils deviennent systématiquement pupilles de la nation. Ces enfants doivent être placés dans les structures de lEtat sans aucune entrave. Les médecins doivent seulement expliquer quil ne sagit pas dune maladie contagieuse, mais transmissible. Compte tenu de la crainte de certaines pouponnières, lEtat pourrait, en revanche, suggérer la spécialisation de quelques nurserys pour ces enfants malades.»
Pour Nawal Lahouel, présidente de lassociation El Hayet, il est impératif de «changer de mentalité et savoir que le VIH est seulement transmissible mais pas contagieux. Sans cela, nous ne pourrons jamais atteindre le but tracé dici 2015. La campagne quon mène actuellement vise zéro contamination. LUnicef pense que dici 2015, les enfants du monde entier naîtront sans VIH et que leurs mamans pourraient survivre. Ces enfants ont le droit de mener une vie normale, à linstar des autres. Il faut savoir que 90% des femmes en Algérie ont été contaminées dans un cadre légitime.» Si son affaire nest pas tranchée par la justice dici septembre prochain, Yanis risque de ne pas connaître les bancs de lécole.
Nassima Oulebsir