«La parole se libère»
Ces défis socio-économiques s'inscrivent dans un climat de grande déception face à la lenteur des réformes entreprises dans un royaume, qui ne dispose ni de parlement élu, ni de partis politiques, et où les manifestations sont interdites. Or récemment à Djeddah, la cité portuaire sur la mer Rouge, de petits groupes de Saoudiens sont descendus dans les rues pour protester contre l'impéritie du gouvernement face aux inondations, qui ont endommagé plus de 20.000 maisons. Le très conservateur prince Nayef, ministre de l'Intérieur, a même menacé de punir les responsables de la débâcle. Lundi, «la parole se libère», rapporte un homme d'affaires français de retour de Riyad, la capitale. «À la salle de gym de mon hôtel ou même à l'aéroport, des Saoudiens m'ont ouvertement parlé des révoltes en Tunisie et en Égypte. Et la corruption n'est plus un sujet tabou», ajoute-t-il.
Dimanche, dans une lettre ouverte, une centaine d'intellectuels ont demandé au roi d'engager des réformes politiques en vue d'accorder aux Saoudiens une plus grande voix au chapitre. Mais à 87 ans, le souverain convalescent n'a sans doute guère envie de bousculer un échiquier familial, plus que jamais soumis aux tensions. Outre les problèmes nés d'une succession incertaine qui aiguise les appétits, de jeunes princes poussent Abdallah à injecter du sang neuf en remaniant son gouvernement. Les principaux portefeuilles sont aujourd'hui détenus par ses demi-frères, Sultan, ministre de la Défense et héritier du trône, âgé de 83 ans et lui aussi malade, et Nayef, à l'Intérieur, 79 ans.
Ces divisions affecteraient également la gestion de la crise, qui secoue le royaume voisin de Bahreïn