Les sommes senvolent, et senflent : 800 millions de dollars à gauche, 1,3 milliard à droite... La fortune supposée cachée de Yasser Arafat alimente toutes les spéculations, variant selon les sources. Lacrimonie des rapports entre Souha Arafat et la relève palestinienne * dont le Premier ministre Ahmed Qoreï * est sous-tendue par cette question centrale : qui en prendra le contrôle ?
Réfugié à Londres, non loin de Hyde Park, à louest de la ville, un vieux comparse dArafat, devenu son adversaire, puis sa victime, remâche sa colère. Jaweed al-Ghussein, 74 ans, fut pendant douze ans le trésorier du Fonds national palestinien, loutil financier et secret de lOLP, et le témoin partiel des versements abondants des monarchies du Golfe et des autres soutiens de lOLP, comme Saddam Hussein.
Il confiait au Times, lété dernier, avoir fait pendant des années et chaque mois un chèque de 10 millions de dollars à Arafat, pour soutenir les familles des morts au combat et des martyrs, ou financer larmement, sans savoir où allait largent. En 1996, il rue dans les brancards, critiquant le vieux patriarche pour ses méthodes clientélistes. Mal lui en prend. A deux reprises, il sera détenu à Gaza. Depuis 2002, le vieil homme vit à Londres, réduit au rôle dimprécateur.
« 900 millions de dollars détournés vers un compte personnel contrôlé par Yasser Arafat »
A partir de la signature des accords dOslo, en 1993, une autre mécanique se met en place. Les parrains des accords de paix * Europe et Etats-Unis notamment * vont soutenir la construction progressive de lautonomie palestinienne, avec force dons. Il ny a pas dorganisation administrative. Mais, vite, beaucoup de rumeurs. En 1999, un expert européen dénonce la fraude. Yasser Arafat commence à comprendre quil va devoir donner des gages. Dès 2000, le représentant local du Fonds monétaire international, Salem Fayyad, un Palestinien formé aux Etats-Unis, qui a la confiance de Washington et une totale réputation dintégrité, tape lui aussi sur la table. Sous la pression internationale, le leader palestinien embauchera Fayyad comme ministre des Finances en 2002. Les secrets commencent à être dévoilés. Il faudra attendre le 20 septembre 2003 pour quun diagnostic écrit soit donné par le FMI. Lors de la conférence de presse de présentation du rapport, qui se tient à Dubaï (Emirats arabes unis), Karim Nashashibi, le représentant du FMI pour Gaza et la Cisjordanie, est interrogé ironiquement par un journaliste : « Vous avez mentionné, plus ou moins en passant, que vous avez découvert que près de 900 millions de dollars ont été détournés du budget vers un compte personnellement contrôlé par Yasser Arafat. (...) Cet argent a-t-il été mal utilisé ? » Malaise de Nashashibi, et réponse brève : « La plus grande partie de largent a été investie dans des actifs palestiniens, locaux ou à létranger. (...) LAutorité palestinienne était impliquée dans 69 activités commerciales, en Palestine et à létranger. » De fait, cest toute lambiguïté des gros titres sur la « fortune » dArafat. Chef de clan, chef de guerre, patriarche, parrain, il est tout cela, mais ne ressemble en rien aux richissimes dictateurs africains qui accumulent villas de luxe et limousines pour leur seul bénéfice personnel : chez lui, cela prend des allures de caisse noire.
Réfugié à Londres, non loin de Hyde Park, à louest de la ville, un vieux comparse dArafat, devenu son adversaire, puis sa victime, remâche sa colère. Jaweed al-Ghussein, 74 ans, fut pendant douze ans le trésorier du Fonds national palestinien, loutil financier et secret de lOLP, et le témoin partiel des versements abondants des monarchies du Golfe et des autres soutiens de lOLP, comme Saddam Hussein.
Il confiait au Times, lété dernier, avoir fait pendant des années et chaque mois un chèque de 10 millions de dollars à Arafat, pour soutenir les familles des morts au combat et des martyrs, ou financer larmement, sans savoir où allait largent. En 1996, il rue dans les brancards, critiquant le vieux patriarche pour ses méthodes clientélistes. Mal lui en prend. A deux reprises, il sera détenu à Gaza. Depuis 2002, le vieil homme vit à Londres, réduit au rôle dimprécateur.
« 900 millions de dollars détournés vers un compte personnel contrôlé par Yasser Arafat »
A partir de la signature des accords dOslo, en 1993, une autre mécanique se met en place. Les parrains des accords de paix * Europe et Etats-Unis notamment * vont soutenir la construction progressive de lautonomie palestinienne, avec force dons. Il ny a pas dorganisation administrative. Mais, vite, beaucoup de rumeurs. En 1999, un expert européen dénonce la fraude. Yasser Arafat commence à comprendre quil va devoir donner des gages. Dès 2000, le représentant local du Fonds monétaire international, Salem Fayyad, un Palestinien formé aux Etats-Unis, qui a la confiance de Washington et une totale réputation dintégrité, tape lui aussi sur la table. Sous la pression internationale, le leader palestinien embauchera Fayyad comme ministre des Finances en 2002. Les secrets commencent à être dévoilés. Il faudra attendre le 20 septembre 2003 pour quun diagnostic écrit soit donné par le FMI. Lors de la conférence de presse de présentation du rapport, qui se tient à Dubaï (Emirats arabes unis), Karim Nashashibi, le représentant du FMI pour Gaza et la Cisjordanie, est interrogé ironiquement par un journaliste : « Vous avez mentionné, plus ou moins en passant, que vous avez découvert que près de 900 millions de dollars ont été détournés du budget vers un compte personnellement contrôlé par Yasser Arafat. (...) Cet argent a-t-il été mal utilisé ? » Malaise de Nashashibi, et réponse brève : « La plus grande partie de largent a été investie dans des actifs palestiniens, locaux ou à létranger. (...) LAutorité palestinienne était impliquée dans 69 activités commerciales, en Palestine et à létranger. » De fait, cest toute lambiguïté des gros titres sur la « fortune » dArafat. Chef de clan, chef de guerre, patriarche, parrain, il est tout cela, mais ne ressemble en rien aux richissimes dictateurs africains qui accumulent villas de luxe et limousines pour leur seul bénéfice personnel : chez lui, cela prend des allures de caisse noire.