Le SMIC est-il une entrave à la liberté individuelle ? Parmi la multitude de chômeurs qui existent, il y en a bien quelques-uns qui acceptent de travailler pour 2 fois ou 3 fois moins que le SMIC, va-t-on contre les libertés quand un État décide d'un salaire minimum ? Le libéralisme économique que je connais répond oui à cette interrogation, et affirme une volonté affichée de supprimer le salaire minimum.
Oui, c’est une entrave, autant pour le patron que pour le chômeur.
La réponse est en deux parties, la premières donnera des boutons, mais il faut faire l’effort de la lire quand‑même. La deuxième partie est une réponse à une question qui se cache derrière ta question, mais il ne faut pas sauter à celle‑ci directement, il faut lire la première partie avant.
Partie 1 de la réponse.
Pour comprendre la réponse « Oui », tu dois te mettre dans la peau d’un entrepreneur. Comment tu fais pour garantir un salaire à hauteur du SMIC ? Si tu ne peux pas, tu n’embauche pas, c’est tout (et éventuellement, la boite coule faute de personnel, et là c’est sûr qu’il n’y aura plus personne à embaucher).
Il y a les gens qui disent « Wé, mais les patrons y z’on qu’à ». Ben alors qu’ils fassent pour donner l’exemple… mais justement, ils ne le font pas, parce que dire « les autres y z’ont qu’à », c’est plus facile que de faire.
Comme les chômeurs et les employés sont plus nombreux que les patrons, on entend plus souvent la voix des employés et des chômeurs. Mais comme la réalité est ce qu’elle est, quoiqu’en disent les discours, les actes passent par les employeurs, parce que ce sont eux qui donnent le travail (ou pas) aux chômeurs, pas les discours. Le résultat, c’est que les uns parlent de ceux qui agissent, et ceux qui parlent restent dans le discours en ignorant les réalités des actes, et ceux qui agissent, ne tiennent pas compte des discours parce qu’on ne fait pas les choses qu’avec des discours.
Décrété un salaire, c’est bien gentil, mais comment on paie le salaire ? Avec des crédits ? En jouant au loto ? Voilà la question que se pose un patron mais que ne se pose pas quelqu’un qui dit « y a qu’à faire une loi qui impose aux patrons ».
Le problème de la politique, c’est que tout le monde se prend pour ne nombril du monde, autant les patrons que leurs employés. Le patrons est souvent incapable de se mettre dans la peau de l’employé, et l’employé est typiquement incapable de se mettre dans la peau du patron.
Partie 2 de la réponse.
Tu parles de libéralisme économique, et c’est la clé du problème ici, pas le libéralisme. Le libéralisme économique n’est pas une solution, il est un problème, et le sujet est sur le libéralisme, tout court, pas sur le libéralisme économique, qui élude une partie de la réalité, et n’est pas viable pour cette raison.
On peut rependre la question autrement : Le SMIC est une entrave qui empêche les employeurs de prendre un salarié (sachant qu’un employeur peut être un ex‑chômeur au passage !), mais il faut bien un revenu suffisant pour avoir des conditions de vie correctes et il n’est pas normal de faire un nombre excessif d’heures pour un salaire insuffisant.
Le libéralisme économique (qui n’est pas du libéralisme, voir plus bas) ne peut pas le dire, mais le libéralisme (tout court) le peut :
Un nouveau modèle économique : le revenu de base.
Le libéralisme économique n’est d’ailleurs même pas reconnu par les libéraux je crois, et il semble que c’est un terme plus ou moins inventé par les anti‑libéraux pour désigner une chose dont ils accusent le libéralisme. Le couper en deux pour parler de libéralisme économique et libéralisme politique en distinguant les deux, c’est comme parler d’écologie économique et d’écologie politique au lieux de parler d’écologie tout‑court, c’est assez bizarre. Vu que le libéralisme parle de l’état et de son rôle, je ne vois pas comment on peut parler d’un libéralisme économique, parce que ça exclu l’état, alors ça n’a pas de sens. On ne peut pas souligner les domaines et limites des compétences de l’état et l’exclure en même temps; c’est pour ça que l’expression est suspecte.
Je crois qu’il existe des choses à propos de cette confusion (volontaire ?). Je chercherai et je posterai ici.
Un système de sécurité sociale est il une entrave aux libertés ? Pour le libéralisme économique, c'est une entrave aux libertés individuelles et donc il faut laisser à chacun de s'assurer comme il le souhaite voire dans l'extrême de ne pas s'assurer.
Le sujet ne parle pas du libéralisme économique (voir plus haut), mais du libéralisme tout court, qui n’élude pas son environnement et qui n’exclut par l’état.
Sur la sécurité sociale, il y a plusieurs options possibles pour garantir la liberté de choix sans laisser quelqu’un sans couverture, mais ça mériterait un sujet fleuve à lui tout‑seul, et ce n’est pas le sujet ici.
Si la théorie est bien jolie,
Tout les système non‑libéraux (qu’ils soient dirigistes ou autoritaires) finissent par exploser parce qu’ils sont invivables et handicapants et croient en un citoyen « standard » qui n’existe pas et n’est qu’un mythe (les gens, surtout les filles, qui subissent l’islamophobie ne pourront pas dire le contraire).
Ce n’est pas de la théorie, c’est de la pratique.
Les systèmes dirigistes ont du succès dans l’esprit des gens (et seulement dans leur esprit), parce qu’il est facile de croire qu’on peut imposer sa volonté à tout le monde en film dans sa tête, genre « ah si tout le monde était comme moi », « ah si tout le monde faisait comme je dis », « fait comme je te dis, et si ça rentre pas dans ta tête, je taperai et ça finira par rentrer », etc, mais en pratique, ça ne fonctionne jamais bien comme ça, et on doit compte de la réalité. Le dirigisme finit par tout bloquer dans le meilleur des cas, et dans le pire des cas, il fini par devenir autoritaire, par le seul fait que pas tout le monde ne vie de la même manière ni ne veut la même chose. On est pas des robots, et les plupart du temps, les gens savent mieux faire les choses eux‑mêmes (eux = individus ou communautés) que des gens qui sont soit‑disant là pour penser et agir pour eux, et qu’on peut attendre longtemps, vu qu’ils ont autant d’inertie que des boulets de plombs et s’assoient sur les privilèges de leur statut.
Je ne répond pas au reste, ce n’est pas par mépris, c’est parce que la réponse est la même que plus haut, à propos du libéralisme économique (qui n’est pas le sujet et qui est un non‑sens, sauf si on confond libéralisme et libertarianisme).
P.S. J’ai liké pour l’intérêt des questions de ton message, pas pour les affirmations que tu y fais.