J'ai regardé les parties 1-2-3 (et apparemment une version pas encore montée parce que ça dure 3 heures déjà).
L'idée de départ était bonne, dénoncer un fléau, toussa toussa. Donc on part de là, un réalisateur qui cherche à dénoncer la prostitution au Maroc, le tourisme sexuel à Marrakech, la vie brute et difficile des prostituées, tout ça avec un langage cru.
Au niveau des points positifs, je trouve que le jeu des acteurs n'est pas mauvais (sauf Randa), j'ai même apprécié le jeu de Loubna Abidar qui interprète bien son rôle. Elle est certes dans l'extrême mais si on veut caricaturer un personnage, c'est bien dans un film qu'on peut le faire.
J'ai aimé le fait qu'il mette 3 personnalités différentes l'une à côté de l'autre, qu'on découvre des aspects "différents" de la vie de prostituée.
Points négatifs : tout le reste. En le visionnant, j'ai plus eu l'impression que Nabil Ayouch essayait de se faire une place dans le monde des réalisateurs reconnus par l'Occident pour dénoncer de façon crue ce qu'il voit, la sexualité débridée qui existe dans une société tabou. Et c'est tout.
Les seules ébauches de dénonciations intelligentes que j'ai vu, c'est 1 : la scène avec le travesti où ils offrent à manger à un enfant et qu'ils évoquent le problème des français qui viennent se taper des gosses au Maroc ; 2 : la scène où Loubna Abidar retourne chez elle où on accepte son argent mais qu'on la traite comme une paria/la situation avec sa soeur ; 3 : les français en boîte qui crient qu'ils sont chez eux.
On a aucune idée de comment elles sont tombées là dedans (on s'en doute un peu avec Randa mais rien d'exceptionnel), le chauffeur, le flic, l'histoire d'amour de Soukaina, bref y avait mille trucs à exploiter et au final, on voit une accumulation de scènes clairement pornographiques qui n'apportent rien au film. Suggérer aurait suffit.
Si encore ces scènes étaient des scènes de violence par exemple dans le sens où on montre les conditions déplorables de "travail" des prostituées, je veux bien comprendre l'intérêt de montrer ça. Mais là, il n'y a aucune valeur ajoutée ni aucune dénonciation là-dedans.
J'ai aussi eu l'impression que Nabil Ayouch a essayé de faire entrer un maximum de sujets dans le film, que le personnage de Randa était uniquement là pour ajouter un cliché de plus, histoire de montrer qu'un réalisateur marocain peut être ouvert.
Dernier point : l'hypocrisie de certains et notamment de Nabil Ayouch : le Maroc est de culture arabo-musulmane, ces images sont particulièrement choquantes et ils le savent. Donc qu'ils ne viennent pas oser se plaindre après. Être aussi trash va plus desservir la cause qu'autre chose et braquer les gens plutôt que de leur faire comprendre qu'il faut se battre contre ce fléau. Je n'irais pas jusqu'à dire que ce film fait la promotion de la prostitution mais il ne décourage pas spécialement les filles.
A voir si la fin remonte le niveau mais jusque là, le film remplit très mal le rôle qu'on veut lui donner et je suis assez dégoutée que le réalisateur ait choisi de dénoncer la prostitution marocaine de cette façon.