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Un formidable documentaire en trois volets raconte l'histoire des musulmans de France, de 1904 à aujourd'hui, à travers des images d'archives parfois inédites et des témoignages émouvants. A voir sur France 5.
C'est une autre histoire de France. Une fresque honteuse et héroïque qui ne se raconte pas - et encore moins s'enseigne - dans les écoles de la République. C'est l'histoire des Musulmans de France, de 1904 à nos jours, mise en scène dans un exceptionnel documentaire en trois volets signé par Karim Miské. On y voit des images rares et précieuses de mineurs arabes dans les houillères à l'aube du xxe siècle, des suffragettes du Front populaire épousant leur amoureux algérien en grande tenue militaire, des ados en pantalons à pattes d'éph' et cheveux longs twistant au pied des HLM flambant neufs. A l'appui, historiens, écrivain, journaliste, éducateur, scénariste, styliste ou politique, d'origine arabe ou africaine, disent leurs parcours et parlent de "leurs" identités nationales.
Tout commence en 1904. "Parce que les premières images dont nous disposons datent de cette époque, explique Miské. Cela correspond aux premières migrations ouvrières." Enfants d'un empire colonial qui les traite en citoyens de seconde zone, ils sont environ 5 000 à faire la navette entre le bled et la métropole. Viennent la guerre, la "Grande", et ces images de conscrits tirés au sort pour aller se faire trouer la peau.
Après l'armistice, on s'empresse de leur faire une belle mosquée et (presque) personne ne s'offusque à la vue du minaret qui s'élève dans le ciel de Paris, capitale d'un "grand empire musulman" dont la France se rengorge alors. C'est seulement après 1945 que les "indigènes" s'installent pour de bon. Les témoins choisis par Miské racontent. Les bidonvilles boueux, les humiliations, les couvre-feux, les ratonnades, les manifestations indépendantistes qui tournent au massacre. Mais aussi des enfances bercées par les chansons des yéyés et les récitations apprises à la communale : "Le scénariste Abdel Raouf Dafri ou la sénatrice de Paris Bariza Khiari ont grandi en écoutant Johnny, en regardant l'ORTF et en apprenant les fables de La Fontaine. Comme tout le monde. Ils ont les mêmes souvenirs que n'importe qui !"
Voici maintenant le temps des luttes syndicales, au début des années 1980. Aux revendications des ouvriers de la CGT le socialiste Pierre Mauroy, alors Premier ministre, répliquera en accusant l'Iran khomeiniste de manipuler les syndiqués. Dès lors, l'islam devient une donnée du "problème", déplaçant la question de l'intégration du social vers le religieux. "Depuis une quinzaine d'années, on a vu apparaître l'affirmation d'une fierté, à la manière des Noirs américains, autour d'une revendication identitaire religieuse", décrypte le réalisateur.
Karim Miské n'élude rien, du racisme entre Arabes et Noirs, du mépris des Algériens pour les autres pays du Maghreb, ou des errances terroristes à la Khaled Kelkal. Musulmans de France proclame une ambition : "Que nous parvenions un jour à tous nous considérer comme les membres d'une même société, où les histoires particulières constituent, ensemble, l'histoire de tous." Inch' Allah...
Nos ancêtres les arabes
A l'origine du documentaire, il y a un livre, cornaqué par Mohammed Arkoun : Histoire de l'islam et des musulmans en France (Albin Michel). A sa parution, en 2007, le producteur Jean Labib en acquiert les droits. Mais pas question de remonter à la bataille de Poitiers : "Nous voulions nous concentrer sur l'époque moderne, dans laquelle sont enracinés les musulmans de la France d'aujourd'hui", explique Karim Miské. C'est aussi de cette époque, le début du xxe siècle, que datent les premières archives disponibles.
Musulmans de France. Mardi 23 février, 20 h 35, France 5.
C'est une autre histoire de France. Une fresque honteuse et héroïque qui ne se raconte pas - et encore moins s'enseigne - dans les écoles de la République. C'est l'histoire des Musulmans de France, de 1904 à nos jours, mise en scène dans un exceptionnel documentaire en trois volets signé par Karim Miské. On y voit des images rares et précieuses de mineurs arabes dans les houillères à l'aube du xxe siècle, des suffragettes du Front populaire épousant leur amoureux algérien en grande tenue militaire, des ados en pantalons à pattes d'éph' et cheveux longs twistant au pied des HLM flambant neufs. A l'appui, historiens, écrivain, journaliste, éducateur, scénariste, styliste ou politique, d'origine arabe ou africaine, disent leurs parcours et parlent de "leurs" identités nationales.
Tout commence en 1904. "Parce que les premières images dont nous disposons datent de cette époque, explique Miské. Cela correspond aux premières migrations ouvrières." Enfants d'un empire colonial qui les traite en citoyens de seconde zone, ils sont environ 5 000 à faire la navette entre le bled et la métropole. Viennent la guerre, la "Grande", et ces images de conscrits tirés au sort pour aller se faire trouer la peau.
Après l'armistice, on s'empresse de leur faire une belle mosquée et (presque) personne ne s'offusque à la vue du minaret qui s'élève dans le ciel de Paris, capitale d'un "grand empire musulman" dont la France se rengorge alors. C'est seulement après 1945 que les "indigènes" s'installent pour de bon. Les témoins choisis par Miské racontent. Les bidonvilles boueux, les humiliations, les couvre-feux, les ratonnades, les manifestations indépendantistes qui tournent au massacre. Mais aussi des enfances bercées par les chansons des yéyés et les récitations apprises à la communale : "Le scénariste Abdel Raouf Dafri ou la sénatrice de Paris Bariza Khiari ont grandi en écoutant Johnny, en regardant l'ORTF et en apprenant les fables de La Fontaine. Comme tout le monde. Ils ont les mêmes souvenirs que n'importe qui !"
Voici maintenant le temps des luttes syndicales, au début des années 1980. Aux revendications des ouvriers de la CGT le socialiste Pierre Mauroy, alors Premier ministre, répliquera en accusant l'Iran khomeiniste de manipuler les syndiqués. Dès lors, l'islam devient une donnée du "problème", déplaçant la question de l'intégration du social vers le religieux. "Depuis une quinzaine d'années, on a vu apparaître l'affirmation d'une fierté, à la manière des Noirs américains, autour d'une revendication identitaire religieuse", décrypte le réalisateur.
Karim Miské n'élude rien, du racisme entre Arabes et Noirs, du mépris des Algériens pour les autres pays du Maghreb, ou des errances terroristes à la Khaled Kelkal. Musulmans de France proclame une ambition : "Que nous parvenions un jour à tous nous considérer comme les membres d'une même société, où les histoires particulières constituent, ensemble, l'histoire de tous." Inch' Allah...
Nos ancêtres les arabes
A l'origine du documentaire, il y a un livre, cornaqué par Mohammed Arkoun : Histoire de l'islam et des musulmans en France (Albin Michel). A sa parution, en 2007, le producteur Jean Labib en acquiert les droits. Mais pas question de remonter à la bataille de Poitiers : "Nous voulions nous concentrer sur l'époque moderne, dans laquelle sont enracinés les musulmans de la France d'aujourd'hui", explique Karim Miské. C'est aussi de cette époque, le début du xxe siècle, que datent les premières archives disponibles.
Musulmans de France. Mardi 23 février, 20 h 35, France 5.