Même le pain algérien se vend à Oujda !
Oujda, capitale de la contrebande ? Certainement, et encore plus aujourdhui quhier puisque le fléau a pris une ampleur insoupçonnée. Déjà à une bonne centaine de kilomètres de la ville, les prémices de la contrebande sont visibles. Sur la route, toutes sortes de carburants (de lessence sans plomb au diesel) vous sont proposées par des jeunes et des moins jeunes.
Des climatiseursà3 000 DH !
En arrivant à Oujda, il ny a pas que le carburant qui est proposé au vu et au su de tout le monde.
Hormis le carburant, donc,toutes sortes de produits sont disponibles dans les différents souks, avec une spécialisation pour certains. A souk El Fellah sécoule le plus grand nombre de produits algériens. Lélectroménager et lélectronique y sont vendus moitié moins cher par rapport à lintérieur du pays. On y trouve aussi du sanitaire,des produits alimentaires,des climatiseurs à partir de 3 000 DH et des pneumatiques à partir de 300 DH lunité.
Mais le lieu où lemprise de la contrebande est la plus criante est souk Beni Drar, qui se trouve à une bonne vingtaine de kilomètres au nord dOujda.Dans ce village, commerces et entrepôts regorgent de produits en provenance de lAlgérie, dont on distingue les villages tout proches à vue dil.
Quelle est lampleur de la contrebande ? Avant même la fin de la question, la réponse de Driss Houat, président de la Chambre de commerce, dindustrie et de services dOujda et député de la ville fuse : «70% de léconomie de la région dépend de la contrebande contre 50 % en 1998, et nous estimons le chiffre daffaires moyen de cette activité à 6 milliards de DH par a.
Dans lOriental, la contrebande est remarquable et touche à peu près tout. A tel enseigne que même les médicaments font, de plus en plus, partie de la «marchandise» exposée dans les souks et notamment à souk El Fellah. Et, comme ironise Zahreddine Taybi, directeur du journal régional Al Hadath Ach Charki, les destinataires des ordonnances, ce ne sont plus les pharmacies mais bien ledit souk, où les vendeurs de médicaments, habitude aidant, nont aucun mal à indiquer la posologie et la durée du traitement.
Mais le prix est irrésistible, surtout quand le pouvoir dachat est bas. Exemple : un médicament comme Azantac, un anti-ulcéreux dont la boîte de 20 comprimés coûte 190 DH dans les pharmacies, est exposé à souk El Fellah à 110 DH. Mieux, le paquet compte 30 comprimés.
Mais, lomniprésence de la contrebande dans la région, au-delà de la soif de gain qui lentretient, sexplique également par la distorsion des taxes entre les deux pays, le poids de la subvention dans le prix des produits algériens.
Un exemple frappant : les produits céréaliers sont taxés à 90 % au Maroc contre seulement 5 % en Algérie (voir encadré). Il est donc facile de les importer de ce pays à des prix défiant toute concurrence. Un produit fortement subventionné en Algérie bénéficie du même avantage. Lexemple le plus frappant est celui du pain, vendu à 50 centimes seulement!
Pain rond ou baguette, le prix est le même, 50 centimes lunité !
Par Mohamed El Maâroufi
Source : La vie éco