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EvilCow :
Il ne croit pas. Moi, par contre, je crois. Et pourtant, une grande partie de son raisonnement rejoint le mien. C'est donc que cela n'a rien à voir avec la foi ou l'absence de foi dans le divin (dans son sens très large). Que ce sujet est totalement indépendant de la spiritualité et ce dans son sens large.
Sinon, bien sûr que tu as le droit de penser différemment. Ces droits te sont conférés à ta naissance. De façon universelle, déjà, de par le simple fait que tu fasses partie de l'humanité. Et de façon légale, par ailleurs, si tu as eu la chance d'être née dans un pays reconnaissant ton individualité unique dans l'ensemble du spectre du possible.
Quant à savoir ce en quoi je serais dans le "vrai" ou dans le faux, je m'appuie sur des faits. Sur les neurosciences, en particulier. C'est un fait que, pour vulgariser fortement, plus un chemin cognitif est crée tôt dans le développement d'un individu, plus celui-ci est "puissant".
Si je veux en faire une image (qui a ses limites), l'esprit d'un enfant est un terrain vierge. Dans lequel celui-ci, à l'aide de ses divers référents, de son environnement et d'un grand nombre d'autres facteurs, trace son chemin. Si un chemin est crée tôt, celui-ci va être emprunté souvent par l'esprit de l'individu. Un cerveau, une fois qu'il dépense une énergie incroyable pour créer le cablage nécessaire à une pensée (un schéma de pensée en fait) est d'autant plus enclin à le réemprunter le plus souvent possible. Et, de ce fait, le renforcer à chaque "passage". Le "creuser" de façon plus large, plus profonde et plus solide. Un peu comme un sentier d'animaux dans une forêt finit par devenir, par la force des choses, un chemin de terre. Puis une voie pavée. Une route goudronnée et enfin une autoroute qu'on emprunte sans même s'en rendre compte.
Certaines idées ne sont pas capables d'emprunter ces routes. En général, pour deux cas de figures. En premier lieu, quand l'idée / la pensée est trop grande, trop complexe, pour la route existante. Ce qui nécessite un travail du cerveau pour renforcer ce chemin afin d'avancer à l'étape suivante de cette idée (c'est ce qu'on appelle couramment l'enseignement par renforcement). En second lieu, si l'idée emprunte une direction différente (pas forcément contraire) au chemin déjà établie. Par exemple, en math, le fait qu'un nombre élevé au carré est toujours positif qui se confronte à l'idée des nombres irréels dont les carrés ne sont pas, forcément, positifs (ce qu'on appelle couramment l'enseignement par déconstruction).
Le cerveau étant "fainéant" par nature même, de par sa biologie et sa biochimie même, ces conflits cognitifs (pour utiliser le terme exact) sont le seul moyen d'apprentissage du cerveau humain. La résolution de ces conflits (qui ne sont pas des conflits avec quelqu'un, le plus souvent ce sont des conflits avec soi-même) demande une énergie incroyable. En particulier quand on parle de déconstruction.
Exemple vécu, un enfant dessine le schéma de la circulation sanguine chez l'humain à l'envers. Personne ne le lui explique son erreur correctement. On rajoute, dans ses années d'études, une certaine complexité à ce schéma, étapes par étapes. Mais la base est toujours fausse. L'enfant renforce, sans cesse, son erreur. Il complexifie, il rajoute les organes supplémentaires, les veines et artères en plus, mais garde un sens inverse. Il passe d'un chemin de terre foireux à une autoroute foireuse.
Quand un prof s'attache à déconstruire son erreur, il lui est beaucoup plus facile d'aider l'enfant à démolir le chemin de terre que d'aider à attaquer les pilliers de bétons qu'il a façonné plus tard.
Ce qui était, dans le temps, une idée sur "comment ancrer des idées dans le cerveau d'un enfant" et explorer de manière empirique par les premiers pédagogues (Platon, Socrate, .. dont on a les écrits est aujourd'hui confirmé par des analyses fines au niveau du cerveau même et de son fonctionnement. Au point que l'idée de pouvoir "implanter des schémas qui ne sont pas ceux vers lesquels tend naturellement l'individu" est aujourd'hui parfaitement admises.
La plupart de nos idées profondes ne sont pas, en réalité, les nôtres. Ce qui limite notre libre-arbitre et notre liberté tout court. Etant fortement attaché à la notion de liberté, la mienne et celles des autres, c'est évident que mon système d'éducation est entièrement basée sur la préservation / l'accroissement, au maximum de mes possibilités, de celle-ci sur mes enfants (et mes élèves).
PS : avoir un avis contraire du tien n'est pas forcément avoir du mépris pour ta personne. Il est important de distinguer le débat d'idées (ce qui se passe ici) de l'attaque personnelle (gratuite ou non). Si ce que je dis ébranle les fondations de ton individualité, que cela te secoue en profondeur, ça ne signifie pas forcément que c'est toi (ou le groupe auquel tu as choisi d'appartenir) qui est attaqué. C'est simplement la preuve de la nécessité de l'existence de lieu tels que les forums dont les fondamentaux sont bien la confrontation / le partage d'idées les plus diverses et variées possibles. Que ces forums soit thématisés ou non d'ailleurs.