Dans Le Monde daté du samedi 30 juillet, Tahar Ben Jelloun écrit une lettre aux musulmans. Il a bien raison de rappeler l'horreur des attentats en France depuis un an et demi. Toutes les voix sont importantes pour exprimer cette douleur qui nous touche tous - et quand j'écris "nous", je ne distingue ni les religions, ni les origines, ni les nationalités... "Nous", ce ne sont pas que les musulmans, ce ne sont pas que les Français. "Nous", c'est toute la France.
[...]
M. Ben Jelloun souhaite dégager l'islam des griffes de Daech. C'est tout à son honneur. Chaque citoyen sensé n'aura pas attendu sa lettre pour se mobiliser, autant qu'il le peut, dans cette vaste entreprise. Si les attentats sont un échec pour tous, je ne m'en sens pas plus responsable que mes voisins. Sauf à créer une milice musulmane, les musulmans n'ont pas de pouvoir policier - et c'est heureux - pour traquer Daech.
[....]
M. Ben Jelloun énumère la liste des devoirs des musulmans dont le premier : "nous devons renoncer à tous les signes provocants d'appartenance à la religion de Mahomet. Nous n'avons pas besoin de couvrir nos femmes comme des fantômes noirs qui font peur aux enfants dans la rue". [....] Par ailleurs, il exclut dans son énoncé que les femmes puissent choisir de se couvrir puisque "nous" les couvrons. [ ... ]
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M. Ben Jelloun va plus loin : Nous n'avons pas le droit de laisser faire des criminels qui ont décidé que leur vie n'a plus d'importance et qu'ils l'offrent à Daech". Est-ce à dire que "nous" laissons faire des criminels ? Ce serait une complicité extrêmement grave. Et M. Ben Jelloun de poursuivre "nous devons parler, mettre en garde ceux parmi nous qui sont tentés par l'aventure criminelle de Daech". Je ne sais pas si M. Ben Jelloun a dans son entourage des "personnes tentées par l'aventure criminelle de Daech", mais moi, et ceux que j'ai interrogés avant d'écrire cette tribune, non. J'ai tendance à penser que des gens prêts aux pires crimes, dont certains échappent à la vigilance dans nos services de renseignement, sont peu portés sur la confidence, et donc que ce dialogue que M. Ben Jelloun appelle de ses voeux soit très difficile à établir. L'accusation de passivité est non seulement injuste mais aussi dangereuse, parce qu'elle rend les musulmans responsables d'actes dont M. Ben Jelloun reconnaît qu'ils sont aussi parmi les victimes. Si "nous" regardions passivement ce qui se trame devant nous, "nous" serions déjà complices de ces assassins.
M. Ben Jelloun finit sa lettre par "sinon il ne nous restera plus qu'à faire nos valises et retourner dans le pays natal". [...] Faut-il lui rappeler que des millions de musulmans sont nés en France ? Que la "Musulmanie" n'existe pas ? Mon pays natal, c'est la France.[...]
[...]
texte complet http://www.huffingtonpost.fr/mabrouck-rachedi/lutte-daech-tahar-ben-jelloun_b_11294166.html
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M. Ben Jelloun souhaite dégager l'islam des griffes de Daech. C'est tout à son honneur. Chaque citoyen sensé n'aura pas attendu sa lettre pour se mobiliser, autant qu'il le peut, dans cette vaste entreprise. Si les attentats sont un échec pour tous, je ne m'en sens pas plus responsable que mes voisins. Sauf à créer une milice musulmane, les musulmans n'ont pas de pouvoir policier - et c'est heureux - pour traquer Daech.
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M. Ben Jelloun énumère la liste des devoirs des musulmans dont le premier : "nous devons renoncer à tous les signes provocants d'appartenance à la religion de Mahomet. Nous n'avons pas besoin de couvrir nos femmes comme des fantômes noirs qui font peur aux enfants dans la rue". [....] Par ailleurs, il exclut dans son énoncé que les femmes puissent choisir de se couvrir puisque "nous" les couvrons. [ ... ]
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M. Ben Jelloun va plus loin : Nous n'avons pas le droit de laisser faire des criminels qui ont décidé que leur vie n'a plus d'importance et qu'ils l'offrent à Daech". Est-ce à dire que "nous" laissons faire des criminels ? Ce serait une complicité extrêmement grave. Et M. Ben Jelloun de poursuivre "nous devons parler, mettre en garde ceux parmi nous qui sont tentés par l'aventure criminelle de Daech". Je ne sais pas si M. Ben Jelloun a dans son entourage des "personnes tentées par l'aventure criminelle de Daech", mais moi, et ceux que j'ai interrogés avant d'écrire cette tribune, non. J'ai tendance à penser que des gens prêts aux pires crimes, dont certains échappent à la vigilance dans nos services de renseignement, sont peu portés sur la confidence, et donc que ce dialogue que M. Ben Jelloun appelle de ses voeux soit très difficile à établir. L'accusation de passivité est non seulement injuste mais aussi dangereuse, parce qu'elle rend les musulmans responsables d'actes dont M. Ben Jelloun reconnaît qu'ils sont aussi parmi les victimes. Si "nous" regardions passivement ce qui se trame devant nous, "nous" serions déjà complices de ces assassins.
M. Ben Jelloun finit sa lettre par "sinon il ne nous restera plus qu'à faire nos valises et retourner dans le pays natal". [...] Faut-il lui rappeler que des millions de musulmans sont nés en France ? Que la "Musulmanie" n'existe pas ? Mon pays natal, c'est la France.[...]
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texte complet http://www.huffingtonpost.fr/mabrouck-rachedi/lutte-daech-tahar-ben-jelloun_b_11294166.html