Le dictateur syrien peut se réjouir : le vote du Conseil de sécurité le remet en selle face à une rébellion plus affaiblie et radicale que jamais.
Dès la semaine prochaine, des inspecteurs de l'ONU vont parcourir la Syrie pour répertorier les stocks d'armes chimiques dont le gouvernement Assad a communiqué la liste et l'emplacement. Avant que ne commence début 2014 le processus délicat de destruction de ces terribles brûlots. C'est la conséquence directe du vote, tard dans la nuit de vendredi, d'une résolution adoptée à l'unanimité des quinze membres du Conseil de sécurité. "Un résultat que nous avons longtemps espéré", s'est félicité Obama. Apparemment, il s'agit d'un succès pour les démocraties occidentales dans leur lutte contre la prolifération des armes de destruction massive. Mais si on regarde l'évolution de la situation en un mois, c'est bien le dictateur syrien qui l'a retournée à son profit.
Le 27 août, François Hollande le menaçait d'une punition exemplaire pour l'utilisation "abjecte" de frappes chimiques qui avaient fait près de 1 500 morts dans la banlieue de Damas, essentiellement civils. Les généraux américains annonçaient qu'ils étaient prêts à lancer leurs Tomahawk sur la chaîne de commandement syrienne en une offensive aérienne éclair à laquelle la France, avec ses missiles air-sol, était décidée à s'associer. Mais le 30 août, probablement quelques heures avant que le feu ne s'abatte sur les objectifs stratégiques repérés par les militaires, Obama faisait machine arrière en deux temps : d'abord en demandant au Congrès d'approuver préalablement l'opération envisagée. Puis une semaine plus tard, après un sommet du G20 où Poutine avait déployé dans l'ombre toute son habileté diplomatique, le président américain oubliait le recours au Congrès et passait la patate chaude à John Kerry, son secrétaire d'État, avec mission de trouver avec Sergueï Lavrov, son homologue russe, un moyen d'éviter le recours aux armes.
Dès lors, même si c'était au prix du sacrifice de ses armes chimiques - si tant est qu'il n'ait pas réussi à faire discrètement passer quelques stocks au Hezbollah libanais -, Assad évitait le pire : des bombardements dont il savait mieux que personne, en dépit de ses rodomontades, qu'ils affaibliraient sa machine de guerre. Et une déstabilisation qui risquait d'emporter son régime et de semer le désordre dans toute la région.
La rébellion modérée marginalisée
Au lieu de cela, l'indécision d'Obama, l'abstention forcée de Cameron et la persévérance inutile de Hollande, désespérément seul à vouloir encore "punir" Assad, ont permis au dictateur syrien d'engranger des avantages certains. En premier lieu, il a gardé intacte sa capacité de continuer la guerre contre une rébellion qui, avant même les frappes chimiques, marquait le pas. S'il n'en vient pas complètement à bout, Assad peut espérer circonscrire ces menaces. Même si c'est au prix d'une partition de fait de son pays.
Ensuite, le simple fait d'avoir accepté de collaborer à l'évaluation, au recensement, puis à la destruction de son arsenal chimique lui donne, à lui le paria que l'Occident voulait chasser, un statut d'interlocuteur officiel. Qu'on le veuille ou non, la communauté internationale l'a remis en selle.
Enfin et surtout, la décision de la quasi-totalité des groupes rebelles syriens de se rallier aux djihadistes islamistes les plus fanatiques est pour Bachar el-Assad la meilleure des nouvelles. Un mariage sous l'égide de la charia et du djihad qui intervient alors que l'attentat de Nairobi, exécuté par d'autres terroristes islamiques, eux aussi liés à al-Qaida, vient de tenir le monde en haleine pendant quatre jours et de faire plus de soixante victimes civiles. Dès lors, plus dur que jamais pour Obama, comme pour Hollande, de livrer des armes à une rébellion modérée de plus en plus marginalisée et qui, sur l'échiquier syrien, pèserait maintenant à peine 15 % des forces opposées au dictateur syrien. En ce mois de septembre, deux ans et demi après le début de l'insurrection qui aurait dû l'abattre, Assad a vraiment fait carton plein, comme disent les sportifs.
http://www.lepoint.fr/editos-du-poi...l-assad-28-09-2013-1736115_55.php#xtor=CS1-31
Dès la semaine prochaine, des inspecteurs de l'ONU vont parcourir la Syrie pour répertorier les stocks d'armes chimiques dont le gouvernement Assad a communiqué la liste et l'emplacement. Avant que ne commence début 2014 le processus délicat de destruction de ces terribles brûlots. C'est la conséquence directe du vote, tard dans la nuit de vendredi, d'une résolution adoptée à l'unanimité des quinze membres du Conseil de sécurité. "Un résultat que nous avons longtemps espéré", s'est félicité Obama. Apparemment, il s'agit d'un succès pour les démocraties occidentales dans leur lutte contre la prolifération des armes de destruction massive. Mais si on regarde l'évolution de la situation en un mois, c'est bien le dictateur syrien qui l'a retournée à son profit.
Le 27 août, François Hollande le menaçait d'une punition exemplaire pour l'utilisation "abjecte" de frappes chimiques qui avaient fait près de 1 500 morts dans la banlieue de Damas, essentiellement civils. Les généraux américains annonçaient qu'ils étaient prêts à lancer leurs Tomahawk sur la chaîne de commandement syrienne en une offensive aérienne éclair à laquelle la France, avec ses missiles air-sol, était décidée à s'associer. Mais le 30 août, probablement quelques heures avant que le feu ne s'abatte sur les objectifs stratégiques repérés par les militaires, Obama faisait machine arrière en deux temps : d'abord en demandant au Congrès d'approuver préalablement l'opération envisagée. Puis une semaine plus tard, après un sommet du G20 où Poutine avait déployé dans l'ombre toute son habileté diplomatique, le président américain oubliait le recours au Congrès et passait la patate chaude à John Kerry, son secrétaire d'État, avec mission de trouver avec Sergueï Lavrov, son homologue russe, un moyen d'éviter le recours aux armes.
Dès lors, même si c'était au prix du sacrifice de ses armes chimiques - si tant est qu'il n'ait pas réussi à faire discrètement passer quelques stocks au Hezbollah libanais -, Assad évitait le pire : des bombardements dont il savait mieux que personne, en dépit de ses rodomontades, qu'ils affaibliraient sa machine de guerre. Et une déstabilisation qui risquait d'emporter son régime et de semer le désordre dans toute la région.
La rébellion modérée marginalisée
Au lieu de cela, l'indécision d'Obama, l'abstention forcée de Cameron et la persévérance inutile de Hollande, désespérément seul à vouloir encore "punir" Assad, ont permis au dictateur syrien d'engranger des avantages certains. En premier lieu, il a gardé intacte sa capacité de continuer la guerre contre une rébellion qui, avant même les frappes chimiques, marquait le pas. S'il n'en vient pas complètement à bout, Assad peut espérer circonscrire ces menaces. Même si c'est au prix d'une partition de fait de son pays.
Ensuite, le simple fait d'avoir accepté de collaborer à l'évaluation, au recensement, puis à la destruction de son arsenal chimique lui donne, à lui le paria que l'Occident voulait chasser, un statut d'interlocuteur officiel. Qu'on le veuille ou non, la communauté internationale l'a remis en selle.
Enfin et surtout, la décision de la quasi-totalité des groupes rebelles syriens de se rallier aux djihadistes islamistes les plus fanatiques est pour Bachar el-Assad la meilleure des nouvelles. Un mariage sous l'égide de la charia et du djihad qui intervient alors que l'attentat de Nairobi, exécuté par d'autres terroristes islamiques, eux aussi liés à al-Qaida, vient de tenir le monde en haleine pendant quatre jours et de faire plus de soixante victimes civiles. Dès lors, plus dur que jamais pour Obama, comme pour Hollande, de livrer des armes à une rébellion modérée de plus en plus marginalisée et qui, sur l'échiquier syrien, pèserait maintenant à peine 15 % des forces opposées au dictateur syrien. En ce mois de septembre, deux ans et demi après le début de l'insurrection qui aurait dû l'abattre, Assad a vraiment fait carton plein, comme disent les sportifs.
http://www.lepoint.fr/editos-du-poi...l-assad-28-09-2013-1736115_55.php#xtor=CS1-31