Un ministre égyptien accuse l’Algérie d’avoir planifié une « opération terroriste » au Soudan (TSA)
Une semaine après la qualification historique des Verts au Mondial 2010 au dépend de l’Egypte, le pouvoir et les médias égyptiens continuent d’accuser gravement l’Algérie qui garde étrangement le silence. Après Alaâ Moubara, fils du président égyptien Hosni Moubarak qui a qualifié les Algériens de terroristes, c’est au tour du ministre de la communication, Ahmed Abou Gheit, d’user publiquement du même qualificatif.
« Ce qui s’est passé à Khartoum était une opération terroriste planifiée », a accusé, mercredi, le ministre égyptien, en allusion à l’agression présumée de supporters de son pays par des Algériens, à la fin du match d’appui entre l’Algérie et l’Egypte, le 18 novembre au Soudan. Comprendre : le ministre égyptien accuse l’Etat algérien d’avoir planifié et mené une opération terroriste contre l’Egypte sur le sol soudanais.
Dans la bouche d’un ministre, l’accusation est grave. Surtout qu’en réalité, non seulement les cas d’agressions sont rares comme l’a affirmé le gouvernement soudanais, mais le Caire devrait plutôt remercier les services de sécurité algériens d’avoir empêché un massacre d’Egyptiens à Khartoum.
Les supporters algériens voulaient en effet venger leurs concitoyens lynchés en Egypte, à la fin du premier match Egypte-Algérie (2-0), le 14 novembre au Caire. Ils voulaient aussi laver l’affront subi par l’équipe nationale, deux jours plutôt, quand son bus a été sauvagement attaqué par des supporters égyptiens à la sortie de l’aéroport du Caire. Mais les services de sécurité algériens, présents à Khartoum, avaient fourni de précieux renseignements à leurs homologues soudanais grâce auxquels ils ont pu maîtriser la situation.
Le Caire a fait état au lendemain de cette rencontre d’agressions et de menaces à l’encore des supporters égyptiens. Mais le Soudan a protesté contre les fausses informations données par les médias égyptiens, publics et privés. La police soudanaise a démenti l’existence de cas d’agressions. Ce que la FIFA a également confirmé : pour l’instance internationale de football, aucun incident majeur n’a été enregistré à Khartoum.
Curieusement, l’Algérie n’a toujours pas répondu provocations égyptiennes. Le gouvernement garde le silence depuis vendredi dernier, jour de la convocation de l’ambassadeur d’Egypte à Alger pour exprimer timidement des inquiétudes concernant la campagne médiatique menée contre l’Algérie dans ce pays.
Ce silence commence à susciter des interrogations. L’Egypte, qui hausse le ton, a pourtant tout à perdre sur les plans stratégique et économique. Ses groupes sont fortement présents en Algérie, où ils ont remporté de nombreux contrats publics.
Les attaques égyptiennes contre l’Algérie illustrent en fait la faiblesse de la diplomatie algérienne et l’absence d’une stratégie de communication et de lobbying capable de défendre l’image de l’Algérie à l’étranger.