Au Québec aussi les féministes reçoivent des menaces (de viol, de mort...).
Et très probablement partout ailleurs. C'est pas une spécialité marocaine ou maghrébine ou que sais-je...
Les féministes sont mal vues.
C'est la honte.
On peut être en désaccord avec certains aspects du féminisme (et les féministes elles-mêmes débattent entre elles : il y a divers courants du féminisme), mais d'une façon civilisée, en apportant des arguments et des faits, pas des discours de haine.
On revient sur le mouvement des "tradwives", pour épouse traditionnelle en bon français. Une "tradwife" est une femme, le plus souvent sexy en diable, au maquillage et au brushing toujours impeccable, mariée, mère de famille et qui s’accomplit pleinement à sa place naturelle, c’est-à-dire dans sa cuisine.
En décolleté et tablier, la "tradwife" a choisi la planche à repasser plutôt que la salle de réunion, car son bonheur passe d'abord par celui de son époux.
Pour résumer elle est une sorte de stéréotype de la femme au foyer des années 50. Après tout, s’il y avait moins de divorces à l'époque c'est, forcément, parce que les mariages étaient plus heureux et pas parce que les femmes n’avaient aucun moyen de prendre un nouveau départ.
"Make Traditional Housewives Great Again"
Apparues d’abord en Angleterre, puis aux États-Unis, ces femmes traditionnelles ont épousé la pensée politique des évangélistes, de l’utra droite américaine et de Donald Trump, dont elles ont d’ailleurs repris et transformé le célèbre slogan "Make America Great Again" en "Make Traditional Housewives Great Again", c’est-à-dire
"rendre leur grandeur aux femmes au foyer".
Estee Williams, une Américaine de 25 ans, est l'une d'entre elles, elle dévoile à ses milliers d’abonnés sur TikTok et Instagram comment devenir une "tradwife"
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Les "tradwives" se revendiquent
"féminines, pas féministes". Le féminisme ayant inventé cet étrange concept de charge mentale et prônant l’émancipation, tandis qu'elles militent pour l’appartenance des femmes à leur conjoint. Des idées réactionnaires qu'elles mettent en avant en utilisant la puissance des outils numériques.
Des militantes contre le droit à l'avortement
Alors évidemment on pourrait penser que chacune est libre de s’épanouir comme elle le souhaite et que ce mouvement sur les réseaux sociaux n’a que peu d’importance. Sauf que les "tradwives" ont accompagné pleinement, un recul du droit à l’avortement aux États-Unis. Et en France on voit de nouveau manifester des hommes et des femmes contre ce droit, alors qu'
une étude révèle, qu'un jeune français sur trois estime qu'il est normal qu'une femme s'arrête de travailler pour s'occuper des enfants.
Le combo décolleté, tablier de cuisine et brushing impeccable pourrait bien s’avérer une arme de guerre redoutable qui, au nom du
"c'était mieux avant", pourrait bien ramener, les femmes, des années en arrière, quand être une "tradwife", à sa place dans la cuisine, n'avait absolument rien d'un choix.
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"Ce qui est dérangeant avec cette mode des tradwifes, ce n'est pas tant le mode de vie, c'est le message politique qu'il y a derrière", estime Pauline Ferrari jeudi 1er février dans le Talk de franceinfo à propos du mouvement des "
tradwifes", mouvement ultraconservateur qui explose sur les réseaux sociaux, parallèlement à celui des
masculinistes, et encourage les femmes à revenir à un modèle stéréotypé de la femme mariée comme femme au foyer.
"Dans le cas des tradwifes les plus connues, soit leur mari est sénateur républicain américain, soit dans le camp républicain et défenseur des armes à feu et contre l'IVG, poursuit Pauline Ferrari.
Aussi, ces vidéos, présentées comme non politisées, disent en substance que le modèle de vie qu'elle présentent ne sera bientôt plus possible à cause du féminisme..."
Selon un récent rapport du Haut Conseil à l'Egalité, les stéréotypes de genre se renforcent à travers notre pays, en particulier chez les hommes. Le sentiment d’égalité divise la société entre les jeunes femmes et les jeunes hommes.