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L’ampleur des violences sexuelles en France, y compris sur des personnes mineur·es, a été mise en évidence depuis près de 30 ans grâce à des enquêtes nationales [1] [2].
La création de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) en 2021 marque un pas en avant supplémentaire dans la reconnaissance publique de ce fait social. L’enquête nationale sur les violences sexuelles conduite par l’Inserm en 2021 a permis d’actualiser les données sur ces agressions contre les enfants et les adolescent·es selon les sphères sociales dans lesquelles elles ont lieu .
Cet article vise à caractériser ces violences, notamment celles qui surviennent dans la sphère familiale.
Les femmes surexposées aux violences sexuelles dans l’enfance et l’adolescence
Dans cette enquête, les violences sexuelles, y compris non familiales, perpétrées avant 18 ans concernent 13,0 % des femmes et 5,5 % des hommes. Quels que soient l’âge ou le milieu social (appréhendé par la profession du père lorsque l’enquêté·e avait 15 ans), les femmes rapportent plus de violences sexuelles avant l’âge de 18 ans que les hommes.
Il faut souligner que cette propension à déclarer plus de violences dans les jeunes générations n’est toutefois pas observée pour les violences perpétrées par un membre de la famille.
Ces résultats peuvent laisser penser que la prise en considération croissante des violences depuis le début des années 1970, portée par les mouvements féministes et renforcée récemment par le mouvement #metoo, n’a peut-être pas eu autant d’effet sur l’énonciation de ces violences sexuelles intra-familiales que sur d’autres types de violence sexuelle.
Des violences sexuelles qui ont massivement lieu dans l’entourage familial
La famille est la sphère de socialisation où se produisent le plus de violences sexuelles pour les femmes.
Parmi les personnes qui rapportent des violences sexuelles avant l’âge de 18 ans, 35,7 % des femmes indiquent qu’il s’agissait d’un membre de leur famille contre 21,6 % des hommes. Ces violences contre les jeunes filles par un membre de la famille sont commises dans 96,5 % des cas par un homme ; ce chiffre est de 89,7 % pour les jeunes garçons (Annexe en ligne A.2).
Plus précisément, pour les femmes, une violence intra-familiale sur trois (32,7 %) a été commise par le père ou le beau-père ; les agresseurs sont ensuite les oncles (17,9 %), les cousins (14,4 %) et les frères (14,1 %). Pour les hommes, les principaux agresseurs sont les frères (21,8 %), suivis des pères ou beaux-pères (20,7 %), des cousins (17,8 %) et des oncles (16,7 %).
Des violences sexuelles qui commencent très jeune et se répètent dans le temps
Près de 40 % des violences sexuelles avant 18 ans ont lieu avant l’âge de onze ans (tableau 1). Les personnes qui déclarent avoir été agressées sexuellement par un membre de leur famille ou un ami de la famille l’ont été plus jeunes que les autres : plus de la moitié des femmes avaient moins de onze ans lors de la première agression sexuelle lorsque l’auteur était un membre ou un ami de la famille. Les mêmes tendances sont observées pour les hommes.
En outre, les violences sont plus souvent répétées sur plusieurs années quand il s’agit d’un membre de la famille, et dans une moindre mesure quand il s’agit d’un ami de la famille, par rapport aux autres situations pour lesquelles il s’agit plus souvent d’un événement unique, en particulier pour les femmes.
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