mardi 20 janvier 2009 - 05h:45
Al Jazeera
Mouin Rabbani, rédacteur au magazine Middle East Report, explique à Al Jazeera ce que signifie la guerre israélienne contre Gaza pour le Président palestinien, Mahmoud Abbas, et sa faction Fatah et quelles peuvent en être les autres répercussions.
Question : si les bombardements israéliens sarrêtent, quelle sera la principale bataille politique pour les Palestiniens ?
La bataille la plus difficile qui se livrera au sein du système politique palestinien une fois que cette guerre se calmera sera celle que mènera Mahmoud Abbas pour sa survie politique.
Depuis quil a accédé à la présidence en novembre 2004, il a subi des pressions formidables et des critiques de plus en plus nombreuses à cause de léchec total de chacune de ses stratégies.
Importe-t-il que ce soit lui le président ou quelquun dautre sorti du même moule que lui ?
De lavis de plus en plus de Palestiniens il importe de le remplacer par un dirigeant représentant plus authentiquement son peuple.
Ces dix dernières années, le Fatah, épine dorsale du mouvement national palestinien en dépit de la montée du Hamas, est devenu de plus en plus amer et divisé.
[Les factions du Fatah] nont été unies quune seule fois ces dix dernières années et ce fut en novembre 2004 afin de nommer Mahmoud Abbas pour succéder à Yasser Arafat.
Depuis, elles sont en guerre. Le mouvement se désagrège.
La nouvelle administration étasunienne essaiera-t-elle de trouver une personne pour ce rôle ?
Non, parce que cest ce que les États-Unis ont fait la dernière fois. La désignation du leadership palestinien doit être une décision nationale palestinienne. Cest tout.
Je suis davis que lécart sélargit entre Abbas et son entourage dune part, et la base du mouvement Fatah dautre part.
Bientôt les cercles rivaux du Fatah seront capables de sunir à nouveau, cette fois pour jeter Abbas par-dessus bord avant quil ne les entraine avec lui dans le navire en perdition quest sa présidence.
Si Israël décide darrêter sa guerre, le fera-t-il pour empêcher le Hamas davoir la satisfaction dobtenir un accord international ?
Depuis le début de cette guerre jai toujours dit que si Israël a pour principal objectif de délégitimer le Hamas, , il ny aurait pas de sens dun point de vue israélien à souscrire à un accord de cessez-le-feu auquel le Hamas est également partie.
Encore une fois, dun point de vue israélien, il est plus logique de faire une déclaration unilatérale : nous arrêtons les bombardements à partir daujourdhui, de lundi ou peu importe. Voici les nouvelles règles ; si on jette ne fût ce quune boîte de coca au-dessus de la frontière entre Israël et Gaza, nous envoyons un F-16 - aucun cessez-le-feu ne nous en empêche, de sorte que si nous apprenons quun dirigeant x du Hamas se trouve dans une maison donnée, comme il ny a pas de cessez-le-feu nous envoyons les missiles.
Vous avez plus ou moins un conflit sans fin, mais loffensive principale se sera terminée. La situation ressemblera beaucoup à celle que nous connaissons depuis 2002 - depuis la grande invasion israélienne de la Cisjordanie à lépoque.
Les Israéliens prennent-ils leur décision maintenant pour donner plus de poids aux entretiens entre lArabie Saoudite et lÉgypte plutôt que de légitimer ce qui sest passé ici au Qatar où le Hamas sest vu accorder lavant de la scène ?
Cela fait probablement partie de leurs calculs.
Il se peut bien quIsraël annonce la cessation unilatérale de loffensive, plutôt quune cessation unilatérale des hostilités avant la réunion du Koweït.
Les Israéliens espèrent ainsi couper lherbe sous les pieds de la réunion du Koweït dont les participants pourront alors prétendre que la simple menace de la convocation dun « véritable sommet arabe » a stoppé Israël net et que par conséquent il nest pas vraiment nécessaire de prendre des décisions sérieuses à cette réunion.
Donc, en dautres termes, Israël fournira des munitions au prétendu axe de la modération et du pragmatisme.
On nous dit que le « protocole daccord » - qui désigne le marché passé entre les États-Unis et Israël - concerne larrêt de la contrebande darmes à Gaza. Est-ce quil y a plus que cela ?
Oui. Cest le cadeau dadieu de George Bush à Israël et à ladministration étasunienne qui a incinéré quatre pays en moins de dix ans : lAfghanistan, lIrak, le Liban et maintenant la Palestine.
Le protocole donne aux États-Unis un rôle direct dans la guerre dIsraël contre le Hamas.
Les Américains ne publieront même pas les détails de cet accord.
Daprès certaines informations, un rôle serait également dévolu à lOTAN ; toutefois, empêcher le réarmement et le réapprovisionnement du Hamas nest pas simplement un problème israélien, cest un problème international
Al Jazeera
Mouin Rabbani, rédacteur au magazine Middle East Report, explique à Al Jazeera ce que signifie la guerre israélienne contre Gaza pour le Président palestinien, Mahmoud Abbas, et sa faction Fatah et quelles peuvent en être les autres répercussions.
Question : si les bombardements israéliens sarrêtent, quelle sera la principale bataille politique pour les Palestiniens ?
La bataille la plus difficile qui se livrera au sein du système politique palestinien une fois que cette guerre se calmera sera celle que mènera Mahmoud Abbas pour sa survie politique.
Depuis quil a accédé à la présidence en novembre 2004, il a subi des pressions formidables et des critiques de plus en plus nombreuses à cause de léchec total de chacune de ses stratégies.
Importe-t-il que ce soit lui le président ou quelquun dautre sorti du même moule que lui ?
De lavis de plus en plus de Palestiniens il importe de le remplacer par un dirigeant représentant plus authentiquement son peuple.
Ces dix dernières années, le Fatah, épine dorsale du mouvement national palestinien en dépit de la montée du Hamas, est devenu de plus en plus amer et divisé.
[Les factions du Fatah] nont été unies quune seule fois ces dix dernières années et ce fut en novembre 2004 afin de nommer Mahmoud Abbas pour succéder à Yasser Arafat.
Depuis, elles sont en guerre. Le mouvement se désagrège.
La nouvelle administration étasunienne essaiera-t-elle de trouver une personne pour ce rôle ?
Non, parce que cest ce que les États-Unis ont fait la dernière fois. La désignation du leadership palestinien doit être une décision nationale palestinienne. Cest tout.
Je suis davis que lécart sélargit entre Abbas et son entourage dune part, et la base du mouvement Fatah dautre part.
Bientôt les cercles rivaux du Fatah seront capables de sunir à nouveau, cette fois pour jeter Abbas par-dessus bord avant quil ne les entraine avec lui dans le navire en perdition quest sa présidence.
Si Israël décide darrêter sa guerre, le fera-t-il pour empêcher le Hamas davoir la satisfaction dobtenir un accord international ?
Depuis le début de cette guerre jai toujours dit que si Israël a pour principal objectif de délégitimer le Hamas, , il ny aurait pas de sens dun point de vue israélien à souscrire à un accord de cessez-le-feu auquel le Hamas est également partie.
Encore une fois, dun point de vue israélien, il est plus logique de faire une déclaration unilatérale : nous arrêtons les bombardements à partir daujourdhui, de lundi ou peu importe. Voici les nouvelles règles ; si on jette ne fût ce quune boîte de coca au-dessus de la frontière entre Israël et Gaza, nous envoyons un F-16 - aucun cessez-le-feu ne nous en empêche, de sorte que si nous apprenons quun dirigeant x du Hamas se trouve dans une maison donnée, comme il ny a pas de cessez-le-feu nous envoyons les missiles.
Vous avez plus ou moins un conflit sans fin, mais loffensive principale se sera terminée. La situation ressemblera beaucoup à celle que nous connaissons depuis 2002 - depuis la grande invasion israélienne de la Cisjordanie à lépoque.
Les Israéliens prennent-ils leur décision maintenant pour donner plus de poids aux entretiens entre lArabie Saoudite et lÉgypte plutôt que de légitimer ce qui sest passé ici au Qatar où le Hamas sest vu accorder lavant de la scène ?
Cela fait probablement partie de leurs calculs.
Il se peut bien quIsraël annonce la cessation unilatérale de loffensive, plutôt quune cessation unilatérale des hostilités avant la réunion du Koweït.
Les Israéliens espèrent ainsi couper lherbe sous les pieds de la réunion du Koweït dont les participants pourront alors prétendre que la simple menace de la convocation dun « véritable sommet arabe » a stoppé Israël net et que par conséquent il nest pas vraiment nécessaire de prendre des décisions sérieuses à cette réunion.
Donc, en dautres termes, Israël fournira des munitions au prétendu axe de la modération et du pragmatisme.
On nous dit que le « protocole daccord » - qui désigne le marché passé entre les États-Unis et Israël - concerne larrêt de la contrebande darmes à Gaza. Est-ce quil y a plus que cela ?
Oui. Cest le cadeau dadieu de George Bush à Israël et à ladministration étasunienne qui a incinéré quatre pays en moins de dix ans : lAfghanistan, lIrak, le Liban et maintenant la Palestine.
Le protocole donne aux États-Unis un rôle direct dans la guerre dIsraël contre le Hamas.
Les Américains ne publieront même pas les détails de cet accord.
Daprès certaines informations, un rôle serait également dévolu à lOTAN ; toutefois, empêcher le réarmement et le réapprovisionnement du Hamas nest pas simplement un problème israélien, cest un problème international