Promouvoir le colonialisme ....dénier et occulter l'existence même de cette Algérie qui a été le théâtre d'invasions durant des siécles ....faire valoir leur droit sur ce pays du fait de leur présence depuis un siécle comme une évidence .... Désolée....nous n'avons pas la même lecture !....je ne vois aucun pragmatisme.
Tu es trop dure et effectivement nous n'avons pas la même lecture. Sa vie est un récit de combats pour la justice et la liberté ! Il a sans cesse dénoncé les violences du colonialisme, et ses injustices ! Il ne l'a jamais caché !
Il promouvait une Algérie française, pas le colonialisme. Cela a été vu comme une aberration par un certain nombre de militants indépendandistes et c'est d'ailleurs ces mêmes personnes qui utilisent cet aspect là des dires de Camus pour en faire un (inconscient ?) colonial. Mais je suis de ceux qui pensent qu'il défendait un idéal de coexistence, qui rimait par la négation d'une Algérie algérienne au profit d'une algérie française, une Algérie franco- judéo- berbéro, arabe musulmane.
Il faut tout de même voir les combats qu'il a mené, aussi bien au sein du mouvement l'Etoile Noire Africaine mais surtout au travers de ses écrits, notamment au sein du quotidien Alger Républicain, qui lui a valu un certain nombre de représailles..
En '56, durant la guerre d'Algérie, Camus lançait à Alger son « Appel pour une trêve civile en Algérie ». « Sur cette terre, disait Camus, sont réunis un million de Français établis depuis un siècle, des millions de musulmans, Arabes et Berbères, installés depuis des siècles, plusieurs communautés religieuses, fortes et vivantes. Ces hommes doivent vivre ensemble, à ce carrefour de routes et de races où lhistoire les a placés. Ils le peuvent, à la seule condition de faire quelques pas les uns au-devant des autres, dans une confrontation libre ».
On ne peut pas se baser sur une simple phrase, lorsqu'il dit qu'il défendrait sa mère avant la justice, pour dire de lui qu'il fut un défenseur du colonialisme français ! Il faut tout de même remettre les choses dans leur contexte, quand il dit cela, il le dit en faisant référence aux massacres aveugles qui sévissaient dans les rues d'Alger. C'est par rapport à ces massacres qu'il dit cela, affirmant que sa mère ou sa soeur pouvaient faire partie des victimes.
Mais autrement, sa vie entière fut un combat menée pour la justice, la liberté et la coexistence pacifique. C'est indéniable ! Prétendre le contraire serait faire preuve d'un réel manque de bonne foi et de reconnaissance.
Aussi, s'il fallait transposer Camus à l'échelle contemporaine, sans aucun rapport avec sa carrière littéraire mais plutôt en prenant compte de sa personnalité et de sa position politique, je le comparerais sans doute à Michel Warschawski.
Lui même dit-il, lorsqu'on l'interroge au sujet de son amour pour Israel : qu'« il aime Israël comme on aime l'enfant d'un viol. On ne peut en vouloir à l'enfant des circonstances de sa conception. »
Quand je dis que Camus manquait de pragmatisme, c'est tout simplement parce qu'il pensait qu'on pouvait trouver une issue au conflit de manière pacifique et non par la violence. Mais cela était impossible ! (ceci dit la question est toujours ouverte.. !) Lui y croyait ! Il défendait un idéal sans pour autant cautionner les barbaries et l'injustice du colonialisme puisqu'il a consacré sa vie à les combattre et les dénoncer !
Douce nuit,