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Il a multiplié les interventions catastrophiques au niveau régional, telles que la guerre terrible au Yémen, le blocus du Qatar, le kidnapping du Premier ministre libanais qui a débouché sur une déconfiture, l’échec en Syrie, en Irak, les tensions structurelles avec la Turquie et conjoncturelles avec le Maroc, l’Egypte, la Jordanie…
et le rapprochement très impopulaire avec Israël.
Il a transformé l’Arabie saoudite en un facteur d’instabilité dans la région à l’instar de l’Iran. Le pays est devenu un fardeau pour les alliés occidentaux, et notamment la Maison-Blanche qui est embarrassée une nouvelle fois avec l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, la goutte d’eau de trop qui a dévoilé le vernis du nouveau régime saoudien version "MBS", autoritaire et rigide, où règne le culte de la personne et caractérisé par l’improvisation et l’amateurisme, ce qui a débouché sur des catastrophes collectives, comme au Yémen, ou individuelles, comme le sort de ce malheureux assassiné à Istanbul.
L’image de modernisateur que "MBS" s’était efforcé de construire depuis quatre ans est écornée, sinon définitivement, de manière durable. Tout son système de communication et de légitimation s’est effondré. Sans l’appui de la Maison-Blanche, je ne vois pas comment il pourrait tenir. Or Donald Trump profite de toute occasion pour rappeler que sans la protection américaine, le roi Salmane ne tiendrait pas deux semaines.
Quels sont les facteurs qui peuvent influencer le choix américain ?
A moins d’un revirement spectaculaire, les prochains jours seront, selon toute vraisemblance, décisifs. Si des preuves accablantes de l’implication de "MBS" dans cette affaire sont publiées, les choses risquent d’évoluer très vite.
Les élections de mi-mandat aux Etats-Unis [prévues le 6 novembre] sont également une variable importante. Si la chambre basse ou les deux chambres du Congrès changent de mains, le prince héritier pourrait en pâtir.
N’oublions pas que le Congrès, sans passer par la Maison-Blanche, peut imposer des sanctions à n’importe quel pays où les droits de l’homme ont été bafoués.
Mais les données du problème sont complexes et enchevêtrées. Plusieurs dictateurs ont échappé au XXe siècle à de semblables situations et régné durant plusieurs décennies. Je pense en particulier au roi marocain Hassan II après l’assassinat à Paris de son opposant Mehdi Ben Barka. Nous verrons si ce parallèle est encore valable aujourd’hui, ou si, à l’heure des réseaux sociaux et des chaînes par satellite, ce n’est plus possible.
Propos recueillis par Céline Lussato
https://actus.nouvelobs.com/monde/2...ia-_-edito&from=wm#xtor=EREC-10-[WM]-20181023
Voir aussi cette vidéo de "l'Obs" :
Erdogan s'exprime devant le Parlement sur le meurtre de Jamal Khashoggi
mam
Il a multiplié les interventions catastrophiques au niveau régional, telles que la guerre terrible au Yémen, le blocus du Qatar, le kidnapping du Premier ministre libanais qui a débouché sur une déconfiture, l’échec en Syrie, en Irak, les tensions structurelles avec la Turquie et conjoncturelles avec le Maroc, l’Egypte, la Jordanie…
et le rapprochement très impopulaire avec Israël.
Il a transformé l’Arabie saoudite en un facteur d’instabilité dans la région à l’instar de l’Iran. Le pays est devenu un fardeau pour les alliés occidentaux, et notamment la Maison-Blanche qui est embarrassée une nouvelle fois avec l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, la goutte d’eau de trop qui a dévoilé le vernis du nouveau régime saoudien version "MBS", autoritaire et rigide, où règne le culte de la personne et caractérisé par l’improvisation et l’amateurisme, ce qui a débouché sur des catastrophes collectives, comme au Yémen, ou individuelles, comme le sort de ce malheureux assassiné à Istanbul.
L’image de modernisateur que "MBS" s’était efforcé de construire depuis quatre ans est écornée, sinon définitivement, de manière durable. Tout son système de communication et de légitimation s’est effondré. Sans l’appui de la Maison-Blanche, je ne vois pas comment il pourrait tenir. Or Donald Trump profite de toute occasion pour rappeler que sans la protection américaine, le roi Salmane ne tiendrait pas deux semaines.
Quels sont les facteurs qui peuvent influencer le choix américain ?
A moins d’un revirement spectaculaire, les prochains jours seront, selon toute vraisemblance, décisifs. Si des preuves accablantes de l’implication de "MBS" dans cette affaire sont publiées, les choses risquent d’évoluer très vite.
Les élections de mi-mandat aux Etats-Unis [prévues le 6 novembre] sont également une variable importante. Si la chambre basse ou les deux chambres du Congrès changent de mains, le prince héritier pourrait en pâtir.
N’oublions pas que le Congrès, sans passer par la Maison-Blanche, peut imposer des sanctions à n’importe quel pays où les droits de l’homme ont été bafoués.
Mais les données du problème sont complexes et enchevêtrées. Plusieurs dictateurs ont échappé au XXe siècle à de semblables situations et régné durant plusieurs décennies. Je pense en particulier au roi marocain Hassan II après l’assassinat à Paris de son opposant Mehdi Ben Barka. Nous verrons si ce parallèle est encore valable aujourd’hui, ou si, à l’heure des réseaux sociaux et des chaînes par satellite, ce n’est plus possible.
Propos recueillis par Céline Lussato
https://actus.nouvelobs.com/monde/2...ia-_-edito&from=wm#xtor=EREC-10-[WM]-20181023
Voir aussi cette vidéo de "l'Obs" :
Erdogan s'exprime devant le Parlement sur le meurtre de Jamal Khashoggi
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