Donc, ce hadith, il est pas vrai ?
Ainsi, `Â’ishah - que Dieu l’agrée - assista au mariage d’un couple médinois et lorsqu’elle rentra chez elle, le Prophète - paix et bénédiction sur lui - lui demanda : « Ô `Â’ishah, n’ont-ils pas organisé une fête ? Parce que les
Ansâr aiment faire la fête. » Ibn `Abbâs dit : « `Â’ishah assista au mariage d’une femme médinoise parmi ses proches. Le Messager de Dieu - paix et bénédiction sur lui - arriva et dit : « Avez-vous offert les cadeaux à la mariée ? » On répondit : « Oui ! » Il demanda : « Avez-vous envoyé quelqu’un chanter en son honneur ? » `Â’ishah répondit : « Non. » Le Messager de Dieu - paix et bénédiction sur lui - reprit : « Les
Ansâr sont des gens galants. Pourquoi n’avez-vous pas envoyé avec la mariée quelqu’un chantant par exemple :
Ataynâkum ataynâkum
Fa-hayyânâ wa hayyâkum
`Â’ishah raconte que Abû Bakr - que Dieu l’agrée - entra chez elle un jour de Fête du Sacrifice (
`îd al-ad’hâ) et qu’il trouva deux servantes qui chantaient et jouaient du tambour, alors que le Prophète - paix et bénédiction sur lui - était recouvert d’un drap. Abû Bakr se mit en colère contre elles. Le Prophète - paix et bénédiction sur lui - se découvrit alors le visage et dit : "Laisse-les Abû Bakr ! Ce sont des jours de fête."
L’Imâm Al-Ghazâli mentionne dans son livre
Al-Ihyâ’ les hadiths sur le chant des deux servantes et sur les jeux pratiqués par les Abyssins dans la Mosquée du Prophète - paix et bénédiction sur lui - alors que ce dernier les encourageait par des exclamations : "Bravo, enfants de Arfadah !" Ces hadiths précisent également la demande formulée par le Prophète à l’intention de `Â’ishah pour savoir si elle voulait regarder le déroulement des jeux ou non. Ces mêmes hadiths ajoutent en outre que le Prophète demeura en compagnie de son épouse jusqu’à ce que celle-ci s’ennuyât et voulût partir. On rencontre enfin des hadiths mentionnant que `Â’ishah jouait avec ses amies. Al-Ghazâlî conclut quant à ces hadiths : « Tous ces hadiths sont mentionnés dans les deux
Sahîh [
1]. Ils constituent de fait un texte explicite prouvant que le chant et les divertissements ne sont pas illicites. On peut par ailleurs en tirer un certain nombre de conclusions concernant diverses permissions :
Le divertissement : tout le monde sait que les Abyssins ont leurs danses et leurs jeux.
Il est permis de se divertir à l’intérieur même de la mosquée.
Le fait que le Prophète dise aux Abyssins : "Bravo, enfants de Arfadah !" montre qu’il leur demande de poursuivre leurs jeux et les encourage à cela. Comment peut-on alors considérer que ces jeux sont illicites ?
Le Prophète a empêché Abû Bakr et `Umar - que Dieu les agrée - de blâmer, de refuser ou d’interdire le divertissement. Il leur a expliqué que c’était un jour de fête et un moment de gaieté. Or, le divertissement est source de gaieté.
Le Prophète est resté longtemps à regarder les jeux abyssins et à écouter leur musique, après que `Â’ishah - que Dieu l’agrée - a exprimé son accord pour rester également. Cela montre qu’en termes de noblesse de caractère (
husn al-khuluq), il est meilleur de faire plaisir aux femmes et aux enfants en assistant avec eux à des divertissements que de vivre dans un ascétisme austère, se priver et priver autrui des plaisirs mondains.
Le Prophète a même pris les devants pour demander à `Â’ishah si elle désirait regarder le déroulement des jeux.
Le chant est permis, ainsi que le battement du tambour, comme le montre le hadith des deux servantes. » Al-Ghazâlî poursuit tout ceci dans le chapitre de l’écoute.
On a rapporté au sujet d’un grand nombre de Compagnons et de Successeurs - que Dieu les agrée - qu’ils écoutaient des chansons sans y voir le moindre mal.
Quant aux hadiths prophétiques qui interdisent le chant, il faut savoir qu’ils sont complètement défaillants, si bien qu’aucun d’eux n’a été épargné de la récusation des juristes et des traditionnistes. Le juge Abû Bakr Ibn Al-`Arabî dit : « Rien d’authentique n’existe quant à l’interdiction du chant. » Ibn
Hazm dit : « Tout ce qui a été rapporté sur l’interdiction du chant est faux et controuvé. »
le chant devient illicite s’il est accompagné d’autres interdits comme l’alcool, l’indécence ou la débauche...