Fatima est morte à l’époque où les policiers français jetaient les Algériens à la Seine »
Pour la police, il n’y a eu que deux morts officiellement durant la manifestation.
Par la suite, 200 à 300 cadavres ont été découverts. Il u a eu plus de 300 disparus. Pour la police, ces cadavres étaient ceux d’Algériens qui ont bizarrement décidé comme ma sœur le 17 octobre 1961 de se donner la mort. On sait très bien que tous ces morts là sont décédés le 17, 18 ou 19 octobre 1961 et que les corps ont été balancés dans la Seine. Beaucoup de corps n’ont jamais été retrouvés. Certains ont été transportés par le courant jusqu’à Rouen et au Havre, voire même jusqu’à la mer ».
Fille de tirailleur algérien
En 1938, les gendarmes sont venus le chercher au village pour qu’il effectue son service militaire. », à la caserne de Constantine de 1938 à 1940. A la seconde guerre mondiale, l’Armée française l’amène en France pour y faire la guerre. » Il n’a pas combattu longtemps car le 17 juin 1940 son unité a été faite prisonnière par les Allemands. Il est resté en captivité dans le camp de Chevagnes, dans l’Allier, durant un an. Comme, il savait cuisiner, on l’a mis dans les cuisines du camp pour préparer les repas des gardes Allemands et des SS » confie Djoudi.
Le 21 juillet 1941 après un an de captivité, son père s’échappe. Djoudi raconte : « Il se rendait au village du coin qui se trouvait à proximité du camp pour faire le réapprovisionnement. Il a profité de l’inattention de ses gardes pour entrer dans l’église qui se trouvait tout près de son lieu de détention.
En voyant mon père, le curé lui a donné des vêtements de civils et un vélo pour qu’il puisse s’évader et arriver à joindre la ligne de démarcation. C’est une fois qu’il a réussi à dépasser cette ligne qu’il a pu être rapatrié en Algérie.
Mais il a été mobilisé une seconde fois en 1943 pour être muté au sein du troisième régiment de tirailleurs algériens de l’infanterie du Général de Monsabert. Et c’est au sein de ce régiment qu’il a participé au combat en Tunisie et à la campagne d’Italie avec les batailles de Sienne et de Rome. Puis le 15 août 1944, il a embarqué en Italie avec son unité du troisième régiment de tirailleurs algériens pour débarquer à Saint-Tropez « .
Des villes comme Toulon et Marseille ont pu être libérées grâce à la participation dans les combats du troisième régiment des tirailleurs algériens. « Son unité a aussi poursuivi les Allemands à travers les Alpes et le Jura et s’est battue dans les Vosges et en Alsace. Mon père m’a dit qu’il avait beaucoup souffert du froid et de la neige dans cette région. Il a terminé ses combats en mai 1945 à Stuttgart en Allemagne.
Bon nombre de ses camarades sont retournés en Algérie en 1945. Ils ont retrouvé leurs familles complètement décimées par un autre massacre qui avait eu lieu à l’époque, le 8 mai 1945, jour de capitulation nazi. Mon père, en fin de compte, était en quelque sorte en sursis car seize ans après Sétif, la France coloniale lui a enlevé sa fille » conclut Djoudi.