Je propose plutôt à ceux qui s’intéressent à l'histoire, cet article de Ugo Bardi, qui en est une parfaite illustration. Il est l’un des rares à analyser l’Histoire et le présent avec plusieurs grilles d’analyses très pertinentes. Ugo Bardi est membre du Club de Rome, membre du corps professoral de l'Université de Florence et auteur de "Extracted" (Chelsea Green 2014), "The Seneca Effect" (Springer 2017) et Before the Collapse (Springer 2019)
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Et dont voici un extrait :
Au fil des ans, les empires ont changé de nom, mais la lutte stratégique pour la domination du monde est restée inchangée. Au cours de la Première Guerre Mondiale, en profitant de la tourmente en Russie, les forces allemandes ont pris le contrôle de la Crimée en avril 1918. Ce fut une occupation de courte durée et les Allemands se sont retirés en novembre. La Russie tsariste a disparu et, en 1920, l’Armée rouge a occupé la Crimée après qu’elle avait été sous le contrôle de l’armée blanche anti-bolchevique et ensuite envahie par les Français. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, l’Histoire se répétait une fois de plus. Les forces de l’Axe ont attaqué la Crimée en 1941 et ont réussi à prendre Sébastopol après un siège prolongé. Ensuite, l’Armée rouge a repris Sébastopol en 1944. Un modèle semble apparaître dans tous ces événements : les armées occidentales semblaient être toujours en mesure d’occuper la Crimée, mais jamais de la tenir bien longtemps.
L’Empire britannique a décliné au cours des décennies suivantes, remplacé par l’Empire américain ; l’Union Soviétique a disparu en 1991, remplacé par la Fédération de Russie. Mais l’importance de la Crimée et du port militaire de Sébastopol est restée inchangée. À notre époque, l’accent mis sur la lutte s’est déplacé de plus en plus de la guerre traditionnelle au genre de guerre
« hybride » qui inclut la propagande, l’infiltration et les psy-ops. En 1954, l’administration de la Crimée avait été transférée à un autre pays soviétique, l’Ukraine. Lorsque le coup d’État d’Ukraine de 2014 a déplacé le pays dans la sphère d’influence occidentale, il a semblé que l’Occident avait trouvé un moyen facile de prendre le contrôle de la Crimée. Cela n’a pas fonctionné comme prévu. Moins d’un an plus tard, la Russie a repris la Crimée dans une contre-opération, sans verser de sang contre cette guerre hybride. Encore une fois, nous voyons comment l’Occident, apparemment, peut prendre la Crimée mais ne peut pas la retenir.
Sans surprise, le retour de la Crimée en Russie (
obrazovanje en russe) en 2014 n’a pas été pris avec beaucoup de fair-play en Occident et cela a mené à une autre série de guerres hybrides, cette fois fondées sur des sanctions économiques. La lutte est encore en cours et la petite péninsule de Crimée demeure l’un des principaux points de frottement de l’équilibre stratégique mondial. Outre l’importance du port militaire de Sébastopol, la Crimée a la caractéristique de faire partie de la Russie mais, en même temps, d’être déconnectée du continent russe et d’être vulnérable aux attaques par la mer. Ces caractéristiques en font une cible possible pour un leader occidental agressif. En même temps, l’importance de la Crimée pour la Russie est si élevée qu’aucun chef russe ne pouvait même rêver d’abandonner la Crimée avant d’essayer de la défendre avec tous les moyens disponibles. C’est une recette pour le désastre, aujourd’hui comme ça l’était à l’époque de Louis-Napoléon. Que cela nous amène à une autre guerre mondiale, la Troisième Guerre Mondiale, reste à voir sans être totalement exclu.
Originellement paru sur
A blog about collapse as caused by depletion of mineral resources and climate change
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