Ou peut être que nazareen n'a rien à avoir avec nassara et vis versa.
Lappellation de Nazaréens (héb. נצרים Netzarim ou נוצרים Notzrim) fut la toute première que les chrétiens prirent sur la base du titre de Nazaréen ou Nazôréen donné à Jésus (la vocalisation importe peu « Ainsi s'accomplit ce que le Seigneur avait dit par les prophètes : Il sera appelé Nazaréen. » Matthieu 2,23 ; Actes des Apôtres 2,22 ; 3,6 ; 4,10 ; 22,8 ; 26,9) ; mais sa signification, probablement multiple, nous échappe aujourdhui. Peu à peu, à partir de lan 34, elle fut abandonnée au profit de celle de disciples du Messie (en grec : christianoï, ce qui donne chrétiens en français miyayé en araméen). Un groupe reprit cette appellation à son compte, celui que vise cet article, et quil convient de désigner sous le terme plus précis, suggéré par Ray A. Pritz[1], de « judéo-nazaréens » afin déviter les équivoques dues aux auteurs patristiques : ceux-ci, qui les évoquent sans jamais sy intéresser, les ont parfois confondus avec des groupes gnostiques, ce quils ne sont pas. Lavantage de lappellation de « judéo-nazaréens » est de rappeler leur origine judéenne, au moins pour le noyau dentre eux, issu de la communauté judéo-chrétienne de Jérusalem autour de Jacques, un cousin de Jésus ; celui-ci fut assassiné par le Grand Prêtre en 62 puis, à cause de la Première guerre judéo-romaine, tous les judéo-chrétiens quittèrent la ville en 68 juste avant quelle ne soit totalement encerclée par les Romains, et la plupart y revinrent après 70[2], quand les derniers insurgés de la ville furent vaincus. Un groupe refusa de revenir et sorganisa en Syrie : les « judéo-nazaréens ».
Certains auteurs gréco-romains tels qu'Irénée, Augustin, Jérôme, Épiphane les ont quelquefois appelés Ébionites, (qualificatif signifiant simplement pauvres, ébionim). Vus de lextérieur, cest-à-dire par des païens ou même par des chrétiens issus de milieux païens, les juifs croyant en Jésus étaient facilement assimilés entre eux, et cette erreur est toujours fréquente aujourdhui en Occident. Car des réalités antagonistes sont ainsi regroupées : croire que Jésus sauve, ou croire quil est seulement le messie, ce qui nest pas du tout la même chose.
1.Du côté de ceux qui croient que Jésus sauve, cest-à-dire de ceux qui, seuls, doivent être appelés judéo-chrétiens, il faut compter la Communauté de Jérusalem, qui subsista au moins jusquau 4e siècle, mais également la Communauté de Chypre, ou encore la grande Église de lOrient, basée à Céleucie-Ctésifon , appelée « nestorienne » de manière très erronée : héritière des traditions judéo-chrétiennes de Judée et de Mésopotamie, elle a gardé des expériences théologiques et liturgiques proches de celles des Apôtres (ce que lidentité de langue laraméen facilitait évidemment).
2.Du côté des ex-judéo-chrétiens qui ont nié que Jésus sauve par lui-même, il faut compter les judéo-nazaréens et tous ceux quils ont suscités ou influencés, notamment les ariens. Ces judéo-nazaréens sopposent radicalement aux judéo-chrétiens en même temps quils sopposent aux autres juifs. Car bien sûr, subsistaient aussi diverses communautés juives qui, sous obédience pharisienne ou non, ont refusé dès le départ de reconnaître Jésus comme Messie.
Le monde juif du Ier et du IIe siècle était marqué par une grande pluralité ; celle-ci sexpliquait parfois par des raisons simplement géographiques : plus de la moitié des « juifs » vivait (déjà) hors de la Terre Sainte, jusquen Chine[3] (ce qui explique dailleurs la rapide extension de lÉglise de lOrient jusque là-bas). Ce quon appelle communément « judaïsme » est simplement la forme prise par les communautés dobédience pharisienne à partir du synode de Yavneh en Galilée, en lan 95, forme qui nest devenue majoritaire que beaucoup plus tard.
Les indications patristiques sont donc à replacer dans ce contexte. Par exemple, d'après Épiphane (Panarion 29.29), la « profession de foi [des Nazaréens] est bien celle des Juifs en tout, sauf quils disent croire au Christ. Chez eux, en effet, on professe quil y a une résurrection des morts et tout vient de Dieu ; ils proclament aussi un seul Dieu et son Serviteur Jésus-Christ ». Jérôme, dans une épître à Augustin présente leur doctrine comme étant « se vouloir juive et chrétienne, mais n'être ni l'un ni l'autre ». Cette remarque doit être bien comprise : en fait, ce groupe, dérivé de la communauté judéo-chrétienne de Jérusalem, prétendait être formé des seuls vrais juifs et des seuls vrais chrétiens. Concrètement, leur doctrine sest constituée en opposition à la prédication des apôtres, dont elle est une réinterprétation radicale.
suite...
source :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Judéo-nazaréisme