Dit autrement, ça se résume à : "Si personne n'agit, pourquoi agirais-je ?".Pour info, ça s'appelle la dilution de la responsabilité ou l'effet témoin. Un truc assez connu en psycho-sociale. Et tous les humains dans le monde y sont soumis.
Plus y a de monde autour de toi, moins tu te sens responsable de ce que tu vois.
Cependant, je trouve le terme de dilution de responsabilité, assez mal choisi.
Dans l'effet témoin, tu assistes au "crime", tu en as une vison globale et tu n'agis pas.
La dilution de responsabilité procède, à mon avis, d'une autre essence : tu n'as pas une vision globale du crime et tu agis. Pour la Shoah, le conducteur du train ou le gendarme qui arrêtait les juifs n'avait pas une vison globale du crime.
Pourtant, ils agissaient.
Pour en revenir à l'effet témoin :
Moi, qui me promenait, dans les rues de Berlin, dans les années trente, pourquoi aurais-je empêché le lynchage d'un juif par un groupe de chemises brunes ?
Toi, tu as vécu, dans ta chair et dans tes trippes le génocide rwandais. Le colonisateur allemand a favorisé les tutsis
sur des critères, certes, stupides. Comment peut-on l'inclure dans cette notion de dilution de la responsabilité ?
En d'autres termes, le colonisateur reste-t-il potentiellement responsable ?
Le système de partage des terres qui fractionnait parce qu'il n'était pas obligataire pour les descendants n'a t-il pas favorisé cette grogne ?
Je suis foncièrement désolé de te rappeler à de mauvais souvenirs, mais, je te pose ces questions en tant que personne ayant vécu cet innommable. Je comprendrais très bien une fin de non recevoir.