La presse tire à vue
«Indigne !», «Lamentable !» A la fois désolée et cruelle, la presse se déchaîne vendredi contre l'équipe de France et son sélectionneur, au lendemain de la «déroute» de Polokwane face au Mexique (0-2). Sous le titre «les imposteurs», L'Equipe mène la charge sans ménagement. «La nullité de l'équipe de France dément tous les discours tenus par Raymond Domenech et ses joueurs sur leur force de caractère et leur capacité de réaction», écrit le journal dont l'édito, intitulé «trompettes», ne désigne pas vraiment les vuvuzelas... «Ce matin, la France contemple un champ de ruines: son équipe nationale», commence Fabrice Jouhaud. «Pas de tristesse, pas de désolation, surtout pas de colère. Ce serait trop donner à ces hommes qui ne savent rien offrir», poursuit le directeur de la rédaction, pour qui, «le je-m'en-foutisme est la seule bannière sous laquelle cette équipe est capable de rassembler.»
«Chez ces Bleus-là, les passes n'arrivent pas, les duels sont perdus, les erreurs défensives légion»
La presse s'amuse quand même, rivalisant de jeux de mots ou surfant sur l'actualité. Clin d'oeil à l'excellente équipe mexicaine, L'Union (de Reims) a vu des Bleus en «sombres héros» (c'est également le titre de... Lequipe.fr). Libération Champagne s'exclame «Ay, ay, ay, c'est encore raté !». Sur Internet, Rue89.com se gausse de Bleus qui «ont bu la Tequila jusqu'à la lie». Pour Libération, l'équipe de France a subi un «nettoyage aztèque»... L'actualité s'invite aussi sur la planète foot. «A la retraite, les Bleus» ironise Midi Libre (Montpellier). Les soixante-dix ans de la célèbre émission de radio du général de Gaulle inspire également Le Progrès (Lyon) qui se lamente de «la pelle du 17 juin». Dans le même registre, Le Bien Public (Dijon) ou Le Maine Libre (Angers) regrettent «la débâcle» de la France.
La presse s'interroge : comment en est-on arrivé là ? «Cette défaite (...) est une sanction logique et méritée pour une équipe sans âme, sans envie, sans fierté. (...) ces Bleus n'étaient capables que d'un orgueil mal placé, de mesquines cabales et de mépris pour leur environnement», écrit ainsi Jacques Camus dans La République du Centre. Ils ont «prouvé en six jours qu'ils n'avaient tout simplement pas leur place à ce premier Mondial africain», estime L'Alsace sous la plume de Marc Wilb. «Chez ces Bleus-là, les passes n'arrivent pas, les duels sont perdus, les erreurs défensives légion», ajoute-t-il en dénoncant «le fantôme d'Anelka, l'inutile Govou» ou encore l'absence du «meilleur buteur de l'histoire des Bleus, Thierry Henry». Dans L'Est Républicain, Christian Frichet écrit: «On cherchera des boucs émissaires, Domenech a le look mais les derniers épisodes ont démontré aussi qu'il ne faudrait surtout pas qu'il porte seul le sombrero».
«Et maintenant, éviter l'Argentine» (L'Excelsior)
On en oublierait presque que les Bleus peuvent encore se qualifier. Dans son éditorial au vitriol, L'Equipe rappelle qu'il reste un «espoir infime». «Sait-on jamais qu'ils finissent champions du monde et qu'ils ne pardonnent jamais à notre journal», écrit Fabrice Jouhaud, mais c'est pour ajouter aussitôt : «Franchement, on s'en fout». La presse mexicaine dessine la voix étroite des Bleus. Sur son site Internet, L'Excelsior écrit «Y ahora, evitar a Argentina» («Et maintenant, éviter l'Argentine»). Seule une victoire du Mexique sur l'Uruguay mardi prochain peut en effet permettre à la Tri de ne pas rencontrer en 8e l'Albiceleste, promise à la première place du groupe B. Et si la France gagne contre l'Afrique du Sud en empilant les buts...