«Je regrette d'avoir été influencée par des parasites extérieurs»
Comme pour les messages de 2013, exhumés par
Le Parisien, il n'est jamais question précisément du viol et des agressions dont Henda Ayari dit avoir été victime. Au cours de l'échange, elle écrit néanmoins qu'à l'époque des faits dénoncés, des «parasites extérieurs» lui ont demandé de témoigner contre Tariq Ramadan :
«À l'époque, j'étais pas bien et instable psychologiquement à cause de mes blessures du passé. Je regrette mon comportement et surtout d'avoir été influencée par des parasites extérieurs contre toi malgré tout. Je ne pourrai jamais t'oublier et j'ai de l'affection et de la bienveillance pour toi et je sais que toi aussi.»
La semaine dernière, un autre élément contre Henda Ayari avait été versé au dossier selon l'AFP. Un fonctionnaire assermenté a produit une attestation dans laquelle il accuse Henda Ayari de l'avoir menacé d'une plainte pour viol, après avoir repoussé ses avances. Il dit avoir avoir rencontré Henda Ayari en mars 2013, alors qu'elle cherchait à obtenir des conseils juridiques dans le cadre de problèmes professionnels. «Quelques jours après, elle voulait me revoir, me disant avoir besoin de "réconfort". J'ai indiqué être marié, elle insistait, je refusais ses avances», dit ce témoin dans son attestation. «Elle m'a menacé de porter plainte pour viol si je n'acceptais pas une relation sexuelle avec elle, me harcelant des jours durant», ajoute-t-il.
D'autres conversations exhumées par Le Parisien
Mi-novembre, le parquet de Paris s'était vu remettre le contenu d'une autre conversation privée entre l'islamologue et Henda Ayari, 15 mois après le viol présumé. Le 5 juin 2013, elle reprend contact avec l'islamologue Tariq Ramadan sur Facebook, raconte
Le Parisien. Lors de cet échange, la jeune femme ne fait pas non plus référence à son agression présumée. Et évoque aussi des pressions extérieures :
Ayari : «Salam Tariq comment vas-tu ? (...) Ça fait longtemps, je voulais avoir de tes nouvelles
Ramadan : — Et pourquoi ? Insultes et menaces ont été tes derniers mots. Pourquoi revenir ?
Ayari : — Nous sommes des êtres humains avec nos failles. J'étais dans une période difficile et instable et des personnes qui te haïssent m'ont monté la tête contre toi en te faisant passer pour un monstre pervers et sans cœur.»
À l'époque, ses avocats, Mes Jonas Haddad et Grégoire Leclerc, ont évoqué un contexte de «pressions psychologiques» et avaient livré cette précision au quotidien
:
«Notre cliente, qui a été victime des pressions de M. Tariq Ramadan pendant trop longtemps, a enfin décidé de ne plus se taire afin que justice soit faite. Nous nous étonnons de voir rendue publique une conversation d'ordre privé entre Mme Henda Hayari et M. Tariq Ramadan, complètement sortie de son contexte. Personne ne peut être dupe : cette information a pour objectif de discréditer notre cliente qui, à l'époque des faits, était sous l'emprise d'un homme qui exerçait sur elle des pressions psychologiques extrêmement fortes. Des menaces de mort ont également été formulées [...]. La manipulation est le mode opératoire habituel de M. Tariq Ramadan. Nous le démontrerons devant la justice et non devant les médias.»
Une seconde plainte visant Tariq Ramadan pour des faits similaires dans un hôtel à Lyon, en 2009, a été déposée fin octobre. Les deux plaignantes ont été entendues par la police, à Rouen et à Paris, ainsi que l'essayiste Caroline Fourest qui avait indiqué avoir remis des documents aux enquêteurs.
Depuis son dépôt de plainte, Henda Ayari fait l'objet de nombreuses menaces et d'injures. Elle a d'ailleurs porté plainte contre X à la mi-novembre. Dans une longue enquête,
Mediapart avait mis en avant la mécanique de contrôle et de menaces du «système Ramadan». Contacté, l'avocat de l'intellectuel, Me Bouzrou, n'a pas souhaité livrer de commentaires.
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