Les Marocains sont fascinés par le vagin
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Vous avez décidé de rentrer dans la postérité par l’anatomie féminine ?
(Rires) Je ne sais pas. Ce qui est sûr, c’est que la réaction des médias est vraiment étonnante. D’habitude, lorsque je mets en scène une nouvelle pièce, les journalistes qui viennent à la conférence de presse consacrent à mon travail un entrefilet, quelques lignes, tout au plus. Il faut croire que le vagin est devenu une valeur artistique refuge.
Donc Dialy, c’est le jackpot ?
C’est normal, le sujet énerve, intrigue et agace. Et, en même temps, il attire comme un aimant. Il y a une fascination “primitive” pour le vagin. Il faut savoir que nous n’avons donné que deux représentations et la version finale n’est pas encore achevée. Nous voulons en faire un texte dynamique, pour pouvoir interagir avec le public.
Racontez-nous l’adaptation des Monologues du vagin à la sauce marocaine...
C’est un projet lancé en 2011. Il s’agit de contrecarrer autrement ce que subissent les femmes (viols, harcèlement sexuel, etc.) en braquant les projecteurs de manière tendre et humoristique sur leur intimité. Pour cela, nous avons questionné des dizaines de femmes. Et ce qui en est ressorti est extraordinaire : il y a au moins 25 mots différents pour désigner le vagin dans le langage quotidien.
Quel est le nom le plus bizarre que vous ayez listé?
C’est Sram. J’ai découvert après que ça voulait dire l9adouss (bouche d’égout). C’est dégradant et ça donne à la femme un “statut” d’objet sale. Cela dit, cette histoire de noms n’est qu’une partie du spectacle qui permet de raconter des histoires drôles et d’autres qui le sont moins.
Quelle est l’histoire qui vous a le plus marquée ?
Certains entretiens étaient très émouvants. Il m’est arrivé de pleurer, surtout quand une femme vous raconte que lors de sa nuit de noces, son mari l’a étouffée avec un oreiller pour la dépuceler violemment. C’est d’une barbarie insoutenable.
Vous ne risquez pas ainsi de montrer les hommes comme des brutes assoiffées de sexe ?
Pas du tout. Il s’agit d’une tentative d’éradiquer la hogra qu’exercent certains hommes sur les femmes et de promouvoir le respect entre les deux sexes. Je suis sidérée par le manque d’éducation chez les gens qui s’insultent dans la rue en utilisant les différentes appellations du vagin. Pourquoi on ne ferait pas comme cet Etat américain qui impose une amende pour punir les personnes qui s’injurient dans les lieux publics ? A 5 dirhams l’insulte, on pourra facilement renflouer la Caisse de compensation…
Ne craignez-vous pas qu’une fatwa soit lancée contre Dialy ?
C’est un concept qui n’existe pas réellement au Maroc. Il y a juste des gens qui donnent leur point de vue. C’est le cas de Cheikh Zemzmi, dont l’idée de halaliser les relations sexuelles d’un homme avec sa femme décédée donne des frissons dans le dos. D’un autre côté, il a frôlé l’avant-gardisme en proposant l’usage des carottes comme *******. Il a parlé de sexe bio sans le savoir (rires).