En effet. Mais pour ça, "fuck les écolos", comme tu dis.
Et aussi "fuck les locaux" qui, disons-le pour la plupart des bladi's qui n'étaient pas nés, se sont battus pendant des mois contre des crs, les gendarmes mobiles et même les paras, en nombre, quotidiennement, sous les gaz, les grenades OF,...avec les vieilles en coiffes qui distribuaient les tranches de citron contre le gaz.
Plogoff 1975. Les cadeaux de l’État et d’EDF : des lotissements, des piscines, des équipements sportifs, des usines, des emplois… Des millions de francs couleront les sillons du
cap Sizun.
Mais, une centrale nucléaire la pointe du Raz qui dresse ses rochers noirs face à l’île de Sein ? Non.
« l’un des derniers promontoires du monde occidental », selon l’écrivain breton Pierre Jakez Hélias. C’est une côte déchiquetée par les vagues de l’Atlantique. Sur la lande, ajoncs et bruyères ploient sous les rafales des vents d’Ouest. Ici, la terre est pauvre, les arbres squelettiques et les humains robustes. Le paysage est d’une beauté bouleversante, impressionnante. Devant cette immensité sauvage, on se demande comment des technocrates ont pu envisager d’y édifier une centrale nucléaire.
Mais surprise ! Les villageois ne veulent pas du béton, des maisons neuves et des terrains de golf… ! Ils veulent garder leur lande, leur sable, leurs rochers, leur granit, leurs ajoncs… Les promoteurs d’EDF étaient loin de penser qu’ils affronteraient une opposition radicale, obstinée, et que sept ans plus tard, EDF et l’État seraient contraints de céder devant la pression citoyenne.
Engagement total du maire, Jean-Marie Kerloch, aux côtés de ses concitoyens. Lorsqu’il reçoit les dossiers de l’enquête publique — procédure classique de consultation pour tout projet d’envergure —, il décide avec son conseil municipal d’y mettre le feu sur la place de l’hôtel de ville, le 30 janvier 1980.
Acte de rébellion spectaculaire qui entrainera l’arrivée de mairies annexes installées dans des estafettes et gardées par sept escadrons de gendarmes mobiles. Barrages et manifestations vont s’enchainer quotidiennement devant ce que les villageois ressentent comme une agression.
À Plogoff, les hommes sont en mer : ils travaillent pour la marine marchande, pour la Royale (la Marine nationale) ou encore sur les bateaux de pêche. Les femmes sont habituées à se débrouiller seules. Pendant les six semaines de l’enquête publique imposée par la force aux habitants (janvier – mars 1980), ce sont elles qui tiennent tête aux gendarmes mobiles, dont certains craquent, décontenancés par des grands-mères qui les insultent. Ils seront remplacés par des escadrons de parachutistes plus aguerris.
Face aux grenades lacrymogènes, les villageois brandissent leurs lance-pierres.
Peu à peu, la lutte va mobiliser des dizaines de milliers de personnes — 100 000 lors du rassemblement Plogoff-Larzac à la baie des Trépassés, en mai 1980 —, l’engagement de citoyens venus de toute la Bretagne et plus tard de toute la France, la mobilisation des artistes et chanteurs bretons, l’occupation du terrain de la future centrale par une bergerie, le jumelage avec la lutte du Larzac.
Times they are a'changin.....