Les remplacements sont toujours violents, d'une manière ou d'une autre. Vous l'avez vous-même dit : il existera toujours des gens pour vouloir défendre leur culture. De surcroît, maoris, aborigènes, amérindiens, parlent désormais en majorité la langue de ceux qui les ont remplacés, ne connaissent plus leur religion traditionnelle, et n'ont plus la moindre influence politique et culturelle sur les territoires qui étaient autrefois les leurs, sans parler du fait qu'ils vivent souvent dans des enclaves.
Sur votre deuxième point, je crois qu'il faut poser la question autrement : doit-on être indifférent au sort de notre culture, et doit-on en relativiser l'importance, sous prétexte qu'elle peut être balayée par les grands mouvements de l'Histoire comme tant d'autres l'ont été avant la nôtre ? Je crois ici que tout dépend de ce à quoi vous attachez de l'importance. Si vous êtes individualiste et universaliste, vous aurez tendance à considérer cette perte comme négligeable. Mais c'est là que se niche le véritable problème. Êtes-vous sûr que votre individualisme, votre athéisme, votre humanisme, n'est pas lui-même le produit de votre culture ; et qu'en la voyant disparaitre elle n'emportera pas avec elle toute votre vision du monde ?
Non, en effet, il n'y aura pas de remplacement aussi bref. Il se fera par étapes, d'abord des enclaves se détacheront, puis avec l'afflux de populations jeunes, dynamiques et abondantes, des portions de plus en plus grandes de la France se détacheront inexorablement. Ce processus prendra des décennies, mais il se fera si nous ne sommes pas capables entretemps de conserver et de transmettre notre culture aux nouveaux entrants.