Ce n’est pas la première fois que le Secrétariat général contrevient aux statuts des Nations unies. Lors de la guerre contre la Syrie, il avait rédigé un plan d’une cinquantaine de pages sur l’abdication du gouvernement syrien, impliquant la déchéance de la souveraineté populaire syrienne et la dé-baasification du pays. Ce texte n’a jamais été publié, mais nous l’avons analysé dans ces colonnes avec effroi. En définitive, l’envoyé spécial du secrétaire général à Damas, Staffan de Mistura, a été contraint de signer une déclaration reconnaissant sa nullité. Quoiqu’il en soit, la note du Secrétariat général interdisant aux fonctionnaires de l’ONU de participer à la reconstruction de la Syrie
3 est toujours en vigueur. C’est elle qui paralyse le retour des exilés dans leur pays au grand dam non seulement de la Syrie, mais aussi du Liban, de la Jordanie et de la Turquie.
Lors de la Guerre de Corée, les États-Unis profitaient de la politique soviétique de la chaise vide pour mener leur guerre sous le drapeau des Nations unies (à l’époque, la Chine populaire ne siégeait pas au Conseil). Il y a dix ans, ils utilisaient le personnel de l’ONU pour mener une guerre totale contre la Syrie. Aujourd’hui, ils vont plus loin en prenant position contre un membre permanent du Conseil de sécurité.
Après être devenue une organisation sponsorisée par des multinationales sous Kofi Annan, l’ONU s’est transformée en une annexe du département d’État sous Ban Ki-moon et António Guterres.
La Russie et la Chine sont conscientes, comme tous les autres États, du fait que l’ONU ne remplit plus du tout sa fonction. Au contraire, l’Organisation aggrave les tensions et participe à des guerres (tout au moins en Syrie et dans la Corne de l’Afrique). Aussi Moscou et Beijing développent-ils d’autres institutions.
La Russie ne porte plus ses efforts vers les structures héritées de l’Union soviétique comme la Communauté des États indépendants, la Communauté économique eurasiatique, voire même l’Organisation du traité de sécurité collective ; ni même vers celles héritées de la guerre froide, comme l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. Non, elle se concentre vers ce qui pourra redessiner un monde multilatéral.