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On voit ici où peut mener une réponse. D’où l’importance de savoir à qui l’on s’adresse. Parfois, une réponse venant d’un ignorant peut causer sa mort ou celle d’autrui. Dans ce hadith, nous avons l’exemple du moine qui répond sans connaissance et provoque sa mort.
Dans un autre hadith, le Prophète nous parle d’un compagnon qui, pendant une bataille, se lève en état d’impureté majeure (janâba). Or, il faisait trop froid pour faire les grandes ablutions (ghusl). Il demande alors aux autres compagnons s’il peut faire le tayyamum (ablutions sèches) au lieu du ghusl, ce à quoi ils répondent non. Il fait donc ses grandes ablutions avec de l’eau froide et il meurt suite à cela ! Cela provoqua la colère du Prophète qui leur dit :
« Ils l’ont tué, que Dieu les tue ! Ils auraient dû demander avant de lui répondre ». Donc, c’est quelque chose de très important de répondre en ayant le savoir, surtout dans ce genre de situation où quelqu’un cherche à revenir vers Dieu. La personne qui est en état d’adoration n’a pas forcément la réponse à ce genre de question, car c’est une question qui demande un savoir.
Ensuite, cet homme s’oriente vers un savant et lui pose la même question : il lui dit qu’il a tué 99 personnes, qu’il a été voir une autre personne pour se repentir mais qu’il l’a aussi tuée, et veut savoir si avec tout cela, il lui est encore possible de se repentir. Et le savant lui répond oui : « Qu’est-ce qui pourrait s’interposer entre toi et le repentir ? »
On voit la différence entre les simples actes d’adoration et leur compréhension : peut-être que ce savant n’avait pas le même degré que le moine quant à ses actes d’adoration, mais il avait la connaissance de Dieu. Il savait qui était Dieu. Il savait qu'Allah s’était qualifié comme étant Celui qui Pardonne.
Il lui indique alors deux choses :
Tout d'abord, de quitter l’endroit où il vit, car il y avait de mauvaises personnes dans cet endroit et l’oriente vers un autre lieu où il y a des gens de bien.
Ensuite, il lui dit d’adorer Dieu avec ces gens.
Être prêt à faire des efforts pour satisfaire Dieu...
Quitter l’endroit où il vit, puis se consacrer à l’adoration avec les gens qu’il trouvera n'est pas chose aisée ! Ainsi, le repentir passe parfois par des étapes difficiles et il faut donc être prêt à fournir ces efforts, être prêt à couper court à certaines situations qui nous éloignent de Dieu.
Comme on dit, « le meilleur moyen de sortir d’un endroit, c’est de ne pas y entrer ! » Par exemple, si nous avons un problème avec la télévision ou internet, nous allons peut être devoir l’enlever complètement. Si nous savons que lorsque nous nous rendons dans tel endroit, avec telle personne, cela va nous rappeler de mauvais souvenirs ou nos mauvaises habitudes, il va falloir couper l’accès à cet endroit et à ces personnes.
Un espoir actif...
Il y a donc le premier effort, qui est de quitter l’endroit où il est. Et le deuxième effort, c’est d’agir. Ce hadith nous montre qu’il faut garder l’espoir, quoi que nous ayons pu faire. Mais l’espoir vient avec l’action. D'autres hadiths nous invitent à la même chose : « fais suivre la mauvaise action par une bonne, elle l’effacera ». Nous voyons ce souci de l’islam de faire de nous des gens actifs, et non des gens passifs. Des gens qui sont optimistes, pas pessimistes. Dans cette situation, malgré les mauvaises actions, il faut redoubler de bonnes actions. Un verset va dans le même sens, en disant que les bonnes actions dissipent les mauvaises. L’imam Al Ghazali disait en ce sens : « faites en sorte que vos bonnes actions soient l’équivalent de vos mauvaises actions ». Cela veut dire que, par exemple, celui qui s’est mal comporté envers ses parents – et qui commet l'un des plus grands pêchés – doit faire suivre cette mauvaise action par une bonne, en se comportant bien avec ses parents. Que celui qui avait l’habitude de faire de la médisance sur quelqu’un en public, doit prendre l’habitude de dire du bien sur lui en public. Que celui qui a été injuste avec son frère et sa sœur doit se comporter avec justice et ainsi de suite.
Le repentir passe aussi par la réflexion...
En effet, il faut d’abord réfléchir : on comprend qu’on est dans une mauvaise situation, on se dit qu’on doit changer. Après cette réflexion, il faut agir. C’est pourquoi le compagnon Abu Dharr Al-Ghifâri dit dans un hadith que celui qui fait le bien dans ce qui lui reste à vivre, il lui sera pardonné ce qui est passé (c'est-à-dire ses mauvaises actions passées). On voit donc ce côté optimiste que l’islam cherche à nous transmettre, pour ne pas que nous tombions dans un pessimisme paralysant, en se disant : « C’est bon, c’est fini pour moi. Il n'y a plus d'espoir alors je vais attendre la fin de mes jours !».