« Si quelqu’un instaure dans l’Islam une bonne tradition (sounnah hassanah), il en aura la récompense et aura une récompense chaque fois que les gens la referont après lui sans que rien ne soit diminué de leurs récompenses. Mais si quelqu’un instaure dans l’Islam une mauvaise tradition (sounnah sayyi’ah), il se chargera de son péché et sera chargé d’un péché chaque fois que des gens la referont après lui sans que rien ne soit diminué de leurs péchés ».
Ce Hadith authentique est pourtant rapporté par les Imams Muslim, at-Tirmidhî, al-Nasâ’î, Ibn Mâjah, et d’autres.
Comme expliqué ci-dessus, les savants des quatre écoles sont depuis toujours unanimes sur la classification des innovations (bida’a) en bonnes (acceptées) et en mauvaises (rejetées).
Celle qui est bonne est celle qui ne contredit pas la Shari’ah et permet de faciliter les œuvres déjà prescrites et méritoires, tandis que la mauvaise innovation est tout ce qui est nouveau et contredit le Coran et la noble Sunnah.
Parmi les innombrables savants qui ont approuvés cette division, on peut par exemple citer l’Imam ash-Shafé’î qui a divisé l’innovation en deux parties, la première étant la « bida’a mahmûda » (approuvée) et la seconde la « bida’a madhnûma » (désapprouvée).
Ainsi, il est rapporté par Abou Nou’aym que l’Imam ash-Shafé’i a dit : « L’innovation (bida’a) se divise en deux parties : Celle qui est louable et celle qui est blâmable. Tout ce qui est conforme à la Sunna est louable et tout ce qui s’y oppose est blâmable ».
De même, l’Imam Al-Bayhaqi rapporte dans son Manaqib, cette parole de ash-Shafé’i : « Les innovations sont de deux types : l’un est ce qui est innové et qui rentre en conflit avec le Livre, la Sunna, un rapport d’un Compagnon [athar] ou un consensus ; cette innovation est un égarement. L’autre type est ce qui est innové à partir du bien et qui ne rentre pas en conflit avec quoi que ce soit de ce qui est précédemment cité; il s’agit alors d’une innovation qui n’a rien de blâmable ». (Dans Manaqib, Tome 1, page 468)
L’Imam an-Nawawî رحمه الله , le grand savant commentateur du Sahih de Muslim, classe l’innovation en cinq catégories. Il a écrit dans son ouvrage Al-Qawa’id (Al-Kubrâ) : « L’innovation est divisée en celle qui est obligatoire (wâjiba), interdite (muharrama), recommandée (mandûba), déconseillée (makrûha) ou indifférente (mubâha). La manière de décider est d’examiner l’innovation à la lumière des règles de la Loi (qawâ’id al-sharî’a). Si elle tombe dans le champ des obligations (îjab), elle est donc obligatoire, si elle tombe dans le champ des interdictions, elle est interdite (tahrîm), dans le champ des recommandations, elle devient recommandée, déconseillé si elle concerne ce qui l’est et permise si elle touche aux permissions ».
L’Imam al-‘Izz ibn Abd as-Salâm رحمه الله (m. 660 h) surnommé le sultan des ‘Ulamas a écrit : « La bida’a, c’est un acte qui n’a pas été connu à l’époque du Prophète Muhammad, mais elle se divise en 5 catégories : obligatoire, interdite, recommandée, déconseillée, autorisée. »
Exemples d’innovations obligatoires rapportées par le grand savant al-‘Izz ibn Abd as-Salâm رحمه الله : Apprendre la science de la grammaire Arabe (pour comprendre et protéger la Shar’iah), écrire les fondements de la Jurisprudence (Usul al-Fiqh), créer une science de la critique des narrateurs/rapporteurs de Ahadith, réfuter les sectes (mu’tazilites, mujassimas, qadiriyas, mourji’a…) ou encore réciter le Qour’an en essayant d’avoir une belle voix, tout en changeant les lettres du Qour’an, etc.