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Un bilan sans doute bien plus lourd
Le Haut-Karabakh, majoritairement peuplé d’Arméniens, a fait sécession de l’Azerbaïdjan à la chute de l’URSS, entraînant une guerre au début des années 1990 qui a fait 30 000 morts. Le front était quasiment gelé depuis, malgré des heurts réguliers.
Samedi, de violents affrontements ont opposé Arméniens et Azerbaïdjanais sur la majeure partie du front dans la région.
Le Haut-Karabakh a, lui, assuré avoir
« amélioré ses positions, préparant le terrain pour des avancées », tandis que Bakou proclamait avoir conquis 14 villages et un massif montagneux qualifié de stratégique, le Mourovdag, depuis le début des combats le 27 septembre.
Erevan a également officialisé, samedi soir, les nouveaux décès de 51 soldats de l’armée du Haut-Karabakh, portant le bilan officiel des affrontements à près de 250 morts. Depuis le début des hostilités, des bilans très partiels communiqués font état de 247 morts : 209 soldats combattant pour le Haut-Karabakh, 14 civils arméniens et 24 civils azerbaïdjanais, Bakou ne communiquant pas ses pertes militaires. Mais le bilan pourrait être bien plus lourd, alors qu’Erevan assure que 3 000 soldats azerbaïdjanais sont morts, et que Bakou affirme que 2 300 militaires arméniens ont été tués.
La « dernière bataille »
L’Arménie fait face
« au moment peut-être le plus décisif de son histoire », a déclaré samedi, lors d’une allocution télévisée, son premier ministre, Nikol Pachinian, en référence au conflit dans cette région que l’Azerbaïdjan cherche à reconquérir.
Pour le président du territoire séparatiste, Arayik Haroutiounian, la
« dernière bataille » pour le Haut-Karabakh a commencé. Il a annoncé samedi qu’il rejoignait le front pour combattre avec ses troupes.
Le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, a, lui, réitéré son appel au retrait des forces arméniennes des
« territoires occupés ».
« Nous allons reprendre nos territoires, c’est notre droit légitime et notre objectif historique », a-t-il déclaré lors d’un entretien donné à la chaîne de télévision Al-Jazira.
« Il faut que le conflit du Karabakh soit réglé maintenant », a-t-il insisté.
Mise en garde de l’Iran
Les deux camps ont largement ignoré les appels de la communauté internationale à faire taire les armes. Moscou, Washington et Paris, capitales des trois pays impliqués dans la médiation sur ce conflit sous l’égide de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), ont aussi réclamé un cessez-le-feu, sans succès.
Un autre sujet d’inquiétude est le déploiement de combattants pro-turcs venus de Syrie en soutien des troupes azerbaïdjanaises. La Turquie est un
indéfectible allié de l’Azerbaïdjan et le président turc, Recep Tayyip Erdogan, n’a de cesse de rappeler que seul un départ des troupes arméniennes du Haut-Karabakh peut ramener la paix.
Bakou nie que des combattants venus de Syrie aient été déployés mais le sujet a été évoqué vendredi par le président russe, Vladimir Poutine, qui a exprimé sa
« profonde préoccupation », sans citer nommément la Turquie. Le président français, Emmanuel Macron, a également affirmé que
300 combattants « djihadistes » avaient quitté la Syrie pour rejoindre l’Azerbaïdjan.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), 1 200 Syriens qui avaient combattu contre le régime de Bachar Al-Assad ont été envoyés par la Turquie pour se battre aux côtés des forces azerbaïdjanaises contre les séparatistes soutenus par Erevan. Au moins 64 d’entre eux auraient déjà été tués.