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Jelis t'es ou? tout va bien insh'Allah?
16 h 50. Des premiers heurts éclatent entre des jeunes au visage masqué et les forces de l'ordre. Le service d'ordre essaie de ramener le calme.
Salam alaykoum wa Rahmatullahi wa Barakatuh,
De mon côté ça va al hamdoulilah, juste un contrôle d'identité mouvementé, malheureusement ce ne fut pas la règle, j'ai été témoin de nombreuses violences policières, non justifiées dans tous les cas, car interpeller n'est pas ratonner, ni gazer, indépendamment des motifs d'interpellation. A la différence du rassemblement (appelons les ainsi puisqu'on semble nous dénier le droit de marcher d'un point A à un point B) de Barbès cet arbitraire policier a visé principalement des jeunes hommes, le relais sur le net des brutalités à l'endroit des femmes de la semaine dernière ayant dû faire mauvais genre, les policiers en civil et les CRS devaient avoir des directives.
En revanche, aux mêmes causes les mêmes effets. Cette obstination du gouvernement à faire interdire les manifestations qu'il juge à risque (pour des motifs politiques et non sécuritaires) provoque énormément de frustration et un sentiment de justice à deux vitesses, surtout chez les moins expérimentés des participants. Autant les membres de collectifs, organisateurs ou solidaires de l'appel à manifester sont des personnes familières de la criminalisation institutionnelle et judiciaire du mouvement de soutien au peuple palestinien dans ce pays (habituées ne veut pas dire blasées) autant les jeunes gens présents dans les manifestations de ces dernières semaines sont surpris et furieux du traitement qui est réservé à leur contestation.
Humainement c'est très stimulant de voir cette jeunesse dans la rue, la révolte au corps, exprimer son refus de l'injustice avec autant de fougue. J'espère que cette colère ne faiblira pas, nous avons un impact et il faut prendre conscience de cette force, l'inscrire dans la durée (en plus des actions de boycott qui portent leur fruit) est la seule perspective de dignité et de solidarité que nous avons. Il faut traduire cette énergie en efficacité politique.
A ce stade cela veut dire, je crois, deux choses: Occuper la rue, interdiction ou pas, partout en France et tant qu'il le faudra, jusqu'à infléchir la politique gouvernementale dans ce dossier, en exigeant notamment la suspension de tous les accords commerciaux UE-Israël et la dissolution de la LDJ, mais aussi, pour les votants, forcer les partis de gauche à prendre position sur le soutien à Israël sans attendre une nouvelle offensive militaire. Nous sommes la mauvaise conscience de la gauche: (ré)Affirmons qu'il n'y a pas de justice et donc pas de paix dans et par la colonisation. Comme nos aînés l'avaient rappelé à l'Etat colonial français par les mouvements de libération nationale, l'immigration prolétarienne doit faire savoir aujourd'hui qu'aucun courant de gauche n'aura son appui politique sans le préalable d'une condamnation ferme et claire du sionisme et de toute forme de colonialisme.
Mon opinion sur le cas précis de la Palestine, exprimée ici il y a quelques années, reste inchangée: En vertu de motifs géopolitiques qui excèdent très largement le cadre proche-oriental, l'intégrité territoriale et existentielle d'Israël est menacée à court ou moyen terme. Le retrait du soutien inconditionnel, financier et logistique surtout, des américains (forcés par les nécessités économiques de réévaluer leurs positions dans la région) est central dans la précipitation des plans militaires programmés par les gouvernements Netanyahou I, II et III. Il faut lire l'offensive des dernières semaines sous ce prisme. L'usage inconsidéré de la force n'est pas un signe de puissance mais bien plutôt celui d'une perte de contrôle. Subséquemment, les victimes de ces offensives à répétition sont de vains sacrifices car ces opérations n'atteignent ni leurs objectifs militaires, ni leurs objectifs politiques et ne sont pas de nature intellectuelle à endiguer le cours de l'Histoire. Un rapide coup d'oeil sur une carte, croisant intérêts énergétiques et alliances politiques dans la zone suffit à se faire une idée de l'issue, pas si lointaine que ça, de ce conflit.
Mais le soutien à la résistance du peuple palestinien doit continuer à se manifester partout car la capacité de résilience de l'Etat colonial, d'où qu'il soit, exige une lutte de tous les instants.
L'injonction qui nous est faite de condamner les "débordements" dans et/ou en marge des manifestations (alors même qu'on nous interdit de les organiser) m'inspire une seule chose: What you reap is what you sow.
Vive la Palestine libre.