Acte 2 : Washington juge la réélection de Nicolas Maduro en 2024 "illégitime"
Le 10 janvier dernier, Nicolas Maduro était investi une nouvelle fois comme président du Venezuela, dix jours avant Donald Trump aux Etats-Unis. L'occasion pour l'administration de Joe Biden, de dénoncer une nouvelle fois le caractère
"illégitime" de la réélection du président vénézuélien pour un troisième mandat de six ans, en juillet 2024, alors que l'opposition avait revendiqué la victoire. L'ancien chauffeur de bus et disciple de Hugo Chavez, au pouvoir depuis la mort de ce dernier en 2013, est accusé de longue date
de se maintenir grâce à la force et à des fraudes électorales. En 2019, déjà, les Etats-Unis de Donald Trump avaient reconnu un opposant, Juan Guaido, comme président légitime du Venezuela.
Lors de la dernière présidentielle,
"les institutions gouvernementales liées à Nicolas Maduro ont proclamé une victoire à 52% du président, sans fournir les résultats officiels, alors que le rapport de force était nettement en faveur de l'opposition, explique Thomas Posado.
C'est le résultat d'une dérive autoritaire dans le pays". Pour cette raison, la prime contre Nicolas Maduro avait été relevée à 25 millions de dollars en début d'année.
"Il y a deux camps qui s'opposent au sein du gouvernement américain : un camp marqué par la diplomatie, et un autre marqué qui souhaite faire jouer les rapports de force, estime Thomas Posado.
Mais ils ont un objectif commun : faire plier Nicolas Maduro, lutter contre l'influence chinoise en Amérique latine, mais aussi permettre le renvoi de migrants vénézuéliens aux Etats-Unis dans le pays."
Acte 3 : les Etats-Unis envoient des navires dans les Caraïbes, Nicolas Maduro mobilise des milices
Le 18 août, Nicolas Maduro a assuré avoir activé
"un plan spécial" pour préparer de
"4,5 millions de miliciens" – un chiffre contesté par les experts
– à défendre le territoire national. Il a dénoncé une tentative de
"changement de régime, d'attaque terroriste militaire", et assuré que ses milices étaient
"préparées, activées et armées". Une réponse manifeste à la hausse de la prime américaine pour son arrestation, mais aussi à l'annonce par le chef de la diplomatie des Etats-Unis, Marco Rubio, du déploiement de forces navales et aériennes américaines dans les Caraïbes pour une opération antidrogue.
Depuis, les Etats-Unis et le Venezuela rivalisent de réponses militaires. Interrogée par la presse sur un éventuel déploiement de troupes américaines au Venezuela, la porte-parole de la Maison Blanche a affirmé le lendemain que Donald Trump recourrait à "
tous les moyens" pour "
empêcher les drogues d'inonder" les Etats-Unis. Depuis le 21 août, Donald Trump a dépêché plusieurs navires de guerre au large du Venezuela, des destroyers lance-missile, au motif de lutter contre le narcotrafic international. Un croiseur les a encore rejoints vendredi, après avoir traversé le canal de Panama.
"
Ce qu'ils menacent d'essayer de faire contre le Venezuela est immoral, criminel et illégal", a lancé de son côté Nicolas Maduro à l'Assemblée nationale vénézuélienne, le 24 août. Le lendemain, lundi, Caracas a annoncé la mobilisation de 15 000 membres de ses forces de sécurité à la frontière avec la Colombie, au nom, là-aussi, de la lutte antidrogue. Mardi, le ministre des Armées vénézuélien a déclaré envoyer des
"patrouilles navales dans le golfe du Venezuela et des navires de plus grand tonnage plus au nord dans nos eaux territoriales", ainsi qu'
"un déploiement important de drones avec différentes missions".
En point d'orgue de cette montée des tensions, Nicolas Maduro a prononcé un discours devant les forces armées, jeudi.
"Il n'y a aucune chance qu'ils puissent entrer au Venezuela", a-t-il clamé au sujet des Américains, affirmant que son pays était préparé à défendre
"la paix, la souveraineté et l'intégrité territoriale." S'il agite la menace d'un débarquement américain, dénonçant une tentative de
"changement de régime", les Etats-Unis n'ont jamais menacé publiquement d'envahir le pays.
"En mobilisant la population contre la menace des Etats-Unis, Nicolas Maduro peut à nouveau se présenter comme un défenseur de la souveraineté du Venezuela", observe Thomas Posado. Et se servir de cet épisode pour redorer son image auprès de sa population.