POLITIQUE – C’est une mésaventure kafkaïenne que dit avoir vécu Timothy Hucks le 21 mars dernier. Alors qu’il se rendait dans un débit d’alcool proche de son appartement à Rabat, cet Américain installé au Maroc depuis quelques mois où il travaille en freelance affirme avoir été embarqué par la police et expulsé dans un mini-bus jusqu’à Béni Mellal avec une trentaine d’Africains subsahariens. C’est ce qu’il raconte dans une longue série de messages publiés sur Twitter le 30 août, depuis devenue virale.
J’ai quitté ma maison pendant deux minutes. Et deux minutes suffisaient. Si vous envisagez de voyager ou de vivre au Maroc, mais avez l’audace de le faire en tant que noir, lisez ceci d’abord”
“Sur le chemin, un homme est venu vers moi et s’est mis à me dire bonjour, et me parler en français”, explique le jeune homme au HuffPost Maroc. Jusqu’à aujourd’hui, il ne sait toujours pas si l’homme qui l’a interpellé était un policier. “Il m’a ensuite saisi et m’a demandé d’où je venais et mon passeport, que je n’avais pas sur moi. Je lui ai montré mon permis de conduire sur lequel on peut clairement lire ‘Etat de New-York’. Il ne m’a pas cru et lui et son collègue m’ont embarqué dans une voiture et emmené au poste”.
“Certes je suis jeune sur la photo de mon permis mais il est clairement écrit État de New-York et c’est bien ma photo”, continue le jeune homme.

Je suis devenu frustré parce que je le lui avais déjà dit. Bien que je n’avais pas eu mon passeport, je lui ai montré mon permis. Il s’en fichait. Son copain a dit: ‘Nous allons vous emmener loin d’ici.’ Quand je lui ai dit que je n’allais nulle part avec eux, ils m’ont retenu et m’ont menotté.”
Une fois au poste, ce dernier y rejoint plus d’une trentaine de jeunes hommes aussi interpellés, tous d’origine subsaharienne. La police prend alors son empreinte, son identité, et lui pose des questions sur sa nationalité. “On m’a demandé d’où je venais et d’où mes parents venaient”, explique ce dernier. “J’ai répondu ‘l’Amérique’ et ils ont ri”, écrit-il encore. “Ils m’ont accusé de faire partie de Boko Haram (organisation terroriste présente au Nigéria, ndlr), ce qui a été une escalade assez soudaine de la situation”, ajoute Timothy.
Lui et le groupe d’hommes, après environ deux heures, sont emmenés dans un mini-bus touristique et lâchés à Béni Mellal. Arrivé dans la ville, Timothy finit par réussir à acheter un ticket d’autocar faisant le trajet inverse pour rentrer à Rabat.
Une fois de retour, ce dernier se fait discret, évitant toute rencontre nouvelle avec des policiers. “J’ai légèrement dépassé la validité de mon visa parce que je ne voulais avoir aucune interaction avec des agents d’autorité”, rapporte-t-il.
Cependant, ce dépassement de la validité de son titre de séjour le met désormais face à l’administration et la justice. En effet, aujourd’hui, le jeune homme tente de quitter le royaume, mais il lui serait interdit de quitter le pays et doit désormais trouver un avocat et passer devant un juge.
Suite à la publication de son thread sur Twitter, Timothy dit avoir reçu des messages de plusieurs personnes habituées à ces situations et prêtes à l’aider: “je vais finir par quitter le Maroc”, affirme avec optimisme le jeune homme.
Contacté par le HuffPost Maroc, le porte-parole de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) n’a pas encore encore souhaité commenter cette affaire.
Une histoire rocambolesque qui n’est cependant pas inédite. “Comme nous l’avons décrit dans notre rapport ‘Coûts et blessures’ paru en septembre dernier, nous avons des témoignages de deux jeunes marocains raflés à Tanger parce qu’ils étaient noirs de peau. Les policiers pensaient qu’ils étaient arrivés enfants au Maroc et avaient appris l’arabe...”, affirme au HuffPost Maroc Mehdi Alioua, sociologue et fondateur du Groupe antiraciste d’accompagnement et de défense des étrangers et migrants (GADEM).
“Aucune distinction n’est faite entre les personnes et très rarement, les documents d’identité sont contrôlés, ce qui prouve que ces arrestations sont faites au faciès sans aucun fondement juridique”, précisait notamment le rapport du GADEM.
L’éloignement des migrants est une méthode critiquée par les défenseurs des droits des migrants mais dont l’usage date de bien avant l’arrivée de la question migratoire au Maroc: “Les autorités coloniales ont toujours tenté de réguler les populations urbaines en les raflant... Il y avait des indésirables en villes, des clandestins, qui étaient régulièrement raflés et déposés dans des zones reculées”, souligne Mehdi Alioua.
J’ai quitté ma maison pendant deux minutes. Et deux minutes suffisaient. Si vous envisagez de voyager ou de vivre au Maroc, mais avez l’audace de le faire en tant que noir, lisez ceci d’abord”
“Sur le chemin, un homme est venu vers moi et s’est mis à me dire bonjour, et me parler en français”, explique le jeune homme au HuffPost Maroc. Jusqu’à aujourd’hui, il ne sait toujours pas si l’homme qui l’a interpellé était un policier. “Il m’a ensuite saisi et m’a demandé d’où je venais et mon passeport, que je n’avais pas sur moi. Je lui ai montré mon permis de conduire sur lequel on peut clairement lire ‘Etat de New-York’. Il ne m’a pas cru et lui et son collègue m’ont embarqué dans une voiture et emmené au poste”.
“Certes je suis jeune sur la photo de mon permis mais il est clairement écrit État de New-York et c’est bien ma photo”, continue le jeune homme.

Je suis devenu frustré parce que je le lui avais déjà dit. Bien que je n’avais pas eu mon passeport, je lui ai montré mon permis. Il s’en fichait. Son copain a dit: ‘Nous allons vous emmener loin d’ici.’ Quand je lui ai dit que je n’allais nulle part avec eux, ils m’ont retenu et m’ont menotté.”
Une fois au poste, ce dernier y rejoint plus d’une trentaine de jeunes hommes aussi interpellés, tous d’origine subsaharienne. La police prend alors son empreinte, son identité, et lui pose des questions sur sa nationalité. “On m’a demandé d’où je venais et d’où mes parents venaient”, explique ce dernier. “J’ai répondu ‘l’Amérique’ et ils ont ri”, écrit-il encore. “Ils m’ont accusé de faire partie de Boko Haram (organisation terroriste présente au Nigéria, ndlr), ce qui a été une escalade assez soudaine de la situation”, ajoute Timothy.
Lui et le groupe d’hommes, après environ deux heures, sont emmenés dans un mini-bus touristique et lâchés à Béni Mellal. Arrivé dans la ville, Timothy finit par réussir à acheter un ticket d’autocar faisant le trajet inverse pour rentrer à Rabat.
Une fois de retour, ce dernier se fait discret, évitant toute rencontre nouvelle avec des policiers. “J’ai légèrement dépassé la validité de mon visa parce que je ne voulais avoir aucune interaction avec des agents d’autorité”, rapporte-t-il.
Cependant, ce dépassement de la validité de son titre de séjour le met désormais face à l’administration et la justice. En effet, aujourd’hui, le jeune homme tente de quitter le royaume, mais il lui serait interdit de quitter le pays et doit désormais trouver un avocat et passer devant un juge.
Suite à la publication de son thread sur Twitter, Timothy dit avoir reçu des messages de plusieurs personnes habituées à ces situations et prêtes à l’aider: “je vais finir par quitter le Maroc”, affirme avec optimisme le jeune homme.
Contacté par le HuffPost Maroc, le porte-parole de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) n’a pas encore encore souhaité commenter cette affaire.
Une histoire rocambolesque qui n’est cependant pas inédite. “Comme nous l’avons décrit dans notre rapport ‘Coûts et blessures’ paru en septembre dernier, nous avons des témoignages de deux jeunes marocains raflés à Tanger parce qu’ils étaient noirs de peau. Les policiers pensaient qu’ils étaient arrivés enfants au Maroc et avaient appris l’arabe...”, affirme au HuffPost Maroc Mehdi Alioua, sociologue et fondateur du Groupe antiraciste d’accompagnement et de défense des étrangers et migrants (GADEM).
“Aucune distinction n’est faite entre les personnes et très rarement, les documents d’identité sont contrôlés, ce qui prouve que ces arrestations sont faites au faciès sans aucun fondement juridique”, précisait notamment le rapport du GADEM.
L’éloignement des migrants est une méthode critiquée par les défenseurs des droits des migrants mais dont l’usage date de bien avant l’arrivée de la question migratoire au Maroc: “Les autorités coloniales ont toujours tenté de réguler les populations urbaines en les raflant... Il y avait des indésirables en villes, des clandestins, qui étaient régulièrement raflés et déposés dans des zones reculées”, souligne Mehdi Alioua.