2/ En vertu des accords bilatéraux et des relations entre Rabat et Riyad, et en dépit de la puissance de l’armée saoudienne en équipements, le premier ne pouvait pas laisser le second s’engager dans une guerre sans lui apporter son appui. Mohammed VI et le nouveau roi Salmane entretiennent des rapports très amicaux, déjà du temps où le roi saoudien était prince héritier, qu’il venait souvent en villégiature au Maroc et qu’il résidait dans les palais royaux. Cela crée des liens. Hier, les deux souverains ont eu un entretien téléphonique, lors duquel Salmane a remercié Mohammed VI pour son action.
3/ Le Maroc agit dans la légalité internationale qui peut se manifester de deux manières différentes : un mandat international, ou une demande officielle exprimée par le gouvernement officiel d’un pays. C’est le cas avec la requête présentée par le président Abdrabbou Mansour Hadi, comme mentionné dans le communiqué du ministère des Affaires étrangères. Le Maroc est donc dans une opération légitime.
4/ Bien qu’il y ait eu récemment un réchauffement entre Rabat et Téhéran, l’Iran chiite ne saurait s’investir dans la péninsule arabique sans inquiéter le Maroc, pays sunnite de rite malékite dirigé par un Commandeur des Croyants, lesquels croyants vouent une animosité séculaire pour les chiites, qui le leur rendent bien. Or, les Houthis sont chiites et donc appuyés par Téhéran qui, par leur intermédiaire, souhaite prendre pied à quelques kilomètres de l’Arabie Saoudite. Le Maroc ne peut laisser faire sans réagir un mouvement qui serait de nature à perturber les déjà bien fragiles équilibres dans la péninsule.
5/ L’offensive houthie, si elle réussit, procurerait aux rebelles, et à l’Iran, une maîtrise du Golfe d’Aden, passage obligé vers le canal de Suez et donc passage également des pétroliers qui alimentent l’Europe en hydrocarbures et des autres bateaux commerciaux, et militaires. Contrôler ce détroit stratégique ajouterait au risque déjà existant de la présence iranienne dans le détroit d’Ormuz, dans le golfe persique. On peut donc estimer que l’intervention arabe ait été faite par procuration des puissances occidentales, dont le mutisme confirme leur aval et même leur bénédiction à cette opération.