Contrairement à cette version initiale, deux témoins affirment à BuzzFeed France que
la raison n’était «ni religieuse, ni morale». Une troisième personne mise en cause a également livré plus de précisions sur sa page Facebook. «Je n’ai fait que séparer et c’est moi qui me suis fait agresser», explique cette jeune femme, réfutant les accusations d’agression à caractère religieux.
Contactée par BuzzFeed France, Anna (le prénom a été modifié), aussi présente lors de l’altercation, témoigne:
«
J’étais en effet avec trois amies et ma petite sœur mercredi vers 16h30, quand nous sommes allées au parc Léo Lagrange. Nous sommes passées devant trois filles en maillot de bain et j’ai juste dit à ma copine que si c’était moi, je n’oserais pas me mettre dans cette tenue. Mais j’ai dit ça car je suis complexée, absolument pas pour des questions religieuses ou morales. Je suis musulmane oui, mais tolérante».
Anna, 19 ans, a passé 24h en garde à vue après l’altercation et est convoquée en septembre prochain pour passer devant un juge. Toutefois, elle assure que l’altercation «n’était pas un lynchage»:
«Lorsque l’une des trois filles m’a entendue parler, elle m’a interpellée pour me dire qu‘“avec mon physique, elle comprenait que je n’ose pas me mettre en maillot”. Elle a également dit que j’étais grosse. Je suis allée vers elle pour lui donner une gifle, puis elle s’est battue avec mon amie. À partir de là, j’ai tout fait pour les séparer. Elles se sont battues seulement toutes les deux, avant que des témoins puis un policier en civil ne s’interposent.»
D’après Anna, la victime a bien eu 4 jours d’ITT, mais son amie a également reçu un arrêt de travail de 10 jours. Un comité de soutien doit publier un démenti rapidement pour contester la version initiale du quotidien
l’Union.
La justice semble en tout cas crédibiliser cette version ce dimanche.
Le parquet de Reims affirme que «ni la victime ni les auteures des coups n’ont fait état, lors des auditions, d’un mobile religieux ou d’un mobile moral qui aurait déclenché l’altercation». «Les mises en cause sont renvoyées devant le tribunal correctionnel en septembre uniquement pour des violences en réunion», précise le parquet à l’Union.
Par ailleurs, Anna affirme que son amie qui s’est battue avec la fille en maillot de bain a été agressée samedi par plusieurs personnes après la diffusion de cette histoire. Très troublée, elle ajoute:
«Les journalistes ne se rendent pas comptent de ce qu’ils font. Oui, elles n’auraient pas dû se battre, mais eux, auraient dû vérifier les informations. Depuis qu’ils ont laissé entendre que notre motif était religieux, c’est horrible. Ma famille ne veut plus me parler. Je dois dormir chez ma tante là. Je lis tous ces commentaires racistes sur nous. Franchement, nous sommes faibles, moi je suis faible, j’ai des idées noires.»
http://www.buzzfeed.com/davidperrotin/affaire-du-maillot-de-bain-a-reims-cela-navait-rien-a-voir-a