Sur demande du roi Juan Carlos ?
C’est d’abord l’un des avocats des victimes, Hamid Krayri, qui s’est offusquéde cette libération. L’information a ensuite été confirmée par la partie adverse.
Les circonstances de sa libération restent floues, même si le régime marocain a reconnu que l’homme fait partie d’une liste de 48 détenus espagnols graciés par le roi à l’occasion de la fête du Trône. Des contradictions sont apparues entre l’Espagne et le Maroc sur l’origine et la responsabilité de cette liste. Les deux Etats se renvoient la balle.
Selon un communiqué du palais royal publié mardi et cité par l’AFP, « Mohammed VI a ordonné la libération de 48 prisonniers espagnols [...] en réponse à une demande formulée en ce sens par le roi Juan Carlos ».
Le palais royal espagnol admet que « le roi Juan Carlos a sollicité la grâce pour un groupe d’Espagnols détenus au Maroc ». Mais il ne s’exprime pas sur la composition de la liste, renvoyant à l’ambassade d’Espagne de Rabat. Celle-ci conseille de joindre le ministère des Affaires étrangères à Madrid.
Deux agences de presse espagnoles citent des sources au sein de ce ministère. Elles affirment que les autorités marocaines ont élaboré la liste de personnes graciées. L’Espagne n’aurait proposé aucun nom.
D’après El Pais, « la liste des prisonniers graciés ce jour-là a dû être élaborée, comme c’est le cas d’habitude au Maroc, par le ministère de la Justice et l’administration pénitentiaire, qui dépend du Premier ministre ».
Le ministre de la Justice marocain, Mustapha Ramid, a estimé qu’il n’était « pas habilité à commenter » parce que « l’administration a pour mission d’exécuter ». Toutefois, d’après des sources proches de Mustapha Ramid, le ministère de la Justice « avait prévenu le cabinet royal de la présence du nom d’un détenu pédophile dans la liste des prisonniers espagnols à gracier ».
Le Palais royal marocain n’a pas réagi. Mais la polémique met en cause sa pratique de la grâce, accordée cette année à 1044 condamnés au total.