La saison 3 oscille entre créativité et maladresse scénaristique. Côté positif, les jeux sont plutôt bien pensés, en particulier ce labyrinthe haletant où les joueurs sont répartis en deux rôles antagonistes : traqueurs ou survivants. Une dynamique qui relance l’intérêt de la compétition, et offre un suspense avec une montée en tension.
Maintenant passons à ce qui m'a le plus agacé : Le bébé. Sorti de force du ventre de sa mère pour être introduit dans le jeu. La maman n'avait même pas l’air proche de l’accouchement... Mais passons. Dès le départ, on savait qu’il allait s’en sortir. Sa présence devient un prétexte bancal, censé illustrer la cruauté de certains participants, mais surtout utilisé pour lancer des débats glauques sur "ce que le bébé aurait pu gagner". La peur de mourir passe au second plan, écrasée par une obsession grotesque pour l'argent (ou plutôt... pour encore plus d'argent), même quand un nourrisson est dans la balance.
Les votes... encore et toujours des votes.. La série abuse de ce mécanisme pour créer du faux suspense ou ralentir artificiellement la narration. Les revirements de certains personnages : le souffre-douleur, le subalterne du junkie, le père du bébé... manquent de cohérence. Le pire reste le papa du bébé... qui jongle entre stratège protecteur et tueur psychopathe... Pourquoi vouloir éliminer Seong juste avant la toute dernière étape ? Il aurait pu s’allier à lui pour sauver le bébé et un papa (biologique ou pas). Une méfiance mal placée. J'aurais été curieux de le voir en duel 1v1 contre le bébé. J'imagine qu'il aurait quand même choisi de faire le pas (dans le vide), histoire de ne pas salir davantage son personnage… malgré sa menace (ou plutôt son bluff) de balancer le nourrisson si Seong ne lâchait pas le couteau.
Autre point noir... Les VIP. Dans la saison 1, leur apparition brève passait encore. Ici, ils squattent l’écran sans rien apporter.Des sarcasmes morbides, des mimiques dignes de PNJ sadiques… On comprend mieux pourquoi ils cachent leurs visages. Dommage que la Nord-coréenne ne les ait pas croisés pour les zigouiller tous, ça aurait été jouissif. On les garde éventuellement vivants pour une suite. Faut bien financer le jeu après tout !
La fin du jeu est frustrante. Seong clamse et le décor explose. Même le réalisateur et les acteurs semblaient perdus en interview.. On devine une production qui ne savait pas trop comment conclure. Le sacrifice final de Seong est le choix le plus facile. Et cette phrase de clôture…
"Nous sommes des humains, pas des chevaux". Ah ouais ? On croirait entendre la chute d’un exposé de collégien.
Quant à l’épilogue, il tente un virage "happy end" improbable : des cartes bancaires envoyées au flic et à la fille de Seong... Les anciens truands devenus bienfaiteurs… L’argent lave tout, voilà la vraie morale de l'histoire. L’actrice américaine parachutée en fin de saison évoque un spin-off US à venir... Une blonde chétive qui joue au ddajki dans une ruelle avec un colosse sdf, et qui lui colle une gifle alors que le pauvre a l'air déjà sonné par un paquet de bière. Pas crédible. On imagine mal des Américains en surpoids passer les épreuves de
Squid Game. Un hamburger au lieu d’une patate au déjeuner ? Les Yankees risquent de rechigner. Et l’ascension vers l’épreuve finale sera express vu le taux d’obésité. Bon je m’égare… mais clairement, tous les jeux ne sont pas transposables culturellement.
Parlons casting maintenant. Quelques personnages relèvent un peu le niveau : la Nord-coréenne, toujours intrigante. Quant aux trans, souffre douleur, papa du bébé, ils gagnent un peu plus en consistance... (mention à ce moment où le souffre-douleur "plane", chaussures en mains, en souriant à la poupée géante qui lui sourit en retour. Moment creepy mais mémorable). Seong, toujours en mode ze3ef, et ça lui sculpte des rides. Sa vengeance contre le faux militaire était disproportionnée. Juste un prétexte pour caser une course-poursuite dans le labyrinthe.
Pour résumer. Une saison qui a ses éclairs de tension et quelques bonnes idées, mais plombée par une écriture hésitante, une gesion du bébé maladroite, des personnages incohérents, et un message final flou, voire gênant... "On est des humains, pas des chevaux." D’accord… mais visiblement, rien ne vaut un bon compte bancaire bien rempli. Parce qu’une fois le deuil digéré, ce sont les cartes gold et les mallettes qui redonnent le sourire aux survivants les mieux lotis. L'ex-inspecteur qu'on voit à la fin... à mon avis il a laissé le bébé à la voisine et est parti vite check le compte bancaire. En tout cas, on le retrouve seul face au distributeur de billets...
Saison 3 : 7/10