La production de l’histoire de l’Algérie, en Algérie et en France, après la décolonisation (2001)
L’histoire de l’Algérie était, avant 1962, un quasi-monopole français, parce qu’elle était née dans un cadre universitaire français, en France, et dans les écoles supérieures d’Alger (fondées en 1879), devenues en 1909 l’Université d’Alger.
Les historiens s’étaient d’abord préoccupés des époques antique et musulmane, laissant l’étude des faits contemporains aux juristes, aux sociologues, et aux géographes ; puis ils les avaient abordés à leur tour en commençant par les origines et les débuts de la conquête et de la colonisation, comme le montre le corpus des thèses de droit et de lettres soutenues de 1870 à 1962 [1]. Une « école d’Alger » s’était affirmée par son enseignement et ses recherches sur place, mais Paris restait prépondérant comme lieu de soutenance des thèses de doctorat d’Etat.
Les historiens spécialistes de l’Algérie étaient généralement des « Algériens » de naissance (comme Xavier Yacono ou André Nouschi), ou arrivés très jeunes (comme Charles-André Julien), ou bien des enseignants métropolitains affectés en Algérie (comme Charles-Robert Ageron après 1945).
Une orientation « coloniste » avait été longtemps prépondérante dans le choix des sujets de thèse, notamment celles de Julien Franc,
Le chef-d’œuvre colonial de la France en Algérie, la colonisation de la Mitidja, et
L’histoire de la colonisation en Algérie, les sources d’archives (Paris, Lettres, 1928) ; de Robert Tinthouin,
Colonisation et évolution des genres de vie dans la région Ouest d’Oran de 1830 à 1885 (Alger, Lettres, 1945) ; de Hildebert Isnard,
La réorganisation de la propriété rurale dans la Mitidja (ordonnance royale du 21 juillet 1846 et commission des transactions et partages, 1851-1857), et
La vigne en Algérie (Paris, lettres, 1947) ; de Xavier Yacono,
La colonisation des plaines du Chélif et de la Mina, de Lavigerie au confluent de la Mina (Paris, Lettres, 1955). Toutefois, une évolution vers la prise en compte de la société autochtone se discernait à travers ces thèses, et se manifestait plus nettement dans l’autre thèse [2] de Xavier Yacono,
Les bureaux arabes et l’évolution des genres de vie indigènes de l’ouest du Tell algérois (Paris, Lettres, 1955), et surtout dans la thèse principale d’André Nouschi,
Enquête sur le niveau de vie des populations constantinoises de la conquête jusqu’en 1919, essai d’histoire économique et sociale (Paris, Lettres, 1959). L’influence des ouvrages non-conformistes de Charles-André Julien (
Histoire de l’Afrique du Nord, 1931, et
L’Afrique du Nord en marche, 1952), est évidente dans ce dernier cas.
Cependant, une contre-histoire nationale algérienne s’était affirmée, d’abord en arabe, sous la plume d’auteurs appartenant à l’Association des Oulémas musulmans algériens, comme Mubarrak-el-Mili (
Histoire de l’Algérie dans le passé et dans le présent, Alger, 1929), Ahmed Tawfik-el-Madani (
Le livre de L’Algérie, Alger, 1932), et Abderrahmane-el-Djilali,
Histoire générale del’Algérie, Alger, 1954 et 1956). Puis en français, dans les écrits d’intellectuels autochtones recherchant une synthèse entre ces ouvrages et l’enseignement de leurs maîtres français, notamment Ferhat Abbas dans ses nombreux articles [3], ainsi que les intellectuels organiques du PPA-MTLD qu’étaient Mostéfa Lacheraf et son aîné Mohammed-Chérif Sahli, auteur de nombreuses brochures de propagande à sujets historiques [4]..............
http://guy.perville.free.fr/spip/article.php3?id_article=35
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Décoloniser l'Histoire by Mohamed Sahli
Dans son ouvrage Décoloniser l'histoire, Mohamed-Chérif Sahli, ce «militant dès l'origine du mouvement de libération», a fustigé «les hommes de science [qui] se sont habitués à considérer l'Europe comme le centre du monde, l'Européen et ses valeurs comme la mesure des autres hommes et de leurs valeurs»...............
«Pour sortir de l'impasse, écrivait-il, il faut une nouvelle révolution copernicienne. Réviser l'outillage intellectuel, enrichir, élargir ou renouveler les postulats, les notions, les définitions, les théories et les valeurs afin d'exprimer, avec une ́ ́sympathie ́ ́, l'humanité dans sa totalité et sa diversité. Cette révision passe, en particulier, par la décolonisation de l'histoire et de la sociologie.»
http://www.goodreads.com/book/show/19547224-d-coloniser-l-histoire
"Il y a aussi un concept sur lequel j'aime bien faire friser les cheveux des gens : c'est dire que l'Algérie a été inventée par la France, qu'elle a été créée de toute pièce en 1830 dans des bureaux. L
Entretien avec
Aziz Chouaki
Tiens il y'a trop de menteurs sur l'histoire de l'Algerie
https://fr.wikipedia.org/wiki/Aziz_Chouaki