Maroc: Le secteur de l’immobilier s’enfonce dans la crise !
Le 20 Sep 2015 à 04:00:10
Voilà plus de quatre ans, que le secteur de l’immobilier traverse une période de vaches maigres qui semble s’éterniser. Et les promoteurs immobiliers commencent à perdre patience et appellent au secours les pouvoirs publics. Les séries de réunions de la FNPI avec les ministres de l’Habitat, de l’Urbanisme, de l’Intérieur et des Finances, entamées depuis le 20 février 2015, n’ont donné lieu à aucun résultat concret. Le secteur semble s’enfoncer durablement dans la crise. par S. Alattar
La question de la relance du secteur de l’immobilier est une question de politique économique par excellence. En toute logique, toute proposition et toute mesure de relance dans ce domaine, doit se fonder sur un diagnostic solide de la situation à traiter. Or, ce qui est étrange dans le débat qui a eu lieu, c’est que la Fédération Nationale des Promoteurs immobiliers (FNPI) passe tout de suite aux recommandations, sans les relier à une analyse de l’état du secteur, de son évolution et des facteurs qui l’ont conduit là où il est aujourd’hui. L’objectif, est bien évidemment de montrer que la seule sortie de crise réside dans l’octroi aux promoteurs de nouveaux avantages fiscaux et urbanistiques. C’est normal, pourrait-on nous répondre. Après tout, la FNPI est dans son rôle. C’est un groupe de pression qui défend les intérêts de ceux qu’il représente. Et c’est aux pouvoirs publics de concilier entre l’intérêt des groupes immobiliers et l’intérêt général.
En réalité, la situation de secteur de l’immobilier est beaucoup plus complexe. Pour sortir du brouillage méthodologique actuel, il faut reprendre le problème du bon côté et posons une question préalable : Quel est le problème du secteur de l’immobilier ? Y-a-t-il-une crise de l’offre ou une crise de la demande ? Quel est le segment stratégique sur lequel l’Etat doit agir ? Faut-il soutenir les promoteurs ou les acquéreurs ?
Commençons d’abord par les questions liées au diagnostic du secteur. De quoi souffre réellement l’immobilier depuis le début de cette décennie? L’analyse minutieuse du secteur montre que la crise actuelle est le produit de plusieurs facteurs qui se sont combinés et qu’il serait difficile de les détailler dans le cadre étroit de cet article. On se contentera d’évoquer les causes les plus importantes.
De grands groupes inondent le marché par des produits concurrents
Un phénomène sans précédent s’est produit au début de la décennie 2000 : c’est la naissance de grands groupes immobiliers, tant privés que publics. Du côté du privé : on assiste à la formation d’une manière quasi simultanée de grands Groupes Immobiliers comme Addoha, Chaâbi Liliskane, Alliances, Jamai, Berrada, Emaar, Fadesa, Marina d’Or, sans parler des groupes français et malaisiens. Du côté du public, le Ministère de l’Habitat procède à la fusion des sept ERAC, de l’ANHI, de la SNEC et d’Attacharouk dans le groupe Al Omrane. Favorisés par le soutien de l’Etat sous forme d’avantages fiscaux et surtout urbanistiques, liés à la dérogation, ces groupes vont se mettre à produire à une cadence sans précédent au Maroc : entre 2003 et 2010, des milliers d’hectares vont être ouverts à l’urbanisation et des certaines de milliers de logements vont être construits : des villas, des immeubles de luxe, des projets de Golfs, des stations balnéaires… C’est la période du grand boom immobilier. Plus les prix montent et plus l’appétit des groupes immobiliers se renforce et plus le secteur immobilier attire des investissements. L’Etat et les Groupes privés rivalisent dans le gigantisme : des méga projets concurrents sont lancés sans aucune étude préalable de marché. Tout le monde baignait dans un optimisme béat. En 2005, l’Etat lance la création aux portes de Casablanca, Marrakech, Rabat et Tanger de quatre villes nouvelles de plus de 5.000 hectares, pour près d’un million d’habitants. Les groupes privés répliquent en lançant des produits concurrents aux portes de ces villes (lotissement Firdaous de 600 hectares aux portes de Tamesna et celui de Chouitre de plus de 500 hectares aux portes de Tamansourt), pour tirer profit de l’arrivée des équipements d’infrastructures financés par l’Etat.
Lorsque la crise immobilière internationale se déclenche en 2008, le réveil sera douloureux. On assiste d’abord, au retrait des grands groupes étrangers qui ont senti le vent tourner (Emaar, Fadesa, General Contractor, le groupe indonésien Hidaya). Ensuite, l’immobilier de luxe est le premier à subir les effets de la crise, en particulier à Tanger et à Marrakech où les prix vont connaître une chute progressive et substantielle et où de nombreux projets de golf et de stations balnéaires sont soit gelés, soit abandonnés.
http://www.businessbourse.com/2015/09/20/maroc-le-secteur-de-limmobilier-senfonce-dans-la-crise/