Salamun aleykum.
La lecture superficielle du Saint-Coran chez certains, les conduit à concevoir le Livre Sacré comme un ouvrage de Droit. Pourtant, une lecture plus assidue montre que le Coran ne vise pas des règles ponctuelles rigoureuses, mais des sagesses. Cela conduit également certaines personnes étrangères aux études islamiques à ne pas voir le rapport entre le Coran et la Sunna.
Il est remarquable que le mot utilisé en arabe pour qualifier la sagesse est le même que celui qui définit le jugement : حكمة/حكم.
A. Le Coran cite pour cette raison le Coran distinctement de la حكمة, comme dans les versets suivants :
« Lui qui a envoyé au sein des illettrés un Messager des leurs pour leur réciter Ses Signes, les purifier, leur enseigner le Livre et la Sagesse (حكمة). » (Jumu'a, 2)
"Allah donne la sagesse (حكمة) à qui Il veut et quiconque reçoit la sagesse (حكمة) jouira d'un immense bonheur. Mais seuls les êtres intelligents sont enclins à méditer et à se recueillir." (Baqara, 269)
"Allah a très certainement fait une faveur aux croyants lorsqu’Il a envoyé chez eux un messager de parmi eux-mêmes, qui leur récite Ses versets, les purifie et leur enseigne le Livre et la Sagesse (حكمة), bien qu’ils fussent auparavant dans un égarement évident." (Al-i Imran, 164)
B. La sagesse est donc bien une chose distincte de l'écrit, du corpus rédigé du Saint-Coran :
Lorsque le Coran parle de jugement (en arabe حكم), il parle bien de la dimension sagesse et non pas de l'écrit. Ce point est vraiment central dans la bonne compréhension du Coran.
« Et si tu juges [suivant la sagesse] alors juge entre eux en équité. Car Allah aime ceux qui jugent équitablement.» (al Ma'ida, 42)
« وَإِنْ حَكَمْتَ فَاحْكُم بَيْنَهُمْ بِالْقِسْطِ إِنَّ اللّهَ يُحِبُّ الْمُقْسِطِينَ » (al Ma'ida, 42)
« Et ceux qui ne jugent (يحكم قضائيا) pas d'après ce qu'Allah a fait descendre, les voilà les mécréants. » (al Ma'ida, 44)
« Qu' y a- t- il de meilleur qu' Allah, en matière de jugement pour des gens qui ont une foi ferme? » (al Ma'ida, 50)
C. Exemples où le Messager (Paix sur lui) n'a pas appliqué la loi, mais la sagesse :
1. Bouraydah (R.A.) rapporte que Ma’iz ibn Malik al Aslami est venu voir le Prophète et lui dit : "Ô Messager d’Allah, j’ai péché, j’ai commis l’adultère et je veux me purifier" [purifier ici prend le sens de repentir]. Le Prophète le renvoya. Il revint un autre jour encore et dit à nouveau : "Ô Messager d’Allah, j’ai commis l’adultère", et le Prophète le renvoya une seconde fois, sans lui répondre...
2. Une femme, Ghamadi, s’approchant et dit : "Ô Messager d’Allah, j’ai commis le péché d’adultère, applique sur moi la loi." Le Prophète ne répondit pas, il la laissa repartir.
3. Ibn Abbas (R.A.), rapporte : le Messager (Paix sur lui) convoqua Wahchi Ibn Harb qui avait tué Hamza (R.A.) pour l'inviter à l'Islam. Wahchi envoya lui dire : "Ô Mouhammad ! Comment m'invites-tu alors que tu prétends que celui qui a tué, associé ou commis l'adultère trouvera un châtiment; la souffrance lui sera doublée le jour de la résurrection et il y sera éternel et humilié ? Et moi, j'ai commis tout cela. Me trouves-tu une exception ?" Allah révéla alors : {Sauf celui qui se repent, croit et accomplit une bonne oeuvre; ceux-là Allah changera leurs mauvaises actions en bonnes, et Dieu est pardonneur et miséricordieux} (25/70). Wahchi fit la remarque : "Ô Mouhammad ! C'est une condition très dure : {Sauf celui qui se repent, croit et accomplit une bonne action}. Il se peut que je ne puisse faire cela". Allah révéla alors : {Certes, Dieu ne pardonne pas qu'on lui donne quelqu'associé. ہ part cela, il pardonne à qui il veut} (4/48). Wahchi objecta encore : "Ô Mouhammad ! D'après ce que je vois, ceci dépend de la volonté de Dieu, et je ne sais pas s'il me pardonnera ou non. Y a-t-il autre chose ?" Allah révéla enfin : "Ô mes serviteurs qui avez commis des excès à votre propre détriment, ne désespérez pas de la miséricorde de Dieu, car Allah pardonne tous les péchés. Oui, c'est lui le pardonneur, le très miséricordieux} (39/53). Wahchi déclara : "Là, d'accord", et il embrassa l'islam. Des musulmans demandèrent : "Ô Messager ! Nous avons commis les mêmes choses que Wahchi ?". Il répondit : "Ce verset est pour tous les musulmans".
4. Selon une des clauses du traité de Hudaybiyya, voici ce qui a été accordé aux polythéistes : "Quiconque souhaitera rejoindre Muhammad dans son pacte et son alliance pourra le faire et quiconque souhaitera s’unir à Quraych dans son pacte et son alliance pourra le faire également ; tout agression contre la tribu qui se joindra à l’une ou à l’autre partie sera considérée comme visant cette dernière.. Si un membre de Quraych se réfugie chez Muhammad sans l’autorisation de son protecteur (Wali), il sera renvoyé à la Mecque, tandis que si un partisan de Muhammad revient à La Mecque (apostasie), il ne sera pas renvoyé à Médine."
* On voit que le Messager (Paix sur lui) ne s'empressait pas d'appliquer la loi, et cela prouve que le verset "celui qui ne juge pas d'après ce qu'Allah a révélé" ne concerne pas la forme, mais la sagesse révélée à travers les versets. Toute la Sunna consiste en la mise en pratique du Saint-Coran et de la sagesse prophétique.
Wallahu a'lam.