La question ne porte pas tellement sur la violence physique que l'état met en oeuvre afin de perdurer mais plutôt sur l'élaboration des structures idéologiques qui lui permettent de perdurer (l'école en premier lieu puis les médias).
Dans un état autoritaire, le consentement n'est pas nécessaire et n'est pas la priorité des gouvernants. Ceux-ci assument le caractère autoritaire de leur régime et l'arbitraire qui leur permet de diriger d'une main de fer un peuple tout entier. Il n'y a pas nécessairement la volonté de produire stratégiquement du consentement afin de faire adhérer les citoyens aux normes du pouvoir en place.
Voilà toute la différence avec un état démocratique (au sens de la démocratie actuelle). Dans nos états, la violence physique, bien qu'elle n'est pas moindre qu'autrefois, s'exerce sous différentes formes qui sont toute naturalisées, rendues légitimes aux yeux des gens la subissant.
Il y a là une violence symbolique (
http://www.barbier-rd.nom.fr/violencesymbolique.html) qui s'exerce à l'encontre des citoyens et qui crée en eux des habitus qui les font incorporer, intérioriser les dispositions qui permettront au pouvoir en place de voir son pouvoir devenir pérenne car accepté en tant que tel par les gens qui n'y verront alors aucune alternative et qui le penseront, également, nécessaire.
Ainsi, il y a là une volonté de présenter le pouvoir comme nécessaire et bon afin qu'il ne soit pas remis en cause.
Pour ce faire, l'état s'adjuge le monopole de la violence légitime et l'interdit aux autres et, par le biais de structures idéologiques, rend cette violence étatique normale aux yeux des citoyens.
Conclusion, la violence n'est pas moins présente qu'avant, elle s'exerce juste sous d'autres formes et avec le consentement des gens qui préfèrent épouser leur destin (aussi injustes, les normes qui viendront les sanctionner, soient-elles) plutôt que de s'élever face à celles-ci (amor fati)