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La France ne regardera pas passer le train Obama sans réagir! Mercredi, à l'école Polytechnique, Nicolas Sarkozy consacrera un discours à la diversité. Le sujet n'a pas été choisi au hasard pour relancer le Président dans les débats français. Le lieu aussi est symbolique: l'X est un sanctuaire de l'excellence française, mais ses recrues sont de moins en moins diverses.
Dans les années 1950, elle accueillait 30% d'élèves d'origine modeste, aujourd'hui moins de 10%. Sur le campus de Palaiseau, le Président va demander au gouvernement de s'engager. Nicolas Sarkozy n'exclut pas de légiférer sur la diversité, mais il s'en remet d'abord au volontarisme. Dans un premier temps, l'Etat doit donner l'exemple d'une "volonté républicaine" forte dans la fonction publique, dans les grandes administrations centrales, dans les collectivités locales, à la télévision, dans l'Education nationale...
Partout où cela est possible, lorsque le vivier de candidats existe, Nicolas Sarkozy veut des nominations. Il s'agit de changer de dimension, après des premières tentatives de "discrimination positive". En 2004, lorsqu'il était au ministère de l'Intérieur, Sarkozy avait nommé et revendiqué le choix d'un "préfet musulman", contre l'avis de Jacques Chirac et de Dominique de Villepin... En 2007, il avait donné un portefeuille régalien à Rachida Dati, et fait de Fadela Amara et de Rama Yade des secrétaires d'Etat. Mais aujourd'hui, l'"action positive" doit être accélérée. Dans un second temps, le Président veut que la France se dote d'outils pour rendre effective l'égalité des chances. Il a mobilisé le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, et son ancienne directrice de cabinet Emmanuelle Mignon. Tous deux avaient déjà planché sur la discrimination positive à l'Intérieur. Mobilisé également, le conseiller spécial Henri Guaino a travaillé sur le volet social, et prépare le discours de mercredi.
Déçu par le rapport de Simone Veil
L'objectif est de trouver des formules du type de celles mises en place par Sciences po Paris - qui réserve depuis plusieurs années des places aux jeunes de banlieues - pour donner aux élèves des quartiers difficiles un accès aux bonnes filières. "Aujourd'hui, trop de jeunes des quartiers sont orientés sur des formations courtes, même lorsqu'ils ont du potentiel, explique-t-on à l'Elysée. C'est aussi pour cela qu'on a du mal à organiser la diversité dans les recrutements." Toutes les pistes sont ouvertes: développer les classes préparatoires dans les banlieues, ou multiplier les "internats de la réussite". Ces internats, expérimentés par Nicolas Sarkozy lui-même dans les Hauts-de-Seine, étaient déjà au coeur du plan Banlieue de Fadela Amara. A Polytechnique, le Président fera aussi une piqûre de rappel à l'administration.
Le discours de l'X, mercredi, interviendra quelques heures seulement après la remise à Nicolas Sarkozy du rapport de Simone Veil sur la Constitution. Le 8 janvier dernier, le Président lui avait confié la mission de réfléchir à une éventuelle modification du préambule de la Constitution afin d'"assurer le respect de la diversité" et de "rendre possibles de véritables politiques d'intégration". En novembre, après l'élection de Barack Obama, il avait demandé à Simone Veil de vite lui remettre ses préconisations. Mais les conclusions de l'ancienne ministre de la Santé sont très éloignées de ce que Nicolas Sarkozy espérait. Avec son groupe de travail, elle refuse de toucher à la Constitution, se montre très réservée sur l'usage des statistiques ethniques pour mesurer la diversité, et peu favorable à une politique de discrimination positive.
En réagissant immédiatement, Nicolas Sarkozy veut étouffer dans l'oeuf toute polémique. "Il n'y a pas besoin d'outils de mesure pour voir que l'intégration ne fonctionne pas, il suffit de regarder autour de nous", commente-ton dans son entourage. En abordant la question de la diversité sous son aspect social et géographique, le Président contourne l'écueil de la discrimination positive fondée sur des critères ethniques. "Il faut promouvoir Rachida et Fadela mais il ne faut pas oublier Eric, fils d'ouvrier au chômage", se plaît à répéter le chef de l'Etat. C'est la méritocratie avec un coup de pouce supplémentaire pour ceux qui ont moins de chances que les autres au départ. Une discrimination positive à la française.
Les images venues de Grèce inquiètent
A l'origine, la séquence "diversité" était prévue fin janvier. Le Président a décidé d'accélérer la semaine dernière, provoquant une réunion de travail à l'Elysée mercredi. La crise va frapper durement les banlieues et les zones rurales. Le plan Espoir Banlieue de Fadela Amara avance difficilement, les lycéens grognent, les plans sociaux s'accumulent... Claude Guéant et Nicolas Sarkozy ont connu et géré depuis la place Beauvau les émeutes urbaines de 2005. Ils savent mieux que quiconque que le terrain est propice à ce type d'explosion sociale. Les images venues de Grèce ne sont pas faites pour les rassurer. Les deux principales ambassadrices de la diversité sont dans une passe difficile. Il a tancé Rachida Dati et plus récemment Rama Yade, à tel point que les autres ministres parient sur leur éviction du gouvernement. Nicolas Sarkozy veut également donner des gages de son action politique avant le 20 janvier, date de l'installation de Barack Obama à la Maison-Blanche.
Quatre jours après, l'UMP devrait d'ailleurs donner l'exemple d'un parti "aux couleurs de la France", avec des postes pour des Français d'origine africaine, maghrébine ou asiatique ainsi que des engagements pour la composition des futures listes électorales. Xavier Bertrand, le nouveau secrétaire général, est plus sensible au sujet que son prédécesseur Patrick Devedjian. Brice Hortefeux, le futur ministre des Affaires sociales, pourrait également s'inscrire dans cette politique. Il pourrait se voir rattacher un secrétaire d'Etat en charge de l'Egalité des chances issu de la diversité. Mais l'offensive présidentielle sur la diversité ne fait pas l'unanimité. "C'est quand même un peu hasardeux de s'occuper des minorités au moment où la majorité va mal",
Dans les années 1950, elle accueillait 30% d'élèves d'origine modeste, aujourd'hui moins de 10%. Sur le campus de Palaiseau, le Président va demander au gouvernement de s'engager. Nicolas Sarkozy n'exclut pas de légiférer sur la diversité, mais il s'en remet d'abord au volontarisme. Dans un premier temps, l'Etat doit donner l'exemple d'une "volonté républicaine" forte dans la fonction publique, dans les grandes administrations centrales, dans les collectivités locales, à la télévision, dans l'Education nationale...
Partout où cela est possible, lorsque le vivier de candidats existe, Nicolas Sarkozy veut des nominations. Il s'agit de changer de dimension, après des premières tentatives de "discrimination positive". En 2004, lorsqu'il était au ministère de l'Intérieur, Sarkozy avait nommé et revendiqué le choix d'un "préfet musulman", contre l'avis de Jacques Chirac et de Dominique de Villepin... En 2007, il avait donné un portefeuille régalien à Rachida Dati, et fait de Fadela Amara et de Rama Yade des secrétaires d'Etat. Mais aujourd'hui, l'"action positive" doit être accélérée. Dans un second temps, le Président veut que la France se dote d'outils pour rendre effective l'égalité des chances. Il a mobilisé le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, et son ancienne directrice de cabinet Emmanuelle Mignon. Tous deux avaient déjà planché sur la discrimination positive à l'Intérieur. Mobilisé également, le conseiller spécial Henri Guaino a travaillé sur le volet social, et prépare le discours de mercredi.
Déçu par le rapport de Simone Veil
L'objectif est de trouver des formules du type de celles mises en place par Sciences po Paris - qui réserve depuis plusieurs années des places aux jeunes de banlieues - pour donner aux élèves des quartiers difficiles un accès aux bonnes filières. "Aujourd'hui, trop de jeunes des quartiers sont orientés sur des formations courtes, même lorsqu'ils ont du potentiel, explique-t-on à l'Elysée. C'est aussi pour cela qu'on a du mal à organiser la diversité dans les recrutements." Toutes les pistes sont ouvertes: développer les classes préparatoires dans les banlieues, ou multiplier les "internats de la réussite". Ces internats, expérimentés par Nicolas Sarkozy lui-même dans les Hauts-de-Seine, étaient déjà au coeur du plan Banlieue de Fadela Amara. A Polytechnique, le Président fera aussi une piqûre de rappel à l'administration.
Le discours de l'X, mercredi, interviendra quelques heures seulement après la remise à Nicolas Sarkozy du rapport de Simone Veil sur la Constitution. Le 8 janvier dernier, le Président lui avait confié la mission de réfléchir à une éventuelle modification du préambule de la Constitution afin d'"assurer le respect de la diversité" et de "rendre possibles de véritables politiques d'intégration". En novembre, après l'élection de Barack Obama, il avait demandé à Simone Veil de vite lui remettre ses préconisations. Mais les conclusions de l'ancienne ministre de la Santé sont très éloignées de ce que Nicolas Sarkozy espérait. Avec son groupe de travail, elle refuse de toucher à la Constitution, se montre très réservée sur l'usage des statistiques ethniques pour mesurer la diversité, et peu favorable à une politique de discrimination positive.
En réagissant immédiatement, Nicolas Sarkozy veut étouffer dans l'oeuf toute polémique. "Il n'y a pas besoin d'outils de mesure pour voir que l'intégration ne fonctionne pas, il suffit de regarder autour de nous", commente-ton dans son entourage. En abordant la question de la diversité sous son aspect social et géographique, le Président contourne l'écueil de la discrimination positive fondée sur des critères ethniques. "Il faut promouvoir Rachida et Fadela mais il ne faut pas oublier Eric, fils d'ouvrier au chômage", se plaît à répéter le chef de l'Etat. C'est la méritocratie avec un coup de pouce supplémentaire pour ceux qui ont moins de chances que les autres au départ. Une discrimination positive à la française.
Les images venues de Grèce inquiètent
A l'origine, la séquence "diversité" était prévue fin janvier. Le Président a décidé d'accélérer la semaine dernière, provoquant une réunion de travail à l'Elysée mercredi. La crise va frapper durement les banlieues et les zones rurales. Le plan Espoir Banlieue de Fadela Amara avance difficilement, les lycéens grognent, les plans sociaux s'accumulent... Claude Guéant et Nicolas Sarkozy ont connu et géré depuis la place Beauvau les émeutes urbaines de 2005. Ils savent mieux que quiconque que le terrain est propice à ce type d'explosion sociale. Les images venues de Grèce ne sont pas faites pour les rassurer. Les deux principales ambassadrices de la diversité sont dans une passe difficile. Il a tancé Rachida Dati et plus récemment Rama Yade, à tel point que les autres ministres parient sur leur éviction du gouvernement. Nicolas Sarkozy veut également donner des gages de son action politique avant le 20 janvier, date de l'installation de Barack Obama à la Maison-Blanche.
Quatre jours après, l'UMP devrait d'ailleurs donner l'exemple d'un parti "aux couleurs de la France", avec des postes pour des Français d'origine africaine, maghrébine ou asiatique ainsi que des engagements pour la composition des futures listes électorales. Xavier Bertrand, le nouveau secrétaire général, est plus sensible au sujet que son prédécesseur Patrick Devedjian. Brice Hortefeux, le futur ministre des Affaires sociales, pourrait également s'inscrire dans cette politique. Il pourrait se voir rattacher un secrétaire d'Etat en charge de l'Egalité des chances issu de la diversité. Mais l'offensive présidentielle sur la diversité ne fait pas l'unanimité. "C'est quand même un peu hasardeux de s'occuper des minorités au moment où la majorité va mal",