Un homme noir se noie sous les rires des passants à venise

Le fascisme latent en Europe est une réalité,

Ce comportement inhumain et ignoble montre quel point les européens ont la mémoire courte. L'Europe n'est pas à l'abris des conflits et des guerres
 
Le « migrant », le « réfugié », ou « l’Africain » avait un prénom, Pateh, et un nom de famille, Sabally. C’est-à-dire une généalogie. Il était né en Gambie et il est mort en Italie, le 21 janvier, dans les eaux glacées du Grand Canal de Venise.
Il n’est pas mort seul. Il est mort sous les yeux de dizaines de touristes, des étrangers et des Italiens à qui a été offert ce dernier spectacle chargé d’émotions, avant l’issue de leur voyage organisé.

La mort de Pateh est à lui. Elle lui appartient définitivement, autant que les motivations symboliques et politiques derrière sa volonté de se suicider. Mais elle est également notre propre mort, nous interroge sur ce que nous devenons. La perte tragique de ce jeune homme annonce en filigrane la dérive xénophobe et raciste du peuple italicus. Ni le paternalisme complaisant, ni la bonne conscience ne peuvent désormais sauver Pateh du triomphe du cynisme et de l’individualisme consumériste.

Indifférence sidérante
Dans l’indifférence sidérante de certains spectateurs et parmi les insultes et les cris amusés des autres, ces eaux ont ôté la vie jeune et précieuse de Pateh. Mais en réagissant ainsi, ils ont fait resurgir un monstre de notre société que nous continuons à ne pas vouloir ni voir, ni combattre : le racisme.

image: http://s2.lemde.fr/image/2017/02/10...erges-du_9693eddb3ea18d38712f9455853fdde5.jpg


Stephano, jeune bushinengué sur les berges du fleuve Maroni, village de Belicampo, Guyane, 2014. CRÉDITS : NICOLA LO CALZO / L'AGENCE À PARIS
Le mythe républicain des Italiens « brava gente » (braves gens) semble bien plus puissant aux yeux de l’opinion italienne que l’amer constat de cet homicide par non-assistance ou indifférence, sans même évoquer l’ignominie des cris et plaisanteries racistes qui ont accompagné la noyade de Pateh Sabally. A la question posée « S’il avait été italien, aurait-il été sauvé ? », la réponse ne fait guère de doute, hélas.

Lire aussi : « Les dirigeants africains ont leur responsabilité dans la mort de Pateh Sabally »

La vérité est qu’en Italie la vie d’un Noir – et d’autant plus s’il est migrant – n’a pas beaucoup de valeur, sinon une valeur marchande. Il ne vaut rien pour l’Italien moyen, trop occupé par la jouissance des sites touristiques de la lagune pour s’intéresser à l’histoire coloniale de son pays, à l’esclavage italien des Africains, au racisme idéologique sur lequel reposent ses propres certitudes et enfin à la vie d’un Noir en train de mourir sous ses yeux.

Le Noir n’a pas de valeur pour certains médias italiens, publics et privés, dans d’autres occasions avides des faits divers. Il a été décidé, semble-t-il, à la quasi-unanimité, de ne pas informer sur ce crime à motivation raciale, préférant dissimuler l’affaire et s’occuper d’autres victimes « plus importantes ». Cet événement aurait pu être l’occasion de dénoncer le racisme italien. Mais non. Le débat a eu lieu hors de la péninsule. Et même les nombreux articles étrangers n’ont pas suffi à mobiliser l’opinion publique italienne autour du drame dérangeant du jeune Gambien.

Une humanité naufragée
La peur de le transformer en martyr noir du racisme made in Italy est peut-être plus important que la liberté de la presse et de l’information dans le Bel Paese (beau pays). Etre un homme italien, blanc, catholique, hétérosexuel sont en effet les conditions sine qua non pour être consacré en héros par l’opinion publique et par les médias italiens.

L’histoire de Pateh me fait amèrement penser à l’histoire d’un autre migrant, Saint Benoît le Maure, né à Messine d’esclaves africains au XVIe siècle. A sa mort, le culte du saint noir sicilien avait déjà traversé les océans, pour devenir une icône planétaire, le protecteur des afro-descendants.

Lire aussi : A Venise, des fleurs pour un réfugié mort dans le Grand Canal sous les lazzis des passants

A la chimère du « migrant », du « réfugié », de « l’Africain », termes que nous nous obstinons aujourd’hui à utiliser pour déshumaniser des hommes et des femmes qui ont une vie bien au-delà de nos fantasmes, les Siciliens de l’époque opposèrent l’humanitas (l’humanité) de Benoît, en voyant en lui un héros, un surhomme, et n’hésitèrent pas à le désigner saint patron de Palerme.

Un jour peut-être, nous, les Italiens de la Deuxième République, retrouveront cette humanitas naufragée à Venise. Mais pour ce faire, nous devons d’abord admettre que le racisme fait partie de l’histoire nationale italienne. Il est présent et il tue.

Nicola Lo Calzo, photographe
 

Tancredi

Moramora
VIB
si en tant qu'italien tu ne sais pas ce qu'est un tchîtcho c'est que tu n'es pas italien
Je peux te confirmer, en tant que italien, ce mot n'est pas italien ; ou alors c'est mal orthographié ! je connais "ciccio", mot qui peut avoir plusieurs significations ex : ciccio bello, "il ciccio", la cicciolina, etc
 
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Tancredi

Moramora
VIB
Le « migrant », le « réfugié », ou « l’Africain » avait un prénom, Pateh, et un nom de famille, Sabally. C’est-à-dire une généalogie. Il était né en Gambie et il est mort en Italie, le 21 janvier, dans les eaux glacées du Grand Canal de Venise.
Il n’est pas mort seul. Il est mort sous les yeux de dizaines de touristes, des étrangers et des Italiens à qui a été offert ce dernier spectacle chargé d’émotions, avant l’issue de leur voyage organisé.

La mort de Pateh est à lui. Elle lui appartient définitivement, autant que les motivations symboliques et politiques derrière sa volonté de se suicider. Mais elle est également notre propre mort, nous interroge sur ce que nous devenons. La perte tragique de ce jeune homme annonce en filigrane la dérive xénophobe et raciste du peuple italicus. Ni le paternalisme complaisant, ni la bonne conscience ne peuvent désormais sauver Pateh du triomphe du cynisme et de l’individualisme consumériste.

Indifférence sidérante
Dans l’indifférence sidérante de certains spectateurs et parmi les insultes et les cris amusés des autres, ces eaux ont ôté la vie jeune et précieuse de Pateh. Mais en réagissant ainsi, ils ont fait resurgir un monstre de notre société que nous continuons à ne pas vouloir ni voir, ni combattre : le racisme.

image: http://s2.lemde.fr/image/2017/02/10...erges-du_9693eddb3ea18d38712f9455853fdde5.jpg


Stephano, jeune bushinengué sur les berges du fleuve Maroni, village de Belicampo, Guyane, 2014. CRÉDITS : NICOLA LO CALZO / L'AGENCE À PARIS
Le mythe républicain des Italiens « brava gente » (braves gens) semble bien plus puissant aux yeux de l’opinion italienne que l’amer constat de cet homicide par non-assistance ou indifférence, sans même évoquer l’ignominie des cris et plaisanteries racistes qui ont accompagné la noyade de Pateh Sabally. A la question posée « S’il avait été italien, aurait-il été sauvé ? », la réponse ne fait guère de doute, hélas.

Lire aussi : « Les dirigeants africains ont leur responsabilité dans la mort de Pateh Sabally »

La vérité est qu’en Italie la vie d’un Noir – et d’autant plus s’il est migrant – n’a pas beaucoup de valeur, sinon une valeur marchande. Il ne vaut rien pour l’Italien moyen, trop occupé par la jouissance des sites touristiques de la lagune pour s’intéresser à l’histoire coloniale de son pays, à l’esclavage italien des Africains, au racisme idéologique sur lequel reposent ses propres certitudes et enfin à la vie d’un Noir en train de mourir sous ses yeux.

Le Noir n’a pas de valeur pour certains médias italiens, publics et privés, dans d’autres occasions avides des faits divers. Il a été décidé, semble-t-il, à la quasi-unanimité, de ne pas informer sur ce crime à motivation raciale, préférant dissimuler l’affaire et s’occuper d’autres victimes « plus importantes ». Cet événement aurait pu être l’occasion de dénoncer le racisme italien. Mais non. Le débat a eu lieu hors de la péninsule. Et même les nombreux articles étrangers n’ont pas suffi à mobiliser l’opinion publique italienne autour du drame dérangeant du jeune Gambien.

Une humanité naufragée
La peur de le transformer en martyr noir du racisme made in Italy est peut-être plus important que la liberté de la presse et de l’information dans le Bel Paese (beau pays). Etre un homme italien, blanc, catholique, hétérosexuel sont en effet les conditions sine qua non pour être consacré en héros par l’opinion publique et par les médias italiens.

L’histoire de Pateh me fait amèrement penser à l’histoire d’un autre migrant, Saint Benoît le Maure, né à Messine d’esclaves africains au XVIe siècle. A sa mort, le culte du saint noir sicilien avait déjà traversé les océans, pour devenir une icône planétaire, le protecteur des afro-descendants.

Lire aussi : A Venise, des fleurs pour un réfugié mort dans le Grand Canal sous les lazzis des passants

A la chimère du « migrant », du « réfugié », de « l’Africain », termes que nous nous obstinons aujourd’hui à utiliser pour déshumaniser des hommes et des femmes qui ont une vie bien au-delà de nos fantasmes, les Siciliens de l’époque opposèrent l’humanitas (l’humanité) de Benoît, en voyant en lui un héros, un surhomme, et n’hésitèrent pas à le désigner saint patron de Palerme.

Un jour peut-être, nous, les Italiens de la Deuxième République, retrouveront cette humanitas naufragée à Venise. Mais pour ce faire, nous devons d’abord admettre que le racisme fait partie de l’histoire nationale italienne. Il est présent et il tue.

Nicola Lo Calzo, photographe
Un tissu de n'importe quoi, de lieux communs, de jugements hâtifs qui peut-être fait vendre, mais qui ne correspond pas à réalité ; si tu veux connaitre ma position sur l'affaire tu n'as qu'a relire les messages du topic !

Ciao, ciccio bello !
 
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