Cette mesure me choque pas plus que ça, je serais même tenté de lui trouver des bons côtés.
Mais si on analyse un peu les choses, on peut trouver plusieurs problèmes (pas vraiment insurmontables) :
Les produits halal sont essentiellement consommés par des musulmans. Donc ce serait eux qui supporteraient majoritairement la taxe. Mais est-ce que tous ces "consommateurs" fréquentent des mosquées? Du moins suffisamment pour se sentir concernés par la nécessité d'en financer?
Pas sûr. Mais admettons que ce soit le cas. Ils accepteraient, je pense, de payer un peu plus cher leur caddie pour la "bonne cause" (même les plus modestes).
Après l'accord sur le principe de la taxe, le problème de sa mise en œuvre. Par qui? Comment?
Si c'est l'Etat qui s'en charge, on soulèvera peut-être de façon pertinente (pour la 1e fois depuis des plombes) la question de la laïcité. L’État français met en œuvre des moyens humains et matériels au service d'une religion en particulier. Ça risque de coincer juridiquement à ce niveau. Sauf à établir une situation particulière (et un bien commun) qui justifie une dérogation à l'obligation de neutralité : bien-être d'une partie de la population, prévention des "dérives radicales" etc.
Mais l'Etat pourrait aussi confier le travail au privé pour ne pas se mouiller (collecte organisation des financements).
Là, on serait face au problème du bon fonctionnement de la machine (contrôle, transparence, etc.). Comment s'assurer, hors toute intervention de l'Etat, que la "manne" sera gérée au mieux des intérêts des fidèles?
Sur la question religieuse d'une taxe rendue en pratique obligatoire pour la majorité des musulmans, c'est aux juristes et théologiens de répondre. Ok, cette taxe n'a pas de fondement "direct". Mais si on tient compte : 1) des bienfaits qu'elle est susceptible d'apporter, réalisant d'autres buts de la loi islamique ou de son esprit, 2) la galère que rencontrent les fidèles dans certaines régions pour construire leurs mosquées, 3) la modicité de l'effort de chacun, à la fois gratifiante ici bas et dans l'au-delà, ça ne me paraît pas inconcevable "juridiquement" - mais je ne m'y connais pas en la matière donc je passe.
C'est là que le manque d'instances réellement représentatives des musulman se fait sentir. Organiser une consultation nationale (ça me rappelle quelque chose...
) sur la question pour voir si la mesure emporte la conviction des fidèles et, si c'est le cas, évacuer le problème de son caractère obligatoire (zakat "infondée") car elle aura été réputée consentie (sadaqa).