Qui parle de manière aussi injurieuse à un responsable de la rédaction pour laquelle il collabore ? Informé de ces propos inacceptables, j’ai demandé à Paul Elek de présenter ses excuses. Il a catégoriquement refusé. Et
le directoire du Média a pris son parti, sans avoir entendu la victime et en lui trouvant les excuses les plus loufoques, au nom d’un “engagement hebdomadaire” prétendument intouchable — alors qu’il ne s’agit en réalité que d’un intervenant payé en droits d’auteur, sans contrat chronique dédié.
Résultat : Fabrice a été forcé de co-animer une émission avec son agresseur, sans qu’aucune excuse ne lui ait été présentée.
Quand Fabrice a signalé ces faits au directoire, et a naturellement refusé de s’en tenir au verdict d’un directoire qui avait donné raison à Paul Elek, il s’est entendu dire qu’
il n’y avait pas de budget pour une médiation indépendante. Puis son
CDD s’est terminé dans l’indifférence. Non seulement son CDD n’a pas été requalifié en CDI, en dépit de ma demande, de l’évidence du droit, du fait que sa carte de séjour doit être renouvelée dès octobre, que l’ancien directoire m’avait garanti que son CDD serait transformé en CDI. Et en dépit d’une pétition signée par près de 25 travailleurs du Média. Paul Elek, lui, est resté. Il soutient les membres du directoire et de l’intersyndicale. Il ressemble aux membres de l’intersyndicale et du directoire. Cela vaut impunité.
Ce n’est pas un incident : c’est un système
Ce n’est pas un simple conflit interpersonnel. C’est
l’expression brutale d’un système clanique, où la proximité avec le pouvoir en place garantit l’impunité. Dans un tel système,
les journalistes Noirs — il y en avait trois dans la rédaction — sont jugés “proches de Théophile” par essence, écartés de toutes les discussions stratégiques,
jamais intégrés au projet de campagne du nouveau directoire, ni invités à la “co-construction” mise en scène sur les réseaux sociaux. À croire que notre simple présence est politique, clivante, suspecte.
Oui, je parle de
négrophobie intériorisée. Car dans combien de médias français un chef de service noir pourrait-il être
publiquement insulté par un collaborateur blanc,
sans sanction, sans même
le minimum d’une excuse, et être ensuite
écarté dans un silence glacial ? Qui peut croire qu’un tel traitement aurait été réservé à un cadre blanc ?
Le rôle trouble de l’intersyndicale
Ce climat est alimenté, légitimé même, par une
intersyndicale qui se présente comme garante d’un cadre “démocratique” — mais qui, en réalité,
soutient sans nuance une motion de défiance portée par le noyau dur du clan vainqueur des élections, et dénigre toute parole dissonante comme une tentative d’intimidation. Qui ose parler au nom “des racisé·e·s, précaires, jeunes et LGBT” pour
justifier l’effacement ciblé d’un journaliste noir étranger, alors que
ce même journaliste est celui qui a été insulté et non défendu ? SI Fabrice Wuimo ne symbolise pas le précariat en France, au-delà du Média ?
Quelle ironie. Cette
même intersyndicale qui m’accuse de vouloir “incarner seul l’histoire du Média” accepte sans sourciller qu’un chroniqueur proche du pouvoir insulte un chef de service noir —
sans jamais rappeler à l’ordre celui qui parle, seulement celui qui dénonce.